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Comment se présente la nouvelle configuration du territoire national ?

Analyse sectorielle : Comment se présente la nouvelle configuration du territoire national ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 097 Mots (13 Pages)  •  925 Vues

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D’une décennie à l’autre, le débat sur la régionalisation revient pour rappeler les défauts du centralisme et la nécessité d’en sortir, ou du moins de le corriger. Mais les réformes sur le terrain restent timides. Les contraintes, les disparités géographiques et les écarts de développements entre les régions sont tels, que certains s’interrogent sur la capacité de notre organisation territoriale à se «régionaliser ». Pour contribuer à ce débat, nous avons réalisé cette interview avec Mr Abouhani Moulay Abdelghani, Directeur général de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du territoire, pour avoir un point de vue d’un chercheur en science politique spécialiste des questions de gouvernances territoriales.

Challenge : la volonté de régionaliser le pays a été annoncée à maintes reprises et ce, depuis longtemps. Mais à chaque fois, les résultats des réformes restent largement en deçà de ce qui a été annoncé.

Abouhani Abdelghani : Effectivement, le débat ne date pas d’aujourd’hui et vous avez bien raison de le rappeler. Depuis maintenant plus de quarante ans, la question de la régionalisation est au cœur de l’actualité économique, juridique et institutionnelle de notre pays. Elle est évoquée à propos de toutes les politiques publiques, économiques, sociales et territoriales. C’est la réforme de l’Etat la plus attendue et la plus prometteuse dit-on. On lui attache des vertus salutaires et elle est sensée apporter les solutions les plus appropriées aux problèmes structuraux de nos territoires. Et pourtant, c’est également la réforme que l’Etat hésite depuis longtemps à mettre en œuvre. Très souvent, l’écart est considérable entre ce qui est souhaité et annoncé dans les analyses des experts et dans le discours politique et ce qui se réalise sur le terrain. Pour mémoire, je rappelle que la régionalisation a dominé le débat au début des années 70 avant l’adoption de la première loi sur les Régions en 1971 et le Plan Quinquenal 71-75. Elle a également dominé le débat au début des années 80 lorsque Feu Hassan II avait proposé en 1984 de créer des parlements et des gouvernements régionaux, à l’instar des Landers en Allemagne. La régionalisation a également dominé la scène nationale entre 1998 et 2004 avec le Grand Débat sur l’Aménagement du Territoire lancé par le Gouvernement d’alternance. Comme vous le constatez, le débat sur la régionalisation est cyclique et il revient au début ou à la fin de chaque décennie sans qu’on puisse apporter les réponses structurelles que la réforme exige. Tout le monde critique le centralisme, mais on ne sait pas encore comment en sortir tout en préservant la cohésion nationale et territoriale.

C. La régionalisation ne comporte-elle pas le risque d’affaiblir l’Etat ?

A.A. En principe, il ne faut pas opposer la région à l’Etat ou l’inverse. Bien au contraire : la construction de la région fait partie du processus de construction de l’Etat. Une région forte est une contribution pour la construction d’un Etat solide et consolidé dont les différentes composantes régionales mobilisent leurs potentialités économiques, sociales et culturelles pour le développement de tout l’ensemble national. La régionalisation élargie permet de corriger les travers du centralisme, d’élargir les niveaux de participation et d’enclencher un cercle vertueux : plus les élites locales participent à l’élaboration des politiques publiques, plus elles adhèrent à ces politiques et plus ces politiques répondent à des besoins réels et auront des effets bénéfiques sur les populations concernées. La régionalisation contribue ainsi à une meilleure gouvernance territoriale. Elle devient un outil pour rendre plus efficientes les politiques publiques et permet de réduire le décalage entre les programmes nationaux et les réalités sur le terrain. En donnant l’initiative à l’échelon régional, on se donne les moyens pour mobiliser les potentialités de chacun, pour se mettre à l’écoute des besoins de chaque échelon administratif et pour mieux cibler les politiques publiques locales. Le développement de la régionalisation permet de remobiliser les élites régionales (économiques, politiques et culturelles), de les faire sortir de l’attentisme, de la passivité où elles se trouvent aujourd’hui et de leur redonner l’initiative dans le processus du développement régional et national.

C. Mais le Maroc est-il prêt pour une régionalisation avancée ? Est-il régionalisable ?

A.A. Le débat sur la régionalisation élargie peut trouver sa justification, au delà des raisons conjoncturelles liées à la question saharienne, dans les mutations profondes qu’a connues le territoire et la société marocaine durant les trois dernières décennies. Deux paramètres importants justifient la nécessité de revoir l’organisation régionale: la nouvelle configuration du territoire national d’une part, et le renforcement des collectivités locales d’autre part.

C. Comment se présente alors la nouvelle configuration du territoire national ?

A.A. Durant les trente dernières années, le territoire national a été profondément modifié. Avec la récupération des provinces sahariennes, les régions qui se trouvent auparavant au sud se situent actuellement au centre, ce qui impose nécessairement un nouveau découpage régional. En outre, cet événement a aussi un impact économique considérable puisque nous assistons au développement autour de l’axe Tan Tan- Laâyoune-Dakhla à la fois de l’industrie phosphatière, de la pêche maritime et la région offre des potentialités touristiques considérables. Par ailleurs, la population marocaine n’a cessé de croître pour dépasser les 30 millions actuellement. Dans le même temps, la croissance urbaine ne s’est pas du tout ralentie. Le taux d’urbanisation a dépassé les 51%. L’une des conséquences importantes entraînées par cette urbanisation rapide est la diversification de l’armature urbaine. Certes, l’axe Kénitra- Rabat-Casablanca maintient sa prééminence. Mais de nouveaux pôles d’urbanisation se renforcent : au Nord-Est autour du binôme Oujda-Nador, au Nord-Ouest autour du triangle Tanger-Tétouan-Larache, au Centre Sud autour d’Agadir, à l’extrême Sud autour de l’axe Tan Tan – Laâyoune Dakhla. Dans le même temps, les villes impériales Fès-Meknès-Marrakech loin de décliner, connaissent une véritable renaissance et s’imposent comme des pôles économiques structurant leur région autour du tourisme, de l’artisanat et des services. Cette nouvelle armature urbaine s’est développée autour des

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