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Le Respect Des Opinions Peut-il être Un Obstacle à La Rechercher De La vérité ?

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Par   •  12 Mai 2013  •  1 777 Mots (8 Pages)  •  3 124 Vues

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La diversité des opinions montre qu’elles ne sont pas fondées. C’est pourquoi le respect des opinions qui n’implique nullement d’adhérer à toutes, ce qui est impossible, n’est pas du tout un obstacle à la recherche de la vérité. Dans les sociétés démocratiques, la science et la philosophie se développent sans difficultés.

Pourtant, comme dans ces sociétés, c’est un principe de respecter les opinions, on admet que chacun peut avoir les siennes et qu’il ne faut surtout pas aller à leur encontre. Lorsque quelqu’un dit : « c’est mon opinion », c’est comme s’il voulait indiquer qu’il n’est pas possible d’aller plus loin. Dès lors, un tel principe apparaît nettement comme un obstacle possible à la recherche de la vérité qui implique au contraire de remettre en cause ce qu’on tient simplement pour vrai.

Dès lors, on peut se demander s’il est possible que le respect des opinions puisse être un obstacle à la recherche de la vérité.

On examinera d’abord si le respect des opinions n’est pas propice à la recherche de la vérité. Ensuite, on se demandera s’il ne conduit pas à en éliminer l’idée. Enfin on examinera si la destruction des opinions, autrement dit, le refus de les respecter, n’est pas la condition pour la recherche de la vérité.

Le respect des opinions doit s’entendre tout d’abord comme le fait de les considérer comme ayant une certaine valeur. Il y va pour un groupe d’abord de ce qui le fonde. C’est qu’en effet, les prescriptions sociales sont accompagnées d’opinions qui expriment les valeurs auxquelles croient les membres du groupe. Les opinions ainsi constituées forment comme un système. Les respecter, c’est admettre les valeurs du groupe. On montre ainsi une attitude morale. Avant d’être vraie ou fausse, une opinion est bonne ou mauvaise. Cela a un sens de les respecter. Or, la première condition pour que la recherche de la vérité soit possible est qu’on admette son existence car comment chercher ce dont on pense qu’il n’existe pas. Nietzsche disait bien dans le Gai savoir que la conviction de la nécessité de la vérité précédait nécessairement sa recherche. C’est pour cela qu’il est impossible de concevoir une communauté où il serait impossible à cause du respect des opinions de rechercher la vérité.

Et il s’agit bien d’opinions car elles ne sont pas à discuter. Leur vérité, car elles en ont aussi une, s’admet sans preuve. En ce sens, les croyances religieuses peuvent être considérées comme des opinions, surtout lorsqu’elles sont simplement reçues. Une opinion sur un interdit alimentaire passera pour absolument vraie puisqu’il nous lie à une communauté. Si on pense qu’il vient de la divinité, on s’approche de la foi. Toujours est-il que le respect des opinions n’interdit nullement que l’on cherche la vérité concernant ce qui sert à les mettre en œuvre. S’il est interdit de manger du porc comme dans le judaïsme, alors rechercher si telle viande est ou non du porc est même une nécessité. Ainsi dans les sociétés fortement hiérarchisées et très religieuses de l’Orient antique trouve-t-on les premières recherches en astronomie ou en mathématiques. Galilée (1564-1642), croyant catholique, n’a-t-il pas été aussi un grand physicien ?

Le respect des opinions ne peut pas non plus être un obstacle à la recherche de la vérité pour peu que se manifeste une certaine diversité des opinions. En Grèce ancienne, à partir de Thalès, le respect des opinions, à la fois de la Cité, mais également l’opinion de chacun dans sa conception de ce que doivent être les affaires de la cité, a accompagné la naissance de la philosophie et des sciences. Tout se passe comme si c’était ainsi ouvert un espace de débat qui ne s’est jamais tout à fait refermé.

Toutefois, le respect des opinions implique de les accepter et donc de ne pas les remettre en cause. Dès lors, lorsqu’il y a conflit entre les opinions et la recherche de la vérité, leur respect peut devenir un obstacle à la recherche de la vérité. Et même, un tel respect ne va-t-il pas jusqu’à rendre l’idée même de recherche de la vérité vaine ?

En effet, le respect des opinions suppose qu’elles soient toutes valables. Les discuter, c’est être prêt à reconnaître que finalement aucune n’est meilleure qu’une autre. Ce n’est donc pas pour rien que le respect des opinions a conduit à la remise en cause de l’idée d’une vérité absolue. Ainsi Protagoras, le grand sophiste, apprenait-il à ses élèves à faire des discours pour ou contre n’importe quelle opinion. C’est ce que les Athéniens dénonçaient en considérant que cela revenait à transformer une bonne cause en une mauvaise. On le voit dans le Ménon de Platon où Anytos, le démocrate, se fâche d’entendre parler des sophistes comme d’enseignants valables.

C’est que les sophistes à l’instar de Protagoras admettaient que toutes les opinions sont vraies. Il concevait ainsi la possibilité du régime politique athénien, la démocratie. Chacun y donne son opinion sur les affaires de la cité. Au témoignage de Platon dans le Cratyle[1], Protagoras aurait soutenu que les choses sont telles qu’elles apparaissent à chacun. Dès lors, c’est la vérité qui est relative, tout comme les opinions. Il ne peut être question de montrer à quiconque qu’il se trompe.

Le respect des opinions conduit donc à ne pas rechercher la vérité mais à rechercher à changer les opinions

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