Démocratie et opposition

 « Est démocratique le régime politique qui organise des élections où l’opposition a une chance de gagner ». Cette formule du grand politiste américain Robert Dahl, est certes quelque peu paradoxale mais n’est pas une contradiction pour autant. En effet, en s’accommodant avec sa traduction juridique et avec l’équilibre sociologique, ce paradoxe se présente comme le principe accordant aux partis démocratiques une concurrence libre et égale pour l’acquisition de la majorité et de l’accession au pouvoir.

La démocratie se définit comme un principe de légitimité du pouvoir politique tant qu’il procède du peuple. Elle fut le régime politique de certaines anciennes cités et est vite devenue le régime politique dominant des temps modernes. Dire que la modernité se veut démocratique signifie que du communisme au fascisme en passant par le nationalisme, le socialisme et le libéralisme, tous les mouvements, idéologies et régimes ont pour source légitime le peuple. Etymologiquement, la démocratie vient du latin « demos cratos » représentant le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple qui peut se traduire par l’autogouvernement populaire ; la démocratie est donc l’opposé de tout pouvoir n’émanant pas du peuple. Ce régime politique a pour aspects fondamentaux l’opposition politique, la renaissance du pluralisme ainsi que la proclamation des droits et libertés.

La pierre angulaire de tout Etat qui se veut démocratique s’incarne dans les partis politiques. Ces derniers rassemblent les intérêts collectifs, les énonce comme étant des options politiques et livrent des agencements de participation politique. D’autre part, dans le but de trouver une issue de contrôle des institutions gouvernementales, ces partis forment des dirigeants politiques et prennent part aux élections. Les partis constituant la majorité offrent une base d’organisation de la formation du gouvernement, tant dis que ceux qui constituent la minorité fournissent une opposition stable et durable ou encore une solution de remplacement du gouvernement.

Les partis politiques ont un rôle déterminant et indispensable dans l’établissement et le maintien d’une démocratie. La bonne organisation des partis leur permet de contester et/ou de gagner des élections, de former des leaders politiques, d’offrir diverses possibilités à la politique et de rassembler et incarner les intérêts sociaux. La concurrence entre les partis appuie la responsabilité du gouvernement et garantie des solutions efficaces et sensibles aux problèmes publics.

Evidemment tous les partis de satisfont pas les nécessités politiques de la même façon, dans des mesures identiques. Les approches et aptitudes d’un parti peuvent être affectées autant par des facteurs internes qu’externes comme par exemple la nature du système partisan qui peut imposer diverses requêtes sur la structure du parti et sur sa procédure de programmation stratégique, selon que ce système soit parlementaire ou présidentiel et que les scrutins électifs soient effectués à travers des listes ouvertes ou des listes closes. Le critère financier peut lui aussi limiter les partis politiques naissants. Les organisateurs et les leaders sont un pilier majeur des partis politiques dits « efficaces » car ils comprennent la charge de ces partis au sein d’une démocratie et ont la possibilité d’avoir recours de manière profitable les techniques modernes d’obtention d’informations et de fonds, d’organisation et de communication. De cela nous pouvons nous interroger sur comment la possibilité donnée par la démocratie à l’opposition de se voir accéder au pouvoir est devenue un véritable pilier représentatif de ce régime politique qu’est la démocratie. Pour nous permettre de répondre à ce questionnement, nous verrons tout d’abord ce qu’est opposition et démocratie (I) pour ensuite nous intéresser aux relations entre ces deux éléments politiques (II).

1. Démocratie et opposition.

Au préalable, afin de pouvoir éclairer le questionnement sur l’opposition étant le moyen de démocratisation d’un Etat, il est essentiel de bien comprendre et le système pluraliste qu’est la démocratie (A) et l’opposition (B).

1. Démocratie et système pluraliste.

Dans tout système pluraliste, la démocratie se traduit par l’existence d’une contestation dument acceptée par le pouvoir politique, l’opposition fait partie de la grande famille des institutions politiques d’un régime démocratique. Elle assure le jeu de la concurrence, au sein des rouages de l’Etat, dans le plus grand respect de l’autre et des différences, pour l’exercice du pouvoir. Cette concurrence politique s’effectue essentiellement au sein du parlement entre majorité, opposition et coalition en dehors de l’enceinte parlementaire, l’opposition s’exprime et propage ses idées et ses programmes en usant de plans de communication conçus par des spécialistes dans le but est de parfaire sans cesse son image par le biais de divers vecteurs (web, presse écrite, audiovisuel…etc)

L’opposition est un pilier assurant la stabilité et l’équilibre d’un système pluraliste, c’est aussi une vitrine reflétant la qualité de l’exercice démocratique de l’Etat. Afin de garantir aux citoyens la liberté de choix dans leurs affiliations politiques et lors du vote le jour des élections, un pluralisme politique est plus qu’indispensable. Le rôle accordé à l’opposition est le reflet de la démocratie des institutions.

1. Retour sur ce qu’est l’opposition.

George Vedel, professeur français de droit public définit l’opposition comme suit « Un parti ou un groupe de parti, unis dans la perspective de conquête du pouvoir politique »

Comme son nom l’indique, l’opposition est un panel de partis politiques et de mouvements (associatifs et autres) ne faisant pas partie de la sphère de la majorité parlementaire et les coalitions au pouvoir qui gravitent autour. Ces acteurs sont un garde-fou pour l’action du gouvernement en faisant valoir leurs critiques et divergences quant à tout ce qui touche aux intérêts des citoyens par le biais des lois, décrets et décisions gouvernementaux dits « impopulaires ». L’efficacité, la pertinence et l’objectivité, entre autres critères, font la popularité d’un parti politique dont l’objectif majeur est d’accéder au pouvoir. Dans cette course, le respect de toutes les institutions de l’Etat et ses lois est de mise. Sans cette règle la démocratie se transforme en autocratie. Il est possible donc de dire que l’opposition est le gardien des droits et libertés et assure une alternance politique par la mise en place du multipartisme et en permettant un renouvellement de la classe politique.

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