Analyse Prince de Machiavel
Commentaire de texte : Analyse Prince de Machiavel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chloepra • 10 Avril 2017 • Commentaire de texte • 2 401 Mots (10 Pages) • 3 029 Vues
Cet extrait du chapitre XVIII, de l’ouvrage Le Prince de Machiavel, traite du rôle, des vertus et des vices des princes. Machiavel est de la fin du XVeme siècle, il habite l’Italie de la Renaissance. Au retour au pouvoir des Médicis à Florence, Machiavel soupçonné d’avoir conspiré contre eux, est emprisonné, torturé puis exilé dans sa propriété Sant’Andrea in Percussina. Le Prince, dédié à Laurent II de Médicis, est pour Machiavel une tentative de retrouver une place dans la vie politique de Florence. Ce texte traite de la fidélité à la parole donnée. On va donc retrouver ici le problème des rapports entre morale et politique. D’autres questions vont aussi être avancées, notamment celle de la raison d’Etat. Ce texte marque le début de la philosophie politique, et entend répondre au problème: Quelles sont les vertus que doit posséder le prince, c’est-à-dire le dirigeant ou le chef d’État pour accéder au pouvoir et le conserver ? La politique doit-elle être morale ? Politique et moralité sont-elles compatibles ? Machiavel prône la raison d’Etat, en effet selon l’auteur, un prince peut et doit manquer quelque fois à sa parole et ne pas faire preuve de moralité, mais il ne doit pas le montrer et doit apparaitre irréprochable et au-dessus de tous soupçons. Pour mettre en évidence cette idée, l’auteur procède en plusieurs étapes. Tout d’abord Machiavel illustre sa thèse avec un premier exemple: les princes les plus grands, n’ont pas souvent usé de morale pour réussir. Puis il parle des rôles qu’un prince doit pouvoir revêtir, celui de l’homme mais aussi celui des bêtes, (notamment le lion et le renard), les princes qui n’useraient pas de ces trois formes ne seraient pas aptes à gouverner. Enfin, l’auteur utilise la nature mauvaise de l’homme pour justifier sa thèse, il dit qu’il est utile de savoir dissimuler, paraître bon est préférable à l’ être réellement car les hommes sont malhonnêtes mais dupes.
Machiavel défend la raison d’Etat bien qu’il ne la nomme pas encore comme cela. La raison d’État se définit par le principe au nom duquel un État s'autorise à violer le droit au nom d'un critère supérieur. En effet pour Machiavel pour pouvoir accomplir d’importantes actions il ne faut pas forcement être bon, au contraire, comme en témoigne cette citation « parmi ceux de notre temps qu’on a vu faire de grandes choses, il en est peu qui se soient piqués de cette fidélité, et qui se soient fait un scrupule de tromper … ». Machiavel ne dit pas de faire le mal ou de faire le bien, il dit de faire ce qui doit être fait pour le bien du royaume que ce soit bien ou mal. Mais il est plus difficile pour un prince de rester honnête, même si un prince devrait être un exemple pour les autres et être lui même le plus vertueux possible, ce n’est pas sa vertu qui le tient au pouvoir. Au contraire, Machiavel, nous indique que les princes ayant respecté les règles morales sont bien souvent ceux qui ont été assujéti, tandis que ceux qui ont réalisé de grandes choses pour leur nation et dont on se souviendra sont ceux qui n’ont pas hésité à s’éloigner de la morale. D’autres auteurs, ont défendu cette idée, tel que Cicéron qui lui cependant nuançait beaucoup plus sa thèse. Cicéron pense que les promesses peuvent être brisées si c’est dans l’intérêt publique, mais que tout de même un dirigeant se doit d’être bon et moral. Au contraire Machiavel pense que le bien, ou encore la vérité s’ils sont louables ne sont pas efficaces pour gouverner un peuple. Pour Machiavel il est bon et utile de s’écarter de la morale pour pouvoir conduire à bien sa politique, c’est l’essentiel selon lui. Les qualités principales d’un prince ne sont pas de suivre la morale mais de saisir les occasions, de s’adapter aux circonstances. Il faudrait donc peut être que le Prince crée sa propre morale, une morale politique. Une morale au dessus des autres, pour un homme au dessus des autres. Il ne va pas utiliser la morale commune, courante, universelle sinon il ne pourra pas garder le pouvoir. La morale qu’un prince doit utiliser est plus naturelle, plus bestiale, Machiavel en développe un exemple dans la seconde partie. Toute la pensée de Machiavel est une pensée liée au réel et à la réalité, il adapte sa politique à la réalité, et n’est pas dans l’idéalisme. Il ne va idéaliser ni le comportement des hommes ni le monde de la politique. La morale usuelle n’a pas sa place en politique. Ce qui compte, selon lui c’est l’efficacité politique. L’efficacité dans la quête de son objectif est une valeur suprême. Plus tard, c’est Giovanni Boreto qui approfondira cette idée, dans son livre De la raison d’État, bien qu’il y affiche de l’opposition à la thèse de Machiavel. Quant à lui, Diderot dans l’Encyclopédie s’oppose vivement à cette idée selon lui «s’exempter des lois de l’honneur » équivaudrait à plonger le monde dans le chaos, détruirait « les liens entre les nations » et « les plus faibles » seraient oppressés par « les plus forts ». En effet, si un prince décide de ne penser qu’à son objectif et non pas à ses conséquences, et que ses actions tendent à être de plus en plus dépravées et malhonnêtes, rien de bien ne peut en résulter. Après avoir ainsi avancé et illustré avec ce premier exemple sa thèse, Machiavel va ensuite donner des conseils aux princes.
Machiavel va justifier cette thèse avec un second exemple, un homme bon et morale ne combattrait qu' « avec des lois », une manière « propre aux hommes », or pour être efficace un prince doit également combattre avec « la force », l’arme qui lui est « commune avec la bête ». En effet la loi autorise ou interdit, elle aide le prince à diriger ses sujets, et elle organise la société. Mais la désobéissance à la loi, doit faire l’objet d’une sanction c’est à ce moment que la force intervient. La force sert aussi à dissuader toute personne qui voudrait transgresser la loi. L’un ne peut pas exister sans l’autre. C’est pourquoi un prince pour avoir et conserver le pouvoir doit savoir utiliser les deux. Chez Machiavel, l’usage de la force apparaît comme l’alternative au recours à la loi, mais elle n’est pas présentée comme « injuste » comme elle l’est dans les textes de Cicéron. Machiavel va encore plus loin, il nous explique ensuite qu’il y a deux manières d’user de la bête. « Le prince doit savoir revêtir les formes [du] renard et [du] lion », le lion est celui qui représente le mieux la force et l’autorité, sa seule présence dissuade, il effraie et décourage directement. Au contraire, le renard représente la ruse, la malice, l’habilité, il maitrise l’art
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