De la démocratie en Amérique (II), IV, 6
Commentaire de texte : De la démocratie en Amérique (II), IV, 6. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar saricp • 4 Avril 2017 • Commentaire de texte • 2 226 Mots (9 Pages) • 3 411 Vues
De la démocratie en Amérique (II), IV, 6.
Alexis-Henri-Charles Clérel, vicomte de Tocqueville, couramment appelé Alexis de Tocqueville, né à Paris le 29 juillet 1805 et mort à Cannes le 16 avril 1859, est un homme politique, philosophe politique et historien français. C’est également le précurseur de la sociologie française et un écrivain réputé.
Ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l'évolution des démocraties occidentales de manière générale l’ont rendue célèbres.
D’autres personnalités telles que les historiens et sociologues Raymond Aron et Raymond Boudon ont salués son apport la discipline sociologique. Son analyse de la Révolution française de 1789 a fortement plu à François Furet, qui a mis en avant sa pertinence. Tout comme ses prédécesseurs Hobbes, Rousseau et Montesquieu (ces deux derniers étant des philosophes de l’époque des Lumières), son œuvre a énormément influencé la pensée politique et le libéralisme.
Alexis de Tocqueville écrit en deux livres, une œuvre qu’il intitule « De la démocratie en Amérique ». Dans le premier, paru en 1835, il se consacre à l’étude de la société américaine qui incarne selon lui la société démocratique idéale. Le second, paru en 1840, constitue une réflexion sensiblement plus abstraite, sur l’avenir ambivalent des sociétés démocratiques. Ces deux œuvres font partie des plus connues de Tocqueville, dont s’inspireront par la suite de nombreux sociologues et politologues.
Coup d’état manqué pour Louis-Napoléon Bonaparte à Strasbourg en 1836 c’est dans ce contexte que Tocqueville écrit De la démocratie en Amérique. En 1831, Alexis de Tocqueville et son confrère Gustave de Beaumont sont envoyés aux Etats-Unis en tant que magistrats par le gouvernement français pour étudier le système carcéral du pays. Durant neuf mois, ils observent plusieurs aspects de la société américaine comme l'économie et la politique. Par ailleurs, ils séjournent brièvement au Canada. De retour en 1832, ils soumettent tout deux leur rapport, intitulé « Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France ». C’est à la suite de cela que Tocqueville écrira son œuvre sur la démocratie américaine.
Pour Tocqueville, la démocratie est définie par l’égalité des conditions. Cette égalité des conditions est divisée en trois processus : tout d’abord un mouvement d’égalisation des droits individuels (droits politiques et civiques), puis la diffusion du bien-être matériel à l’ensemble de la population (il est nécessaire d’être égalitaire sur cet aspect, afin qu’il puisse y avoir une certaine mobilité sociale), et enfin la généralisation d’une représentation égalitaire des rapports sociaux.
L’égalisation des droits et des conditions est donc une condition sine qua none pour la survie d’une démocratie.
Cette égalité des droits signifie notamment le passage d’une société monarchique (les individus y sont considérés comme des sujets inégalement dotés en droits et privilèges) à une société démocratique (les individus sont considérés en tant que citoyens).
La description que donne Tocqueville de la démocratie correspond-t-elle à la démocratie actuelle ou est-elle trop sombre ?
Nous étudierons que la description que fait Tocqueville de la démocratie dans ce texte est semblable à ce qu’est la démocratie actuelle (I), puis nous observerons qu’elle est néanmoins trop obscure sur certains points (II).
- La démocratie selon Tocqueville ; une description plutôt conforme à la démocratie actuelle
- L’Homme en démocratie ; un individu apparemment libre
Pour Tocqueville, l‘égalité des droits et des conditions est à la base de toute démocratie ; sans cela, nul régime se disant « démocratique » ne peut fonctionner. Cela signifie que les Hommes sont « semblables et égaux » l-2. Cette égalité entre les Hommes est en effet respectée aujourd’hui ; c’est la Déclaration de Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui l’assure, dans son article 1er : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ».
Il y a par ailleurs dans la société actuelle, comme l’explique Tocqueville dans sa vision de la démocratie, une montée de l’individualisme. L’Homme apparaît alors comme l’être égocentrique qu’il est, restreignant son contact avec l’espèce humaine à « ses enfants et ses amis particuliers » l-4/5, et qui semble « comme étranger à la destinée de tous les autres » l-4. Dans la société contemporaine, cet individualisme est motivé par des enjeux économiques et politiques.
Mais l’Homme qui vit en démocratie dispose d’un esprit critique, qui lui permet de conserver son libre arbitre. L’école notamment, dans la démocratie, est un outil formateur d’esprits libres ; c’est d’ailleurs une des raisons qui l’ont rendue obligatoire, car comme disait Rousseau « on les forcera à être libre ». L’Homme est d’ailleurs par nature tourmenté par l’affrontement qui a lieu en lui entre le désir d’être libre et le besoin d’être guidé. Ces « passions ennemis » l-35 comme les qualifie Tocqueville sont des « instincts contraires » l-36 que l’individu s’efforce de « satisfaire à la fois tous les deux » l-36. Hobbes dit à a ce propos que « Hors de l’état civil, chacun jouit sans doute d’une liberté entière, mais stérile ; car, s’il a la liberté de faire tout ce qu’il lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qu’il leur plaît. Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu’autant de liberté qu’il lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même les autres perdent de leur liberté juste ce qu’il faut pour qu’ils ne soient plus à redouter ». C’est pourquoi, la démocratie soumet les hommes à un gouvernement, mais celui-ci est choisi par le peuple.
En effet, le système démocratique fonctionne d’une telle manière que le gouvernement est « élu par les citoyens » l-37/38. Le peuple peut choisir son tuteur (mot qu’utilise à plusieurs reprises Tocqueville pour qualifier le gouvernement). C’est le principe du droit de vote, droit qu’obtiennent par exemple les femmes en France le 21 avril 1944.
Toutefois, l’individu n’est pas totalement libre en démocratie : comme l’écrit Tocqueville, les Hommes sont soumis à une autorité, « un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant » l-37. Ils ne peuvent totalement se défaire de cette relation de gouvernant/gouverné, c’est au Parlement, composante législative de l’Etat que sont faites les lois, or comme en dispose l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi ». Le peuple est donc soumis dans une certaine mesure a l’Etat (au sens de souverain.
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