Rousseau, la nouvelle Héloïse
Commentaire de texte : Rousseau, la nouvelle Héloïse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cucutoihell • 13 Février 2023 • Commentaire de texte • 2 195 Mots (9 Pages) • 448 Vues
Sommes nous heureux qu'en satisfaisant nos désirs ? A priori, le sentiment d'être satisfait lorsqu'on désire va de pair avec le bohneur. Rousseau va en effet le démontrer dans son texte, Julie ou La nouvelle héloise, en mettant en avant l'aspect négatif du désir. Son texte porte donc sur le désir, le bohneur et l'imagination. Le désir, du latin « desiderare », signifie regretter l'abscence de quelque chose ou de quelqu'un. Il est une forme de manque incessant toujours renaissant, qui rendrait impossible l'obtention du bohneur. C'est-à-dire que même si nous désirons être heureux, le désir pourrait lui-même nous condamner à ne jamais pouvoir l'être. L'imagination quant à elle c'est la faculté de former ou de transformer des images, des choses, dans son esprit. Mais est-ce que le monde imaginaire créé avec le désir, rendrai la vie de l'être humain digne d'être vécu ou, au contraire, est-ce le monde imaginaire, soit l'imagination, qui rendrait la réalité décevante, une réalité qui nous conviendrait si nous savions en jouir.
Rousseau tente de montrer ici que le désir qui pousse à l'imagination, produit des illusions agréables et que la satisfaction de ces mêmes désirent vont au contraire faire disparaître ses illusions agréables qui leur est liées. Dans la sixième partie de son texte, rousseau va tout d'abord expliquer que le désir commence là où débute le manque puisque désirer suffit à l'homme et lui apporte du bonheur. Dans un second temps, il va nous montrer que de sa propre réalisation, le désir prend fin. Il y aura donc une frustration de celui-ci et de son accomplissement.
Ce texte de Rousseau est une apologie du désir. D'après lui, je cite : « malheur qui n'a plus rien à désirer ». En effet, si une personne ne ressent plus le sentiment de désirer, alors elle n'est plus heureuse, puisque le seul fait de désirer quelque chose ou quelqu'un amène à une vie heureuse. Un homme qui ne désire pas est un homme qui n'a pas d'objectif vers lequel se diriger afin de donner un sens et du piment à sa vie. Le vrai bonheur ce n'est pas lorsque nous possédons l'objet ou la chose tant désirée, ce n'est pas celui qu'on croit. Mais le véritable bonheur se passe dans l'attente et l'espérance, soit le désir. D'après Rousseau, avec la disparition du désir : « on perd tout ce qu'on possède », c'est donc inversé la perception commune. Cette phrase est paradoxale. Car qu'est-ce que celui qui désire peut perdre, c'est-à-dire celui qui ne possède pas encore ? Il ne peut en effet rien perdre. Selon Rousseau, désiré c'est avoir pour but de posséder quelque chose que nous n'avons pas, tant que nous le désirons. Désirez, c'est constamment tendre vers la possession d'un objet, d'un bien, dont nous sommes privés. Alors, le fait de désirer anime la vie et le réel, celui-ci génère nos passions et nos conflits avec la morale, mais également nos fantasmes et nos idéaux. Le désir est aussi la raison de la plupart de nos rêves et de nos actions, mais c'est surtout ce qui nous sauve de l'ennui et du désespoir. Ce que dit Rousseau est donc vrai, le désir fait le bonheur de notre existence.
Lors de cette première partie, rousseau va associer l'épreuve du désir à celle d'une possession. Effectivement, plus nous en avons plus nous en voulons, comme une soif de désir, car en effet plus nous satisfaisons nos désirs, plus nous désirons et nous en voulons encore plus.
Contrairement à ce que pense la majorité des philosophes, que le désir est le symptôme d'un manque, Rousseau considère le désir comme un excès ou un abus de bonheur. Le désir ne se présente pas comme un manque mais plutôt comme une sorte d'énergie qui tend vers un objectif, ce qui va même empêcher d'apprécier le présent puisqu'il est dirigé vers un improbable avenir. Cet objectif est toujours un moyen d'atteindre un objet inaccessible. Si il était question d'un manque, alors le combler serait suffisant pour éteindre le désir, seulement ce n'est pas souvent le cas.
