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La royauté homérique

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Par   •  3 Octobre 2017  •  Chronologie  •  27 859 Mots (112 Pages)  •  1 748 Vues

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1.La royauté homérique

 

Après une période mycénienne riche, celle-ci va s'éteindre subitement sans aucune cause véritable, on pense à des invasions des Balkans ou un essoufflement de ce système, laissant ainsi place à de la piraterie et à des guerres fratricides dans le but de survivre. Dans ce contexte, c'est à partir du IXe siècle que commence la société homérique, ce qui correspond aux écrits d'Homère que sont l'Iliade et l'Odyssée. On constate la renaissance de certains sites comme Athènes et l’apparition de sites nouveaux comme Thèbes, Sparte, Argos. On pourrait situer à la même époque la composition des poèmes attribués à Homère. La cité homérique est dirigée par un basileus. Quant à savoir s’il s’agit d’un roi, les caractéristiques de sa royauté restent controversées. Le roi de l’époque d’Homère tient son pouvoir des Dieux dont il descend. L’Iliade en donne de multiples exemples. Achille descend de Zeus par son père Pélée, comme Ulysse qui en descend lui aussi par son père Laërte. Le pouvoir est donc détenu par une famille choisie par les dieux, ce qui lui donne une grande légitimité à exercer le pouvoir, et acceptée par le peuple. Le symbole de son autorité est le bâton de pouvoir, le sceptre qu’Agamemnon utilise encore parfois comme d’une arme en le maniant à la manière d’un gourdin. La transmission du pouvoir royal est dynastique selon l’ordre de primogéniture i.e. que l’aîné des fils du roi défunt lui succède. Et de fait, l’exemple de Télémaque semble montrer ce pouvoir héréditaire, car il semble régner en l’absence de son père. Il convoque l’assemblée, siège sur le trône d’Ulysse et il empoigne le sceptre avant de parler.

 

Et l’Assemblée ne l’aide pas et ne lui accorde pas de navire. Mais il est fragile, instable, comme le montrent les intrigues des prétendants de Pénélope [raconter qu’ils essaient même de tuer Télémaque], ou Hector déplorant que son fils soit obligé d’aller mendier auprès des anciens compagnons d’armes de son père qui le repoussent avec mépris (Il. XXII, 490-496). D’ailleurs les successions sont rarement héréditaires, et signe qui ne trompe pas, les généalogies des héros courent sur peu de générations. Quelles sont les fonctions de ce roi ? Il participe aux cérémonies du culte aux côtés des prêtres. Mais, il exerce rarement des fonctions directement religieuses. Il est plutôt un intermédiaire entre son peuple et les dieux. Surtout, c’est un chef de guerre qui conduit en personne l’armée au combat et y participe après y avoir été mené sur son char de combat. Puis il en descend pour combattre à pied. L’autre source de sa puissance est sa richesse, qu’il acquiert d’ailleurs grâce au butin de guerre. Il est le « pasteur de peuples », selon l’expression répétée près de cinquante fois entre l’Iliade et l’Odyssée. Il est finalement un despotês, et Aristote analysera son pouvoir comme celui du père famille sur ses enfants ou du maître sur ses esclaves. Il est différent du roi de la tradition indo-européenne dont la puissance est davantage religieuse que guerrière. Selon Hésiode, dans sa Théogonie, le roi des dieux, Zeus, est d’ailleurs accompagné par deux personnages qui le suivent constamment, les titans Kratos et Biè, i.e. Domination et Violence. Mais, à la différence des temps ultérieurs il n’agit pas en législateur. Cependant il est un roi justicier dont le symbole est son sceptre. Il est en effet « celui qui administre la Thémis ». C’est lui qui dit le droit. Cette Thémis est ce qui est licite, le droit qui est proclamé par le roi. Ce faisant elle ignore le concept de loi écrite ou nomos qui n’existe pas encore. Concrètement, elle consiste dans des précédents judiciaires dont la conservation est confiée à des personnages qui sont nommés les mémoires, les « mnemones ». Le roi est donc avant tout un juge, et c’est en jugeant qu’il élabore la législation. On le voit dans le chant XI de l’Odyssée, quand Ulysse descend aux enfers. Là, Minos, « tenant le sceptre d’or ; le roi siégeait pour rendre la justice aux défunts ». Le terme qui indique cette activité judiciaire est themistevein. Et à la lecture des poèmes on ne peut qu’être frappé de la fragilité de son pouvoir. Souvent son peuple ou ses vassaux s’opposent à lui avec succès. Son pouvoir est faible. A côté du roi, on trouve une assemblée des guerriers, ainsi que le mentionne le chant II de L’Iliade. C’est le conseil des compagnons du roi, eux aussi nobles et pouvant avoir le titre de roi. Ce qui indique que de multiples degrés sont possibles dans la royauté de l’époque homérique : on peut être basileus, roi, basileuteros, plus roi qu’un autre, ou comme Agamemnon basileutatos, plus roi que tous les autres. Ces nobles forment donc le conseil du roi et se réunissent au palais royal ou se trouve le Prytanée ou feu sacré. Le roi y a le pouvoir de décision, mais il doit écouter l’avis des sages et s’y conformer. C’est ainsi que la Thémis (exercice du droit) sera conforme à la Diké, justice droite. La Thémis du roi doit donc être conforme à l’idéal de justice exprimé par la Diké. Cette assemblée est aussi réunie en temps et réunit le peuple ou «laos». Plus tard ce sera le «demos. Il se réunit sur la place ou agora. Aucune organisation n’est prévue, c’est selon les vers de l’Odyssée, «la masse de ceux qui n’ont pas pris part au conseil». Le roi la convoque lorsqu’il le juge opportun et la consulte sur la question qu’il veut. Mais il n’est pas le seul à pouvoir la convoquer. En outre, pendant 20 ans, ni l’assemblée ni le conseil n’ont été convoqués. Donc seul le roi peut le faire. Donc, quand Télémaque la convoque, il agit en citoyen et non en prince régnant. De même, dans l’Iliade, c’est Hector et non Priam qui convoque et dissout l’Assemblée. L’assemblée n’hésite pas à se montrer hostile au roi. Mais à la manière d’un témoin, d’un observateur. En effet le peuple a rôle passif et muet, mais c’est lui qui accorde ou refuse la confiance. Et malgré les apparences, cette assemblée est importante. En effet, quand Ulysse relate son séjour chez les cyclopes, il montre que la sauvagerie est le principe de leur société par cette description : « Chez eux, pas d’assemblées qui jugent ou délibèrent, pas de lois (thesmistes), mais au haut des montagnes, au creux des cavernes, chacun, sans s’occuper d’autrui, dicte sa loi à ses enfants et ses femmes » (chant IX). La plus haute autorité est chez eux le chef de famille, et ne possèdent pas de vie publique, cette assemblée, qu’Homère appelle « gloire des hommes » dans le premier chant de l’Iliade, v. 490. On voit apparaître deux éléments importants dans les temps suivants, l’aristocratie et le peuple qui fonctionnent en assemblées. Finalement, ces cités paraissent petit à petit moins organisées que les états mycéniens. A la tête de la cité, il y a certes un roi assisté d’un conseil d’anciens, mais la bureaucratie a disparu, ainsi que la classe professionnelle de soldats. Le droit de porter les armes semble être le privilège exclusif des chefs, ce qui peut être l’origine de l’aristocratie

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