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Dissertation Quels sont les déterminants sociaux du vote?

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Par   •  6 Novembre 2021  •  Dissertation  •  2 087 Mots (9 Pages)  •  496 Vues

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Quels sont les déterminants sociaux du vote ?

        Dans le podcast de France culture Le Billet politique du 15 octobre dernier, Frédéric Says traite de l’imprévisibilité électorale. Il explique que les candidats comme les spécialistes demeurent incertains quant au résultat de l’élection présidentielle de 2022, face à un électorat mouvant et volatile.

La semaine dernière déjà, dans un entretien à l’Obs, J.L. Melenchon, affirmait que « dans l’électorat, il y a une classe moyenne supérieure qui hésite, qui flotte. Une classe qui est pour Zemmour le matin, pour Jadot le midi, et mélenchoniste le soir ». Cette incertitude et cette volatilité invite à réinterroger les déterminants sociaux du vote. Le terme de vote renvoie à la participation électorale mais se comprend également comme l’orientation politique de ce vote. De plus, les déterminants sociaux de ce vote c'est -à -dire le lien entre les caractéristiques sociologiques des individus et leur comportement électoral semblent avoir évolué. Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de savoir si une élection va mobiliser et qu’elle en sera l'issue. Cela prouve bien que les déterminants sociaux classiques doivent être questionnés : sont-ils toujours effectifs ? Est-ce la seule clé de compréhension du comportement électoral ?

Il s’agit alors d’établir si : Les caractéristiques sociales structurent-elles toujours le comportement électoral ?

        Les prédispositions sociales des individus constituent toujours une grille de lecture du comportement électoral. Néanmoins, l’influence des attributs sociaux dans le vote est à nuancer notamment du fait de la montée de la volatilité du vote

I/ Les prédispositions sociales des individus constituent toujours une grille de lecture du comportement électorale

        La sociologie du vote a pour objet la compréhension du comportement électoral notamment des éléments qui peuvent l’influencer. Nombre de travaux qui en sont issus ont montré que l’âge, le sexe, le PCS (profession et catégorie socio-professionnel), le niveau d’étude et la religion structurent le vote en particulier l’essai The People’s choice (1944) que l’on attribue communément à Paul Lazarsfeld. Ces déterminants, aussi appelés “variables lourdes”, revêtent ainsi une place centrale dans la compréhension de ce dernier.

A) L’incidence des variables lourdes sur la participation électorale

        L’appartenance socio-professionnel, la situation matrimoniale, l’âge et le niveau de diplôme demeurent des facteurs explicatifs du retrait électoral.

En effet, ces variables lourdes ont toujours une forte incidence sur le comportement des électeurs et les élections présidentielles et législatives de 2017 n’y font pas exception.

Dans Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale,(2017) les politistes C. Braconnier, J. Dormagen et B. Coulmont montrent à travers une méthode quantitative, c’est-à-dire en s’appuyant sur des statistiques, que l’élection de 2017 conforte bien les observations précédemment faites dans la sociologie du comportement électoral.

Ils constatent que l’âge est déterminant dans le retrait électoral, le taux d’abstention chez les 85+ est de 42,2 % contre – de 14 % chez les 40-69 ans. De plus, les ouvriers sont largement plus représentés parmi les abstentionnistes, 24,1 % contre 11,6 % chez les cadres et professions intellectuelles. Ils s’intéressent aussi à l’impact du statut matrimonial et en déduisent que les veufs ont plus de chance d’être abstentionnistes que les individus en couple.

Par ailleurs, par le biais d’une régression logistique ils parviennent à dégager des liens de causalité entre ces variables et à isoler les facteurs les plus prédictifs de l’abstention. Par exemple, si les jeunes sont plus abstentionnistes, c’est avant tout car ils constituent la catégorie d’âge la plus mal-inscrite sur les listes électorales. De même que le PCS n’est pas surdéterminants dans l’abstention contrairement au niveau d’étude. Ce n’est pas parce que l’on travaille en tant qu’ouvrier que l’on vote moins mais bien car notre capital culturel est moins important que chez les cadres ainsi notre politisation s’en voit impactée.

Ils concluent alors en expliquant que plus l’abstention est élevée, plus les déterminants socio-démographiques apparaissent prédictifs des comportements de participation.

Ainsi, dans un contexte de massification de l’abstention, les variables lourdes notamment le niveau d’étude et l’âge, structurent plus que jamais la participation électorale.

B) L’incidence des variables lourdes sur l’orientation du vote

        Comme pour la participation électorale, l’orientation du vote reste liée à la position de l’individu dans l’espace social. En effet, l’appartenance de classe ou l’inscription dans une catégorie socio-professionnelle a longtemps été l’un des éléments les plus prédictifs du vote.

Dans le Chapitre 7 des Inaudibles (2015) intitulé « Des votes presque comme les autres », les sociologues Céline Braconnier et Nonna Mayer se proposent d’analyser l’hypothèse selon laquelle le vote à gauche croit avec le niveau de précarité. Elles prouvent ainsi que dans les faits la précarité sociale dicte bien le comportement électoral, toutefois, elle contribue plutôt à détourner les plus précaires de la droite traditionnelle que de les rapprocher de la gauche. Ce fut notamment le cas lors de l’élection de 2012, où les classes populaires n’ont pas voté pour Hollande mais contre Sarkozy.

Par ailleurs, les deux sociologues étudient également le lien entre le vote pour les extrêmes et le niveau de précarité. Les cas de P. Poutou, N. Arthaud et J.L Mélenchon conduisent à penser que la montée des extrêmes est due à la radicalisation des plus défavorisés puisque le soutien à ces candidats dans le quintile des plus précaires atteint 16 %. Le soutien aux extrêmes augmenterait ainsi avec le niveau de précarité, même si cette augmentation reste légère par rapport à l’hypothèse précédente. Or, le vote pour le Front national apparaît comme une exception car une nette disjonction entre le passage à l’acte électoral et le soutien des plus défavorisés s'observe. C’est d’ailleurs dans l’avant dernier quintile que Marine Le Pen trouve ses électeurs.

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