Pierre Avril, Jean Gicquel, « Cohabitation »
Discours : Pierre Avril, Jean Gicquel, « Cohabitation ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ananas35689 • 23 Mars 2021 • Discours • 391 Mots (2 Pages) • 412 Vues
C’est Valéry Giscard d’Estaing qui employa d’abord le
terme, mais c’est Édouard Balladur qui s’en fit le stratège
après l’avoir repris à son compte en septembre 1983. Sa
connotation familière banalise en la dédramatisant une
situation jusque-là perçue comme une crise : celle qui
résulterait de la victoire aux élections législatives d’une
majorité hostile au président de la République.
L’hypothèse fut évoquée pour première fois en décembre
1965, après que la mise en ballottage du général de Gaulle
eut ouvert à l’opposition l’espoir d’une revanche lors des
prochaines élections législatives, « troisième tour » de
l’élection présidentielle, selon Jacques Fauvet.
L’enjeu
La primauté présidentielle qui caractérise la
Ve République s’est établie grâce au suffrage universel et
elle s’est maintenue parce que le chef de l’État disposait
d’une majorité parlementaire pour soutenir le
gouvernement qu’il nommait. Que cette majorité vienne à
faire défaut, le pouvoir ne risquait-il pas de retraverser la
Seine ? Les uns affirmaient que l’esprit de la Constitution
excluait que le président de la République se soumît, car
une telle attitude compromettrait irrémédiablement sa
fonction et ramènerait à la IVe République. Les autres
rétorquaient que la Constitution elle-même contenait cette
éventualité, et qu’il fallait en appliquer la lettre : ce serait
la première fois ajoutait-on parfois, qu’elle serait
respectée !
Cette problématique, qui ressuscitait la fameuse
controverse sur les deux « lectures » de la Constitution,
posait abstraitement un problème qui devait être envisagé
dans son contexte institutionnel et politique.
Institutionnellement, les acteurs se trouvaient insérés dans
un système bien établi de structures, organisées autour de
l’Élysée et de Matignon et de procédures décisionnelles,
articulées sur le conseil des ministres, dont une analyse
attentive avait permis à Jean Massot de décrire à l’avance
le fonctionnement probable en cas de cohabitation.
Politiquement, ce système s’imposait
...