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Analyse du Prince de Machiavel

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Par   •  16 Novembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  14 024 Mots (57 Pages)  •  269 Vues

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                     Machiavel

-        Chronologie indicative

1492 : décès de Laurent le Magnifique, au petit-fils duquel est dédié Le Prince.

1494 : entrée à Florence de Charles VIII, venu récupérer le royaume de Naples sur lequel il a des prétentions. Il démet les Médicis, allié du Royaume de Naples et laisse le choix à Florence de son mode de gouvernement. Les Médicis sont l'équivalent à Florence des Sforza à Milan ou des Borgia à Valence.

1494-1498 : Gouvernement Théocratique de Savonarole (moine dominicain) - les Médicis sont exilés, les tavernes fermées, les jeux interdits.

1498 : rétablissement de la République de Florence.

1498-1511 : Machiavel est nommé second secrétaire de Chancellerie, il s'occupe des négociations avec les Sforza à Milan, de la reconquête de Pise (le port de Florence qui avait pris son indépendance), rencontre Louis XII, et César Borgia à Urbino.

Fervent défenseur de la République, comme son père, il s'oppose au retour des Médicis.

Allié des français avec le Gonfalonier (dirigeant de Florence) Soderini, il côtoie César Borgia que Louis XII a fait Comte de Valence. Il rédige pendant ces moments de grande activité diplomatique pour la République de Florence ses carnets qu'il reprendra pour *Le Prince*. Il apprend durant cette période la ruse *nécessaire* au Prince lorsque César Borgia fait assassiner les *condottieri* à Sinigaglia (ou Senigallia) qui s'étaient ligués contre lui avec l'appui des

*Médicis*.

1512 : Jules II crée la Sainte Ligue contre le Royaume de France, ce qui va contre les intérêts de la République de Florence dirigé par Soderini. Les Français défait, le pape accorde aux espagnols de remettre les Médicis sur le trône.

1513 : Soupçonné de trahison, il est arrêté le 20 février. Amnistié par Léon X. Il se retire pour rédiger ses œuvres. Il dédie Le prince au petit-fils de Laurent le magnifique, Laurent II de Médicis, né en 1492, qui meurt en 1519, avant la parution du Prince.

Présentation du Prince

-  Typologie des principautés : comment les conquérir, comment les conserver ? (I – XI)

  • I : « Combien il y a de genres de principautés et de quelles façons on les acquiert »

Typologie des États : République ; Principauté (ne parle pas des Républiques, renvoie à un ouvrage jamais paru, mais qui constitue la matière des Discours sur la première décade de Tite-Live). Pour les principautés : héréditaires ou nouvelles ; pour les nouvelles soit « totalement nouvelle » (Milan pour les Sforza), soit « des membres ajoutés à l’État héréditaire du prince qui les acquiert » (Naples pour l’Espagne).

« Ces territoires ainsi acquis sont ou accoutumés à vivre sous un prince ou habitués à être libres, et on les acquiert ou avec les armes d’autrui ou avec les siennes propres, ou par la fortune ou par sa vertu. » Machiavel, Nicolas. Le Prince (French Edition) . Les Belles Lettres. Édition du Kindle.

La fortune est une chance, une circonstance favorable, une aide venue de l’extérieur ou d’une

puissance non identifiée ; la vertu, qui n’a pas la connotation morale contemporaine, est l’ensemble des qualités dépendant de la volonté de l’individu ou de sa nature (son sens est proche du mot latin “virtus”). Ces deux notions qui semblent antithétiques dans cette présentation apparaîtront plus conciliables au chapitre XXV du traité.

  • II : « Des principautés héréditaires »

Pour les Principautés habituées à une succession héréditaires :

« il y a de bien moindres difficultés à les maintenir que dans les états nouveaux, parce qu’il suffit de ne pas déroger aux institutions héritées de ses ancêtres et ensuite de temporiser face aux événements »

Comme le Prince bien installé de droit par son sang à moins de raison de nuire à autrui, ses sujets

l’aiment d’avantage et s’il perd ses terres pendant une période à cause d’évènements extérieurs (guerres, etc.), il n’a aucun mal à les récupérer par la suite car ses sujets lui sont restés fidèles. Il doit donc, avant tout : « temporiser » face aux évènements. Cette technique de la temporisation ne sera pas toujours considérée positivement : applicable aux principats héréditaires, elle ne sera pas recommandée pour les principats nouveaux. L’argument de Machiavel consisterait à dire que comme le Prince n’a pas à imposer sa domination contre d’autres prétendants, il agit moins

« cruellement », se fait moins d’ « ennemis » et donc est plus apprécié de ses sujets. L’argument ne fonctionne que si l’État ou la Nation préexiste au Prince qui la gouverne, avec des règles de successions fixées. L’absence de stasis, « guerre civile » intérieure, facilite alors l’amour des sujets pour le Prince.

  • III : « Des principautés mixtes »

Machiavel passe maintenant aux principautés « nouvelles », et plus spécifiquement, à ce genre de principauté qui est un membre ajouté à un Royaume déjà existant (ex : Milan pour Louis XII). Le problème de la principauté « mixte » est le suivant :

« les hommes changent volontiers de seigneur s’ils croient améliorer leur sort, et que c’est cette croyance qui leur fait prendre les armes contre lui : en quoi ils se trompent, parce qu’ils voient ensuite à l’expérience qu’ils sont allés de mal en pis. »

Et ce, à cause d’une « nécessité naturelle et ordinaire » :

« l’on est toujours contraint de léser ceux dont on devient le nouveau prince tant par l’intervention de gens de guerre, que par les innombrables autres avanies qu’entraîne la nouvelle acquisition »

Aussi le Prince doit-il toujours se souvenir : il faut conserver les faveurs des populations locales. Après rébellion, puis reconquête, il est plus facile au Prince de conserver son territoire :

« parce que le seigneur, saisissant l’occasion de la rébellion, se fait moins scrupule, pour assurer sa sécurité, de punir les délinquants, démasquer les suspects et pourvoir au renforcement des points faibles »

Pour illustrer son propos, Machiavel se propose une étude de cas : Louis XII, lorsqu’il succède à Charles VIII clame le Duché de Milan en 1498, il s’en empare en 1499 et chasse Ludovic Sforza. Les milanais se révoltent en 1500 à cause de la gestion de Louis XII et de la présence près de Milan de Ludovic. Louis XII n’eut aucun mal à reconquérir la ville deux mois après. Cependant, l’alliance du Pape, du roi d’Espagne, de l’Empereur, du roi d’Angleterre et des Suisses eurent raison de l’acquisition royale en 1513 à la bataille de Novare. Comment Louis XII, malgré le contexte géopolitique, aurait-il pu garder son acquisition ?

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