DOMINIQUE MEDA

Fiche de lecture sur un ouvrage de recherche

Le travail, une valeur en voie de disparition ?

Dominique MEDA, Flammarion, 2021

Dominique Méda a pour projet de démontrer que l’analyse critique et réflexive développée par la philosophie est nécessaire à notre société contemporaine.

L’ouvrage s’appuie sur la pensée philosophico-politique et l’histoire, pour proposer un éclairage du concept « valeur travail ». Il met en évidence une problématique en faisant l’état des lieux de la place du travail, de l’économie et du politique dans notre société. Après avoir analysé l’essence du paradoxe à l’origine de la problématique, l’auteure propose des outils de réflexion qui conduisent à penser des solutions.

Le résumé des résultats de recherche

D’après l’auteure, le travail occupe une place prépondérante pour définir le bien être individuel et social. Elle repère néanmoins une augmentation du chômage et une vision partagée du caractère aliénant du travail. Ce paradoxe lui semble à l’origine de nombreux maux individuels et collectifs, ainsi que du risque de dissolution sociale.

D. Méda a un postulat de départ, le travail est une invention récente.

Elle se réfère à A. Smith pour démontrer qu’il faut attendre la fin du XVIIIème  siècle pour qu’une vision économique du travail émerge. Puis Hegel qui, au XIXème  siècle, conceptualise la « glorification » du travail et le défini comme étant un idéal de création et de réalisation de soi. Elle cite ensuite K. Marx qui voit dans la réalité du travail une forme aliénée, car il est réduit au rang de moyen au service de l’enrichissement.

Selon l’auteure, dans notre société, l’économie prend une place grandissante au détriment d’une régulation politique.

D. Méda soulève une problématique : la valeur travail repose  sur une utopie. Le travail est considéré comme étant une œuvre et le fondement de notre société. Or il est aliénant car s’inscrit, dans une vision économique qui réduit le lien social au système marchand capitaliste.

Elle préconise de « désenchanter le travail », en réduisant sa place dans nos vies, afin que se développe à côté de la production d’autres modes de sociabilité, d’expression, de gestion collective et d’acquisition d’une identité. Pour ceci elle pense qu’il faut garantir un accès égal au travail à chaque individu, viser un partage acceptable de l’emploi et accepter d’autres moyens de distribution du revenu.

L’auteure invite à un changement de paradigme de la valeur travail qui émergerait par une nouvelle philosophie politique plus égalitaire, plaçant la communauté civile avant la communauté marchande.

L’expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD),  un projet innovant qui reconnaît la centralité du travail comme facteur d’inclusion sociale

En me référant à D. Méda, je pose l’hypothèse que le projet TZCLD participe à « désenchanter le travail ». En effet, il permet la création d’entreprises à but d’emploi (EBE) dont l’objectif est de fournir un travail à toute personne privée durablement d’emploi volontaire. En activant des dépenses passives (chômage, etc.) pour financer les salaires, l’EBE distribue des revenus d’une façon novatrice qui ne repose pas sur les gains de production.

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