Le contrat social

Sur le plan juridique, « l'État peut être considéré comme l'ensemble des pouvoirs d'autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les citoyens et les individus en vue de faire prévaloir ce qu'on appelle l'intérêt général, et avec une nuance éthique le bien public ou le bien commun. ». L’État est donc une volonté humaine de structure stable. Cependant, on peut se demander pourquoi vivre en société est une telle nécessité pour l’Homme. Ce dernier pourrait sans doute vivre indépendamment des autres. Nombreux sont les philosophes qui ont tenté de répondre à cette question. En effet, l’origine de l’Etat est souvent discutée, et plusieurs théories ont été proposées au cours du temps. L’une d’entre elles, est la théorie de l’Etat prédateur, qui serait imposé aux citoyens par une partie de la population possédant le monopole de la force. Il existe également la théorie du contrat social. Celle-ci est une solution proposée au problème de la justification de la société civile, elle affirme que la création de l’Etat est le résultat d’une action volontaire du peuple. En effet, le contrat social, contrat fictif, est un accord que fait l’Homme avec l’Etat en reniant une petite partie de ses libertés individuelles, en abandonnant son état de nature, pour vivre en communauté. Il y trouvera son intérêt : sécurité et avantages de la coopération sociale. Nous nous pencherons sur la théorie du contrat social à travers les différents avis de Hobbes, Locke et Rousseau.

Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIème siècle, expose sa conception du contrat social dans son ouvrage Le Léviathan (1650). Le Léviathan y est représenté comme un monstre biblique, dont il dit qu’aucune puissance sur Terre ne lui est comparable. Le monstre, associé à l’Etat, est une créature artificielle qui a été créée par l’Homme et pour sa propre défense. Dans son oeuvre, le caractère artificiel de l’Etat est souvent mis en avant. Par ailleurs, Hobbes, s’est affirmé très absolutiste dans la doctrine du contrat social. Pour lui, cet accord garantie la sécurité des sujets : ils sont en quelque sorte privés de leur état naturel, et donc épargnés de l’anarchie presque animale qui pourrait régner par défaut. Instituer un Etat, un ordre à respecter est une source de sureté pour la population selon lui. L’état de nature est, d’après le philosophe, « l’horrible état de guerre de chacun contre chacun » car « l’homme est un loup pour l’homme ». De plus, son système repose sur deux postulats : le premier est que les hommes sont égoïstes et ne recherchent que leur satisfaction individuelle, le second consiste à dire que les hommes sont égaux car même le plus faible peut menacer la sécurité du plus fort. Dans cet état de guerre, rien ne peut être injuste. L’état de nature est donc un état d’insécurité perpétuelle dont les hommes cherchent à sortir. Le contrat social pour Hobbes est donc une sorte de pacte de « non-agression » que les hommes signent pour garantir leur sécurité. L’être humain se soumettrait donc volontairement pour préserver l’ordre social et avoir une société stable. Dans l’oeuvre de Hobbes, le Leviathan semble disposer de tous les droits, ne pourrait-il donc pas abuser de ce pouvoir ? C’est un des dangers de cette théorie qui est admis par Hobbes.

John Locke (1632-1704) est l’un des premiers penseurs du libéralisme. Dans ses trois Essais sur le gouvernement civil, il expose une version nouvelle de la doctrine contractuelle de l’Etat. Cependant, Locke et le philosophe Hobbes sont en accord sur 2 points du contrat social : celui-ci doit garantir la sécurité et préserver la propriété, c’est-à-dire permettre à l’individu de disposer pleinement de ses biens. Mais contrairement à Hobbes, Locke pense que l’état de nature est un état d’harmonie et de liberté raisonnable. Il n’est donc pas un état de guerre, la stabilité est déjà instaurée. Il n'y aurait

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