Commentaire de la décision du 16 juillet 1971 relative à la liberté d’association, du Conseil Constitutionnel.
Commentaire de texte : Commentaire de la décision du 16 juillet 1971 relative à la liberté d’association, du Conseil Constitutionnel.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eva_pl • 7 Novembre 2021 • Commentaire de texte • 1 439 Mots (6 Pages) • 1 155 Vues
"Une constitution, c'est un esprit, des institutions, une pratique" déclare Charles de Gaulle lors d'une conférence de presse le 31 janvier 1964.
La Constitution de la Ve République (article 56 de la Constitution) instaure un organe étranger à la tradition constitutionnelle française : le Conseil Constitutionnel. Il est un organe régulateur de l'activité des pouvoirs publics et statue sur la conformité des lois et des règlements des assemblées d'après les articles 54, 61 et 62 de la Constitution. Il est composé de 9 membres nommés pour 9 ans. De plus, les anciens présidents de la République y sont des membres de droit et s'ajoutent aux 9 membres cités précédemment. Ici, sera commenté la décision du 16 juillet 1971 relative à la liberté d'association, n° 71-44 DC. A l’origine de cette décision, Simone de Beauvoir et Michel Leiris souhaitent créer une association afin de soutenir un journal d'extrème gauche "La cause du peuple". Cependant à l'initiative du ministre de l'interieur, Raymond Marcellin, le prefet de police de Paris refuse de donner aux deux philosophes le recipissé en raison de l'objet de leur association. Mais le tribunal administratif fait droit à leur requête et annule le refus du préfet car il est illégal en vertu de la loi de 1901 qui autorise les associations à se former librement, sans aucun contrôle de l'administration. Raymond Marcellin, fervent anti-gauchiste, décide de modifier la loi de 1901 en y introduisant une procédure de contrôle préalable sur l'objet des associations qui sont déclarés en préfecture. Le Sénat n'étant pas d'accord avec cette disposition, quatre lectures ont lieu au Parlement mais le dernier mot revenant à l'Assemblée Nationale, la disposition est adoptée. Le président du Sénat saisit alors le Conseil Constitutionnel avant même que la loi soit définitivement adoptée, il considère que cette loi est contraire à la Constitution.
La décision du 16 juillet 1971 est relative à la liberté d'association. Dans cette décision, le Conseil Constitutionnel ne trouvant nulle part la mention de la liberté d'association a l'idée de regarder dans le Préambule de la Constitution de 1946. Il n'y trouve rien de concret mais une formule intéressante car très malléable "les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République" (Préambule de 1946, alinéa 1). Ce qui est désigné par "principes fondamentaux" est assez vague, cela est dû au fait que lors de l'élaboration de la Constitution de 1946 les trois principaux partis (SFIO, PCF et MRP) ne s'entendaient pas sur ce que contenait cette formule. Le Conseil Constitutionnel va alors considérer que le principe de la liberté d'association relève des "principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ». Ainsi les modifications à l'initiative de Raymond Marcellin sont déclarées non conformes à la Constitution
La décision du 16 juillet 1971 est primordiale car elle confère une valeur constitutionnelle au préambule de la Constitution et créée ainsi le bloc de constitutionnalité.
Dans quelle mesure la décision du 16 juillet 1971 marque-t-elle un tournant en droit constitutionnel français ?
Sera tout d'abord étudié l'interprétation jurisprudentielle du Conseil Constitutionnel, facteur d'évolution du droit constitutionnel (I). Puis, l'évolution du rôle du Conseil Constitutionnel sera traitée (II).
I- L'interprétation jurisprudentielle du conseil constitutionnel, facteur d'évolution du droit constitutionnel.
La liberté d’association élevée au rang de principe fondamental reconnu par les lois de la République et la création du bloc de constitutionnalité marquent l’évolution fulgurente du droit constitutionnel.
A- La liberté d'association élevée au rang de principe fondamental reconnu par les lois de la République.
"Considérant qu'au nombre des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République (…) il y a lieu de ranger le principe de la liberté d'association". Par cette afirmation, le Conseil Constitutionnel attribue le rang de principe fondamental au principe de liberté d'association. Cependant la liberté d'association n'est jamais évoquée dans la Constitution malgré qu'il soit possible de la rapprocher du principe de la liberté des partis politiques, se trouvant à l'article 4 de la Constitution. C'est pourquoi le Conseil constitutionel s'est penché sur le préambule de la Constitution. Par le biais du préambule de la Constitution, le Conseil constitutionnel élève le principe de liberté d'association au rang de principe fondamental. Ainsi, le Conseil constitutionnel a modifié l'application stricte de la Constitution en faisant de la liberté d'association un principe fondamental.
Elever la liberté d'association au rang de principe fondamental reconnu par les lois de République a eu comme effet la création du bloc
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