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Extrait issu du roman Pierre Et Jean de Maupassant: Portrait Maréchal, Chapitre V

Dissertation : Extrait issu du roman Pierre Et Jean de Maupassant: Portrait Maréchal, Chapitre V. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2013  •  392 Mots (2 Pages)  •  2 219 Vues

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“ Voilà, dit-elle, je l'ai retrouvé presque tout de suite. ” Le docteur, le premier, avait tendu la main. Il reçut le portrait, et, d'un peu loin, à bout de bras, l'examina. Puis, sentant bien que sa mère le regardait, il leva lentement les yeux sur son frère, pour comparer. Il faillit dire, emporté par sa violence : “ Tiens, cela ressemble à Jean. ” S'il n'osa pas prononcer ces redoutables paroles, il manifesta sa pensée par la façon dont il comparait la figure vivante et la figure peinte.

Elles avaient, certes, des signes communs : la même barbe et le même front, mais rien d'assez précis pour permettre de déclarer : “ Voilà le père, et voilà le fils. ” C'était plutôt un air de famille, une parenté de physionomies qu'anime le même sang. Or, ce qui fut pour Pierre plus décisif encore que cette allure des visages, c'est que sa mère s'était levée, avait tourné le dos et feignait d'enfermer, avec trop de lenteur, le sucre et le cassis dans un placard.

Elle avait compris qu'il savait, ou du moins qu'il soupçonnait !

“ Passe-moi donc ça ”, disait Roland.

Pierre tendit la miniature et son père attira la bougie pour bien voir ; puis il murmura d'une voix attendrie :

“ Pauvre garçon ! dire qu'il était comme ça quand nous l'avons connu. Cristi ! comme ça va vite ! Il était joli homme, tout de même, à cette époque, et si plaisant de manières, n'est-ce pas, Louise ? ”

Comme sa femme ne répondait pas, il reprit :

“ Et quel caractère égal ! Je ne lui ai jamais vu de mauvaise humeur. Voilà, c'est fini, il n'en reste plus rien... que ce qu'il a laissé à Jean. Enfin, on pourra jurer que celui-là s est montré bon ami et fidèle jusqu'au bout. Même en mourant il ne nous a pas oubliés. ” Jean, à son tour, tendit le bras pour prendre le portrait. Il le contempla quelques instants, puis avec regret :

“ Moi, je ne le reconnais pas du tout. Je ne me le rappelle qu'avec ses cheveux blancs. ” Et il rendit la miniature à sa mère. Elle y jeta un regard rapide, vite détourné, qui semblait craintif ; puis de sa voix naturelle :

“ Cela t'appartient maintenant, mon Jeannot, puisque tu es son héritier. Nous le porterons dans ton nouvel appartement. ”

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