Quelques vers burlesques (1643), Paul Scarron
Commentaire d'arrêt : Quelques vers burlesques (1643), Paul Scarron. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 0629174256 • 25 Septembre 2022 • Commentaire d'arrêt • 1 902 Mots (8 Pages) • 573 Vues
Introduction
l’art du blason est l’art de décrire une partie du corps, de la femme en particulier. Cette description se fait couramment sur le mode élogieux, et louer la beauté de l’anatomie est une manière de vanté la femme dans sa globalité et d’exprimer, sur un mode souvent comique, son amour. Membre du mouvement Baroque, Paul Scarron, préfère l’utilisation du registre burlesque et l’emploi de l’humour afin d’aborder des sujets sérieux. Dans son Recueil de quelques vers burlesques (1643), Paul Scarron présente « Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène », dans un sonnet en alexandrins au registre comique. Ici l’auteur se moque de manière parodique de la beauté d’Hélène, et la ridiculise à travers une description insistante et péjoratif de sa dentition en inversant les règles dans un contre-blason. On verra comment le rire et la mort sont liés dans ce poème. Nous analyserons d’abord l’état générale d’Hélène à travers une description péjoratif, puis nous verrons grâce au procédés comique et satirique comment l’auteur dénonce Hélène.
A travers différent portrait d’Hélène l’auteur nous d écrit son personnage.
D’une part, la partie du corps déclinée dans ce contre-blason sera donc les dents désignées ici par une périphrase métaphorique « os » .Ce terme renvoie non pas à la beauté de la jeunesse habituellement exposées dans les blasons, mais à la mort. Elle introduit le motif de la mort développé dans tout le poème par exemple « éclatez », « rompre les flancs » v.6, « toux » v.7, … La description des dents commence ainsi par une proposition subordonnée relative qui permet de s’attarder sur les différentes sortes de dents de la bouche d’Hélène « Dont les uns sont entiers et ne sont guère blancs ». A travers l’énumération « les uns », puis « les autres » (v.3) « et tous » (v.4), on constate que chaque « os » a un défaut. L’écrivain s’amuse puisqu’il commence par évoquer des dents qui pourraient être convenables car « entières », mais il ajoute que celles-ci « ne sont guère blanches ». C’est une litote ironique pour montrer qu’elles sont devenues jaunes, voire marron ou noires.
, Scarron s’intéresse ensuite à d’autres parties de la dentition d’Hélène et une fois de plus, il s’amuse en travaillant des jeux d’opposition par rapport au vers 2 : « fragments » contraste avec « entiers » et « noirs » avec « blancs ». Ces antithèses accentuent l’impression de délabrement qu’on a quand on observe la bouche d’Hélène. Il met en valeur son absence de pureté et même sa putréfaction à travers la comparaison hyperbolique « noirs comme de l’ébène ». De plus, il propose une vue d’ensemble à travers le pronom « tous » qui suggère qu’aucune dent n’est épargnée par la déchéance, la laideur comme le prouvent les adjectifs péjoratifs « cariés » et « tremblants ». En outre on trouve au vers 5 une proposition subordonnée circonstancielle de cause « comme dans la gencive ils ne tiennent qu’à peine » qui souligne la fragilité des dents d’Hélène par une négation restrictive « ne… qu’ ». La vulnérabilité des dents est le premier facteur du risque de chute. Le vers 6 contient également une proposition subordonnée circonstancielle de cause « Et que vous éclatez à vous rompre les flancs » pour évoquer une deuxième raison de la chute des dents. Cette image, particulièrement violente, déshumanise et animalise le personnage, ce qui sera confirmé au vers 13. Finalement, quelle que soit leur forme, elles sont toutes gâtées et prêtes à tomber car rongées par la maladie, la carie ce qui correspond en plus pour nous à une mauvaise hygiène dentaire. Hélène est donc loin d’être plaisante à voir.
D’ autre part Scarron poursuit l’énonciation des facteurs pouvant contribuer à la chute des dents d’Hélène : « la toux » qui renvoie à la maladie du personnage, à sa décrépitude et éventuellement à sa vieillesse et l’« haleine ». Il s’agit encore de mentions corporelles peu flatteuses car Hélène non contente d’être édentée est aussi souffreteuse et sent mauvais. Cela n’éveille aucune pitié chez le lecteur qui est plutôt dégoûté par ce tableau. Pour accentuer l’impression que les facteurs de chute sont nombreux, l’auteur du Roman comique utilise des connecteurs logiques d’addition « et » (v.6), « non seulement » et « mais » (v.7). Par ailleurs, en ce qui concerne l’odeur, on remarque l’emploi d’une hyperbole puisque Scarron prétend que la « seule haleine » est capable de faire tomber les dents. En outre, grâce à la paronomase entre « Hélène » et « haleine », le poète s’amuse à renforcer l’impression négative que nous avons du personnage réduit à une odeur pestilentielle. Il joue avec nos sens : à la vision horrible, au bruit (du rire et de la toux) s’ajoute la puanteur !
Dernièrement, on constate que le dernier tercet commence par un connecteur d’opposition « mais » : ses conseils ne sont pas suivis comme l’indiquent l’adverbe « encore » et la proposition « vous branlez la tête » qui suggère qu’Hélène est agitée de secousses à cause de son rire et /ou qu’elle refuse d’écouter le poète. Ce groupe verbal est également un jeu de mots puisqu’il fait référence à quelque chose de vieux et de pourri. En outre, les mouvements de la bouche sont repris par ceux de la tête. Toute la personne d’Hélène est donc contaminée par la pourriture des dents. Ainsi à la laideur physique s’ajoutent la bêtise et l’égoïsme puisqu’elle ne veut pas comprendre que l’heure de rire est dépassée. Une phrase exclamative souligne l’étonnement et la colère face à ce comportement. Comme Hélène refuse ses conseils, le poète l’invite à poursuivre au vers 13 en répétant le verbe « riez », cet encouragement à l’impératif a une valeur menaçante puisque les conséquences seront terribles.
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