Président des Etats-Unis

        « Le Président des Etats-Unis est un homme aux pouvoirs extraordinaires…'' disait John Fitzgerald Kennedy décrivant ainsi la fonction exécutive comme un organe surpuissant. Le chef d’Etat américain est à la tête d’un régime présidentiel, caractérisé par la séparation stricte des pouvoirs et l’irresponsabilité politique du législatif et de l’exécutif.  Le Congres est la législature bicamérale des Etats-Unis composé de la Chambre des représentants et du Sénat. L’exécutif est quant à lui du ressort uniquement du Président, souvent aidé de conseillers et de secrétaires d’Etats. La structure de l’Etat est dite fédéraliste c’est-à-dire un  système d’organisation, d’administration et de gouvernement dans lequel l’État est organisé en fédération et partage avec les États fédérés les diverses compétences constitutionnelles : législatives, juridictionnelles et administratives. Tous ces principes ont été édictés par la Constitution américaine de 1787, encore en vigueur aujourd’hui, ce qui fait d’elle l’une des plus stables au Monde. Cette constitution place nez à nez ou cote à cote deux organes puissants qui se font contrepoids : le chef de l’Etat dont son statut et ses pouvoirs, taillés sur mesure, font de lui l’homme fort du régime, ainsi il est souvent qualifié par certains observateurs de « monarque républicain » et le Congrès américain. Mais le statut présidentiel n’invoque pas la toute-puissance, en effet recevant lui aussi une légitimité populaire, le Congrès jouit d’attributions primordial puisqu’il détient  le pouvoir législatif et seul lui peut légiférer.  Stéphane Rials parlera de mouvement « pendulaire » pour décrire l’alternance entre un système tantôt « congressionnel », tantôt présidentialiste, bien que l’on considère que la seconde prévaut depuis quelques décennies.

        Les caractéristiques du système politique, associé à une constitution favorable au  mandant présidentiel placent le chef de l’Etat au centre des préoccupations institutionnelles de son pays. Alors on se demandera en quoi la prééminence du président, accrue suite aux nombreuses évolutions de la fonction,  dénature le régime présidentiel ?           

Il s’agira tout d’abord d’étudier le nouveau système mis en place au profit du pouvoir présidentiel (I), pour ensuite aborder le rapprochement  risqué qu’on peut faire entre le régime politique américain et la notion de présidentialisme.

1. Etablissement progressif d’un système centralisé autour d’un Président fort.

Depuis la Constitution américaine, la figure présidentielle n’a cessé d’évoluer (A), ce changement marque la mise en place d’un Président encore plus puissant.

1. Mise en place d’une figure présidentielle continuellement imposante.

La fonction présidentielle a subi des changements en faveur de la mise en place d’un pouvoir plus personnalisé et plus centré vers le Chef de l’exécutif. Le contexte extérieur mélangé aux actions entreprises  par certains Présidents ont modifié la fonction présidentielle. Un chef d’Etat comme Andrew Jackson (1829-1837), a nettement contribué à rendre la fonction exécutive beaucoup plus imposante. Ses opposants dénoncent son emploi abusif du veto (12 fois) tout comme son clientélisme et le surnomment « roi Andrew ». De plus sous le mandat d’Abraham Lincoln, le président est considéré comme le gardien de la Constitution suite à la guerre de sécession justifiant ainsi les prérogatives exceptionnelles qu’il acquière.  À partir du XXe siècle, le président a toutefois progressivement étendu ses pouvoirs au fil des crises et guerres. C'est ce qui a forgé l'idée de présidence impériale. Il fallait un Président fort, pour faire face à la menace extérieure. Sans parler de l'ère atomique et de la guerre froide, qui en maintenant un danger permanent ont contribué à étendre les pouvoirs présidentiels.  Le renforcement de la figure présidentielle aux XXe siècles se fait à travers la forte personnalité,  d’une part de Franklin Delano Roosevelt (1933-1945) qui a su redresser les Etats-Unis de la crise de 1929 et faire face à la seconde Guerre mondiale, et d’autre part de Harry S. Truman qui lui s’est opposé à Staline et gagna la seconde Guerre Mondiale. La fonction présidentielle en ressort ainsi renforcée.

Autres éléments à prendre en compte, c’est la personnalité des Présidents. La façon dont a gouverné Georges Washington, premier Président des Etats unis, n’est pas la même que celle de. Ronald Reagan.  Souvent l’autoritarisme de certains Présidents a penché en faveur d’une fonction plus imposante.  La personnalité fonde l’aspect d’un Président, souvent la manière  d’être du Président peut accroitre ou non, son influence, autrement dit sa puissance.  La personnalité d’un Président devient alors une donnée importante de l’action politique aux Etats-Unis. On n’a pas besoin de remonter loin dans le temps pour en avoir un exemple, en effet, le magnat de l’immobilier et 45eme Présidents des Etats-Unis, Donald Trump gouverne de manière particulière rendant le pouvoir présidentiel plus impériale. Selon certains analystes, l’administration Trump ressemble plus à une « mafia » qu’a une équipe gouvernementale équilibrée. La relation qu’avait Trump avec ses anciens conseillers et secrétaires d’Etats était assez conflictuel, lui seul avait le pouvoir de les renvoyer et il ne s’en privait pas. Alors ce dégageait l’image d’un Président royaliste qui agit comme bon lui semble rendant le pouvoir politique encore plus centralisé sur la personne du chef de l’Etat.

1. Un pouvoir présidentiel tout aussi légitime qu’incontestable.

Si la Constitution est explicite dans la définition des pouvoirs du Congrès, elle est assez imprécise en ce qui concerne celle des pouvoirs présidentiel. Aux termes de l’article III «  le pouvoir exécutif est confié à un Président des Etats-Unis ». Cependant les pouvoirs du Président dépassent  ceux qui lui sont attribués par la Constitution de 1787. De tel sorte que le chef de l’Etat américain est à la fois chef de l’administration fédérale, de la diplomatie, des armées. Il  est par ailleurs l’unique détenteur du pouvoir exécutif. Outre ces nombreuses prérogatives, le Président est ainsi le centre d’impulsion des décisions politiques aux Etats-Unis. Il est tout simplement le conducteur de la vie politique, il est aussi bien le chef à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur du pays. De plus il est tout seul au sommet de l’exécutif, les décisions qu’il prend ne sont pas collégiales, c’est ce qui fait de lui un organe incontestable dans le régime politique américain. Une autorité particulièrement forte ce dégage de cette instance rendant légitime son influence considérable.

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