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L'insurrection de Boko Haram au Nigéria

Analyse sectorielle : L'insurrection de Boko Haram au Nigéria. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Novembre 2017  •  Analyse sectorielle  •  2 443 Mots (10 Pages)  •  708 Vues

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Boko Haram a vu le jour vers la fin des années 1990 à Maiduguri au Nigéria dans la région excentrée du Borno, à la frontière du Niger, du Tchad et du Cameroun. Le Nigéria connaît depuis longtemps des tensions, surtout religieuses. En effet, vers les années 1980 le pays connaît des mouvements de type salafi qui prônent le retour à la religion des ancêtres. Ensuite il y a eu l’insurrection Maitatsine et finalement il y a eu les islamistes modernes. Ce sont les chiites qui vont inspirer la création d’une secte par Mohammed Yusuf, prédicateur islamiste nigérien. Ce dernier condamne la démocratie, le sécularisme, le judaïsme, le christianisme et l’éducation occidentale. Boko Haram au départ n’était qu’une secte islamiste dénonçant l’éducation occidentale, de là lui vient son nom traduit de la langue Haoussa « l’éducation occidentale est un péché ». Elle fut créée devant la maison de Yusuf et on y retrouvait un gouvernement, une branche militaire, des ministères et une ferme. De nombreuses personnes du Tchad et du Niger prêtèrent allégeance à cette secte. Dix ans plus tard, Boko Haram est devenu un mouvement terroriste capable de défier l’État fédéral nigérien. Que s’est-il passé durant ses dix longues années pour en arriver à ce point ? Présentement, ce mouvement présente un danger pour le Nigéria, ses voisins et voir même l’Afrique au complet. Ce texte analysera les différentes composantes liées à l’insurrection de Boko Haram au Nigéria.

Avant toute chose, il faut comprendre que Boko Haram est une révolte sociale avant religieuse. En effet, il existe de grandes inégalités entre le Nord et le Sud du pays. Le Sud connaît une aisance économique tandis que les disparités au Nord sont importantes. Il y eut donc des facteurs politiques internes, sociaux et religieux qui donnèrent naissance à une rébellion. Pour ajouter à cette affirmation, la religion a été fortement utilisée pour dissimuler les problèmes socio-économiques. Suite à la fin de la dictature militaire en 1999, Boko Haram souhaite instaurer une stricte application de la charia dans le Borno, au nord-est du Nigéria.  Avant la répression de Maiduguri en 2009, les militants de Boko Haram opéraient seulement dans le Nord Sahélien et ne s’attaquent pas aux minorités chrétiennes. Ils s’en prennent aux « institutions gouvernementales, aux représentants de l’État et aux mauvais musulmans ». (Pérouse de Montclos, 2012)[1] L’image de Boko Haram changera grandement en 2009, suite à la mort de son leader Yusuf. Son successeur, Abubakar Shekau, possédait une mentalité différente et un peu plus violente. À partir de 2010, le mouvement se rattache à un discours djihadiste et salafiste international qui dénonce les massacres de musulmans commis par les chrétiens au Nigéria.

De plus, Boko Haram est un révélateur de politique. En effet, il révèle les problèmes « d’une nation inachevée et révèle les intrigues d’un pouvoir mal gouverné. » (Pérouse de Montclos, 2012) Les pratiques peu courantes du gouvernement Nigérien, aussi appelées « democrazy et godfatherism », servent à éliminer les opposants locaux lors des élections. (Pérouse de Montclos, 2012) Boko Haram s’oppose à cette corruption, car il caractérise les hommes politiques à des infidèles à la religion. Le mouvement se donne comme mission d’ériger un État islamique où un islam authentique sera pratiqué. En 2000, plusieurs politiciens du Nigéria ont opté en faveur de l’instauration d’une charia plus stricte. Onze états du Nord ont appliqué la charia, les promesses de l’État et de ses politiciens n’ont pas été tenus et rien n’a changé. Cette adoption n’était qu’en fait qu’un moyen de « consolider des gains politiques » pour les politiciens qui étaient en faveur du projet, car ceux-ci savaient qu’ils allaient obtenir des voix au sein d’une « population désirante de réformes ». (France Pitroipa, 2015)[2] « Le niveau de corruption est resté le même, les conditions de vie de la population n’ont pas été améliorées » et « les réformes n’ont été bénéfiques que pour l’élite locale ». (France Pitroipa, 2015) Ceci ne fit que multiplié la colère de Boko Haram face à l’État fédéral et aux politiciens du Nord.

