Fiche de lecture Le temps des élites. Ouverture politique et fermeture sociale à l’assemblée nationale en 2017
Fiche de lecture : Fiche de lecture Le temps des élites. Ouverture politique et fermeture sociale à l’assemblée nationale en 2017. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Andrea Oliveira • 11 Avril 2021 • Fiche de lecture • 1 288 Mots (6 Pages) • 622 Vues
Le document étudié est un article, écrit par les sociologues Julien Boelaert, Stéphane Michon et Etienne Ollion, issu du volume 68 de la « Revue française de science politique » paru en 2018 au Presses de Sciences Po et titré « Le temps des élites. Ouverture politique et fermeture sociale à l’assemblée nationale en 2017 ».
Au travers de ce texte sur les élus de l’assemblée nationale, de 2017 notamment, les auteurs se demandent comment les individus accèdent-ils à la députation et dans quelle mesure cela a été modifié par l’avènement d’En Marche.
L’Assemblée Nationale n’est pas représentative de la société française, et c’est « une évidence de longue date ». Mais il y a quand même eu du changement, la composition de la classe supérieure est davantage issue du privé que du public suite à la critique forte de l’uniformisation du champ politique par LREM en 2017. En effet nombreux étaient les élus passé par des positions « d’auxiliaires politiques », ils étaient 14% en 1978 et 33% en 2012, couplé à « l’allongement du temps passé en politique », qui passe de 12,1 en 1978 à 18,5 ans en 2012. LREM a voulu faire rupture, le nombre de primo-députés a augmenté et le temps passé en politique des élus est plus bas que pour les élections précédentes. Les élus LREM avec LFI ont passé environ 5 ans dans la politique avant l’élection tandis que les élus LR et la Nouvelle Gauche en ont passé 20 ans. Ainsi, le pourcentage de nouveaux de députés (72%) et la volonté de valorisation de leur expérience « en dehors du champ politique », rapproche l’AN de 2017 de celle de 1958. Toutefois, selon les sociologues pour 1958 il s’agissait de valoriser des compétences administratives, tandis qu’il y a eu une valorisation des compétences économiques ou entrepreneuriales pour 2017. Si l’AN de 2017 représente mieux les femmes et l’âge moyen français, « sur le plan des origines sociales » les disparités s’accroissent. La classe populaire représente 1% de l’AN et les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 55% de l’AN, alors que la réalité de la société est plus proche de l’inverse. Cependant, les artisans et commerçants occupent désormais 11% de l’hémicycle alors qu’ils n’étaient que 4% en 2012. On voit donc qu’il y a dès plus de députés possédant un capital économique important. En effet, chez LREM, 64% des députés proviennent du secteur privé. Aussi, à l’inverse de LFI dont les novices sont plus issus de classe moyenne et du secteur public, parmi les novices de LREM près de la moitié ont été dirigeants d’entreprises avant d’être élus.
De plus, d’après les auteurs les déclarations sur la difficulté du travail parlementaire et de la rémunération par rapport au privé par les novices LREM démontrent la rupture de 2017 qui a « propulsé » des individus dans un domaine où l’on met plusieurs années pour rentrer. Ils expliquent que l’attente dont doivent normalement faire preuve les jeunes aspirant à la politique sert à les former : « Les aspirants à la députation étaient depuis des années formés au travail quotidien comme à ses servitudes ». Les conditions de travail « indigne » ont été « intériorisées de longues dates ». Mais aussi à les discipliner, le temps « a des effets sur les aspirations sur ceux qui sont placés dans cette position ». C’est un secteur où il y a beaucoup de concurrence alors il y a des comportements à adopter, il ne faut pas montrer trop d’ambition ou manquer de loyauté au risque d’être mis à l’écart. Et enfin les sélectionner, le temps permet de se rendre compte de quels aspirants sont les plus compétents et cette longue attente fait aussi un tri puisque certains « finissent par abandonner la course », ne supportant pas de « se sacrifier pendant des années pour » « espérer un jour [...] être investi ». C’est ce qui explique selon les sociologues le « déclassement relatif de la politique élective ». Cette longue attente dissuade les « fractions dominantes des classes supérieures » qui suivent un parcours académique dense de s’engager en même temps ou de s’engager après leurs études puisqu’ils seront plus loin dans « la file d’attente ». Et, pour ces personnes l’engagement politique a plus de chances d’apporter une rémunération monétaire plus faible que ce à quoi ils pourraient aspirer dans le privé. Par ailleurs, la politique est devenu de plus en plus chronophage alors les plus aisés qui exerçaient une double activité public-privé ont dû faire le choix de se détourner de la politique élective, « jusqu’en 2017 » en tout cas. Puisque les personnes cette catégorie sociale sont revenu « en nombre » dans le champ politique en usant de LREM comme d’un coupe file. Ils se sont épargné plusieurs décennies d’attente.
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