Paul Scarron, Recueil de quelques vers burlesques, 1643, "Vous faites voir des os quand vous riez Heleine"
Commentaire de texte : Paul Scarron, Recueil de quelques vers burlesques, 1643, "Vous faites voir des os quand vous riez Heleine". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar madiichou • 20 Mars 2016 • Commentaire de texte • 984 Mots (4 Pages) • 7 980 Vues
Séance 4: L.A: Paul Scarron, Recueil de quelques vers burlesques, 1643, "Vous faites voir des os quand vous riez Heleine"
Scarron est un auteur du XVIIe siècle, ce texte appartient au mouvement du baroque, qui traduit des motifs tels que l'instabilité du monde ou encore la métamorphose. Cet auteur aimait bcp pratiquer des formes humoristiques, burlesques, des parodies. En ce qui concerne ce texte, extrait du Recueil de quelques vers burlesques, le titre nous informe sur la tonalité que l'on va avoir: il s'agit d'un blason, plus précisément d'un contre blason, adressé à une femme nommée Heleine, Scarron dresse le portrait d'Heleine en s'intéressant tout particulièrement à sa dentition. Il s'agit ici d'un sonnet. Nous allons nous demander en quoi ce texte peut-être une parodie de poème traditionelle. Il s'agira dans un premier temps de voir les caractéristiques du sonnet ainsi que les caractéristiques du poème d'amour, puis dans un second temps nous verrons comment Scarron joue avec ses modèles.
I. Tout d'abord ce poème a la structure traditionelle du sonnet, 2 quatrains et 3 tercets. Dans les quatrains il y a des rimes croisées, puis dans les tercets des rimes suivies, des rimes embrassées et traditionnelles égalements. Scarron respecte l'écriture des vers écrit en Alexandrin. La tradition dans les sonnets veut que dans les quatrains un thème soit abordé puis dans les deux tercets que le thème soit légèrement modifié: c'est le cas ici car du vers 1 au vers 8 il parle des dents d'Heleine et du vers 9 au vers 14 il attire l'attention sur son rire. En dernier, un sonnet doit avoir une chute, un effet de surprise à la fin: effectivement à la fin du texte il y a l'expression "Pourveu que vous creviez de rire, il me suffit" c'est une sorte de chute, de pointe à la fin du poème. Scarron a donc totalement respecté la tradition du sonnet. Ensuite, l'auteur respecte également les caractéristiques du blason d'amour. On observe qu'il la vouvoie, il est donc fidèle à la tradition car la femme est respectée: "Vous faites voir" (v1), "Vous esclattez" (v6), etc. Il dit son prénom "Heleine" (v1), il est à la fin de l'alexandrin, et apostrophé, permettant de mettre en valeur le nom et la femme dont il est question. Il y a également des termes faisant référence à l'amour: "les mettres à vos pieds" (v8), ou "fidel" (v11) tel un amoureux faisant homage à sa belle. De plus, le fait que le blason est un texte descriptif est bien respecté ici: le temps utilisé est le présent, il y a une description visuelle: "voir" (v1), "blanc" (v2), "noirs comme de l'ebene" (v3); et il y a bien le champ lexical de la dentition "gencive" (v5), "les os" (v1), "haleine" (v7); et enfin les allusions au rire: "riez" (v1), "riez" (v12).
Si on s'en tient à ces élèments, on peut dire que Scarron a réussi son travail. Il a respecté les règles du sonnet, celle du poème d'amour et la particularité du blason. Parcontre, on voit que l'intention de Scarron est barotique car il joue avec les modèles traditionnels.
II. Tout d'abord il joue avec la description de la femme: "vilaine beste" (v13), la description habituelle élogieuse de la femme est ici rompue: il joue avec la bestialité d'Heleine et peut aussi mettre en avant sa vulgarité, sa stupidité, d'autant plus que c'était mal vu à l'époque pour la femme de ne pas maitrîser son rire, ce qui semble ne pas être le cas pour Heleine (v1). Scarron utilise une expression péjorative: "le métier de rieuse" (v9), mettant en avant la vulgarité d'Heleine, sa bêtise (pt de vue comportement de cette femme et de son caractère). Ensuite, Scarron parle du caractère horrible de la dentition d'Heleine: "Dont les uns sont entiers et ne sont gueres blancs" (v2), ce qui suggère que ces dents sont irrégulières, cassées, jaunâtre + une gradation au v3: "des fragmens noirs", les autres dents ne sont constitués que de morceaux qui sont carrément noirs: contraste assez crue, avec une comparaison à l'ébène qui est précieux, rare, ce qui est valorisant par rapport à la 1ère partie de la comparaison + le choix du terme pour désigner les dents "les os" (v1) a des conotations particulières. De plus, les deux adj utilisés sont péjoratifs "cariez et tremblans" (v4). Apres, la situation devient pire avec la progression du texte: dans le 2e quatrain il imagine une situation qui dégrade encore plus le personnage car "vostre seule haleine... Peut les mettre à vos pieds, deschaussez et sanglans.." (v7-8), juste son souffle peut faire tomber ses deux, et peut laisser du sang + L'expression mettre a vos pieds // dents sanglantes. Il y a un jeu de mots: "pieds" // "déchaussez", rapprochement lexical. Enfin, dans les deux tercets on voit dans le ton utilisé par le poète qu'il est assez vendicatif: il utilise l'impératif avec ordres énumérés, des injonctions, qui apparaissent ici comme insultant car il lui commande de s'occuper du monde des morts plus tôt que celui des vivants v10 + jeu de mots "creviez de rire" (v14).
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