Suite à la mort de leur fondateur en 2009, Boko Haram porte des attaques à l’extérieur de Borno. Les églises, les écoles et les autres endroits publics sont les cibles d’attaques préférés de Boko Haram. Depuis 2009, les attentats se multiplient et les conséquences se font de plus en plus ressentir. En décembre 2011 et en mai 2013 l’état d’urgence est déclarée dans certaines États et l’armée bombarde les villages susceptibles de contenir des membres de Boko Haram. « Dans les trois premiers mois de l’année 2015, on dénombre des milliers de civils tués par Boko Haram. » (Internal Displacement Monitoring Centre, 2015)[3] En termes de contre-attaque, ceux-ci organisent des attentats dans des endroits stratégiques, pour la première fois depuis sa radicalisation, Boko Haram fait preuve d’organisation et de stratégie. Le groupe militaire se sert principalement de motos comme moyen de transport lors des saisons sèches et lorsque la boue s’installe, ils troquent motos pour chevaux. Ces moyens de transport leur permettent d’attaquer rapidement et de prendre la fuite aussi vite qu’arrivé. L’utilisation d’explosifs est également très fréquente et on les détonne généralement dans les endroits publics ou il y a abondance de civils.

On observe également des enlèvements, des pillages de villages et des attentats-suicides. Le recrutement d’enfants-soldats est aussi utilisé pour renforcir leurs rangs. En avril 2014, le groupe a porté un coup fort en enlevant 237 lycéennes âgés entre 12 et 17 ans. La plupart de ces jeunes filles sont chrétiennes. À ce jour, environ 53 d’entre elles se sont échappées. Le reste est soit mort ou utilisé pour l’esclavage et la prostitution.

Face à ce mouvement insurrectionnel naissant, la politique sécuritaire du gouvernement a consisté en l’adoption et la mise en œuvre de mesures visant à réduire les capacités opérationnelles de Boko Haram.« Ces mesures incluaient, entre autres l’arrestation et la poursuite en justice des membres de Boko Haram naissant; la mobilisation de forces spéciales de sécurité́ dans les localités affectées par la violence; la fermeture temporaire des frontières au Nord du Nigeria, l’expulsion d’immigrants illégaux soupçonnés de grossir les rangs de Boko Haram, le renforcement des capacités des forces de sécurité́ en matière de lutte contre le terrorisme et de contre- insurrection, l’acquisition et l’installation de matériels de surveillance, l’acquisition et le mise en circulation de véhicules de patrouilles militaires équipes pour la détection d’explosifs caches, etc. ». (France Pitroipa, 2015) De plus, des partenariats ont été signés avec l’Organisation des Nations Unies, l’Union Européenne et l’Organisation de l’Avion Civile Internationale. Le Nigéria s’est également allié avec les États-Unis, la France, la Corée du Sud et l’Israël pour limiter Boko Haram dans ses actions et l’empêcher de se lier avec des organisations terroristes internationales. Ce ne sera pas suffisant pour stopper ce groupe militaire armé, car le gouvernement adoptera la première loi antiterroriste du pays adoptée en 2011 et amendée en 2013. Cette loi entraînera également plusieurs campagnes militaires réussies. Cependant, l’omniprésence des actions injustifiées des forces nigérianes pour contrer Boko Haram s’est retourné contre eux. En effet, « des arrestations inexpliquées, des fusillades de suspects en public et des fouilles intempestives décrédibilisent les forces nigérianes aux yeux de la population et celle-ci devient alors de moins en moins coopérative lorsque vient le temps de dénoncer Boko Haram ». (France Pitroipa, 2015) Le mouvement islamique est donc en quelque sorte vainqueur dans cette situation, car il continue ses multiples attaques tout en démontrant l’inefficacité des services de sécurité grâce aux violations des droits de la personne et des excès de force commis par l’État.

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