Droit environnement et politique
Cours : Droit environnement et politique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marianne Mesans • 5 Janvier 2022 • Cours • 23 921 Mots (96 Pages) • 355 Vues
ENVIRONNEMENT ET POLITIQUE
INTRODUCTION
La question environnementale est devenue incontournable dans l’espace public, omniprésente à travers différentes dimensions tels que des mouvements qui émanent de la société civile (marche pour le climat) mais également dans le paysage politique. La question climatique est intimement liée, elle est devenue paradigmatique, cad qu’elle devient le sujet environnemental par excellence, la COP21 par exemple a consacré cette présence. Cette question a tendance à faire de l’ombre dans l’espace politique vis-à-vis d’autre thématique telle que la biodiversité, qui néanmoins se développe également .
On peut également citer le Congrès de la Nature à Marseille, ouvert par le président Emmanuel Macron, qui témoigne symboliquement de l’importance de la question en marquant un engagement politique de son gouvernement, ce sont des choses qui n’existaient pas il y a 10/20 ans.
On trouve dès lors un discours ambiant, notamment dans la littérature scientifique, selon lequel il s’agirait d’une « réflexivité » sur les dégradations environnementales. Cette idée est associée à l’auteur Ulrich Beck qui a introduit l’idée des « catastrophes » qui n’ont rien de naturel mais qui ne sont que la conséquence de l’action humaine, la société ne subit donc plus de risques mais les engendre.
Ce point de vue qui s’est imposé est à nuancer et à mettre en perspective, en effet il est trompeur car d’une part la réflexion de l’Homme sur la Nature n’est pas récente, elle est assez ancienne, certains travaux d’historiens témoignent de cela. ( JB. Fressoz) et ne date pas de l’époque pré-contemporaine. L’aspect « très nouveau » est à nuancer.
Il s’agit donc de savoir comment ces questions environnementales se sont traduites à travers le temps.
• Définition : Environnement*
Le terme d’Ecologie est antérieur, qui renvoie à une approche scientifique qui étudie les interdépendances entre les vivants. Le terme d’Environnement apparaît quant à lui dans les années 60, durant le contexte où des mouvements de sensibilisations émergent (explosions post seconde guerre mondiale, produit issus du pétrole, nouveautés technologique, pesticides..). Ce terme est repris par le vocabulaire anglo-saxons, il y a une coupure entre l’Homme le vivant et l’Environnement qui lui serait extérieur en constituant un adstrat. Ce terme est généralement indifférencié par rapport aux notions de paysages, de nature..
Cette idée est en réalité à nuancer puisqu’elle ne tient pas face à l’empire de l’Homme, la nature est travaillée par l’Homme (déchets, pollutions..) il existe donc un lien outre l’utilisation non dégradante, l’Homme fait donc parti de l’Environnement il en est une partie prenante. Certains auteurs tels que James Lovelock montrera que cette coupure est tout à fait contestable, il considérera que l’ensemble des êtres qui agissent et interagissent participent au processus de genèse des conditions chimiques et même géologiques de la planète, c’est une idée qui sera reprise par Bruno Latour ; on ne peut pas dissocier les deux (autre exemple avec la photosynthèse, l’air qu’on respire n’est pas extérieur, il est le résultat des interactions entre les vivants).
Derrière ce terme, il peut y avoir des visions différentes entre l’Homme et son Environnement, un philosophe du nom de Hanry Naess considère qu’il existe deux extrêmes :
- l’éco-centrisme : on peut parler du « biocentrism, deep ecology » qui est une écologie profonde, selon laquelle la Terre est un écosystème interdépendant dans lequel tout est lié (hypothèse GAIA qui considère que la Terre elle-même est un être vivant au-delà de toute coupure entre Homme et Nature), avec cette approche l’Homme n’est qu’une espèce parmi d’autre mais qui doit rester à sa place, l’exploitation outrancière des ressources naturelles n’est pas justifiée ni légitime. L’Homme doit donc vivre en harmonie et ne pas asservir l’Environnement pour des intérêts personnels au détriment de cet écosystème.
Dans cette approche l’Homme est stigmatisé comme une menace, on peut notamment trouver des mouvements sociaux qualifiés d’ « écofascistes » qui peuvent mener à des dérives telles de l’exclusion de certaines populations au profit de la Nature, à titre d’exemple les discours sur l’Amazonie selon lesquels « tous fléau naturel sur les populations locales serait le bienvenu » ou encore la construction des parcs naturels en Afrique par les grandes associations (WWF, UNESCO..) au détriment des populations locales.
-l’anthropocentrisme : qui à l’inverse place l’Homme dans une relation de prééminence par rapport à cet Environnement, aujourd’hui c’est la vision qui reste notamment dans les politiques environnementales, qui vont se préoccuper de la Nature par rapport aux Humains, on parle notamment de « ressources naturelles » pour l’eau, le bois, les forêts parce qu’elles constituent un intérêt pour l’Humain. Cette approche vise donc à protéger la Nature non pas par sa valeur en soi mais uniquement dans un intérêt utilitariste par rapport aux usages et aux bien-être des Humains. Aujourd’hui, pour arriver à protéger la biodiversité il faut parvenir à démontrer que cette protection à une visée utilitaire, que la Nature « rend des services » à l’Homme ; à titre d’exemple les zones humides sont des écosystèmes très riches (insectes, oiseaux..) ont donné naissance à une Convention qui a vocation à les protéger.
Dans le champs politique, René Dumont est le premier candidat qui se présente en tant qu’écologiste aux élections présidentielles en France en 1974, c’est celui qui a mis la question environnementale au centre du débat politique. (sa candidature a été poussé par Les Amis de la Terre). Les années 70 constituent la période de politisations de l’Environnement, mais c’est également la législation environnementale qui émerge, elle porte essentiellement sur les questions de dégradations liées à la révolution industrielle et à la pollution.
Aussi, de nombreuses institutions se créent, en 1970 l’EPA est créé aux Etats-Unis, le ministère de l’Environnement en France est créé en 1971, ce n’est pas un ministère fort, il est créé dans une logique d’évolution contemporaine..
Les mouvements sociaux qui se politisent donnent naissance en Europe à des partis politiques, le premier apparaît en 1980 en Allemagne « die Grün » qui est le pays précurseur politiquement
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