Habituellement, nous sommes heureux lorsque nous possédons un bien plutôt que lorsque nous le désirons, mais Rousseau en pense le contraire. C'est en effet le désir qui, selon lui, nous rendrait heureux et non pas la possession de ce que nous désirons. Autrement dit, la jouissance ne se présente pas dans la satisfaction du désir, mais elle est dans le désir lui-même. Ensuite, nous comprenons que celui-ci procure du plaisir parce que l'imagination anticipe sa réalisation. Il est tendu vers un but qui lui-même apporte du plaisir. Cette attente que nous avons lorsque nous voulons assouvir notre désir et d'une manière ou d'une autre une forme de jouissance qui n'a aucune déception puisque tout est imaginaire. C'est ainsi que le plaisir imaginé par nos fantasmes est exactement conforme au désir et à l'espoir.Donc finalement il est préférable de retarder la réalisation de notre désir, de nos attentes, pour mieux en profiter et en jouir, afin de ne pas prendre le risque d'être déçu si le plaisir réel est beaucoup moins intense qu'on ait pu l'imaginer et donc décevant. La possession tue le désire, c'est ainsi que l'homme se retrouve seul, ennuyé et vide à l'intérieur. Il n'a pas plus d'objectif. La thèse montre donc que le fait de posséder l'objet convoité donne une sorte de jouissance inférieure à celle de l'espérance de cette possession.
Rousseau affirme également :« en effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir ». Ici le « en effet » annonce et introduit les arguments que Rousseau va apporter au texte. En effet, celui-ci soutient que l'homme détient une certaine « avidité », c'est-à-dire un désir abusif pour quelque chose, une sorte de démesure, un caractère sans limite du désir et une impuissance à pouvoir le combler. L'auteur dit aussi que l'homme est « borné » car il a certaines limites et est placé sous le signe de la finitude. Celui-ci soutient que les désirs de l'homme sont infinis alors que l'homme lui-même est un être fragile et fini. Seulement, notre nature qui veut toujours « tout vouloir » nous amène au final à « peut obtenir ». Tout homme souhaite être heureux mais leur nature les amène au malheur. D'ailleurs, nous rêvons toujours d'un meilleur avenir qui n'existe pas. L'essence même du désir est de ne pas pouvoir l'assouvir, en effet aucun objet de ce monde ne peut le combler et celui-ci nous rend donc insatiable, insatisfait et malheureux. Mais alors l'homme est-il condamné à être malheureux ?
Rousseau n'est pas de cet avis et certifie que le malheur de l'homme est dû au décalage entre ses désirs illimités et ses capacités limitées à les accomplir. Le désir n'est alors pas le problème mais la solution car l'homme à " reçu du ciel une force consolante". Cette force va d'ailleurs rapprocher l'homme de "tout ce qu'il désire". Ce don du ciel, cette « force consolante », est une grâce de Dieu. C'est donc une chose positive et bénéfique pour l'homme car c'est une force et non pas une faiblesse. Ainsi, l'homme peut se consoler avec sa propre imagination puisque dans cette situation il n'est plus limité et restreint, et peut donc prendre ses désirs pour des réalités. Jean-Jacques Rousseau affirme que cette force est « consolante », ce qui veut dire qu'à un moment le désir va être considéré comme désespoir car une personne qui est heureuse n'a pas besoin d'être consolé. Donc ne faut-il pas penser que ce que l'auteur présente en un « don du ciel » serait en fait une malédiction ? Non, parce que le désespoir n'est peut-être pas indestructible, mais on peut le vaincre. Ainsi, on comprend que celle-ci est la capacité de représentation de ce que l'on désire.
Ensuite, rousseau va parler de l'imagination. Celle-ci représente la capacité de se libérer des contraintes du réel en les rendant imaginaire, tout cela selon les rêves de l'homme. Imaginer, c'est aussi avoir la faculté de produire des images, de rêver. Rousseau va alors décrire la puissance de l'imagination par rapport au désir. Puisque l'homme peut dépasser les limites du réel, la chose désirée est non seulement imaginée, mais aussi idéalisé. Il voit cette chose désirée comme une sublimation. L'homme peut donc modifier l'objet en fonction de ses désirs car cet objet n'a rien des contraintes du réel « le modifie au gré de sa passion ». Le désir a la capacité, à travers l'imagination, de rendre présent un objet qui est absent « le lui rend présent et sensible ». Ici, le terme « sensible » signifie que l'imagination peut remplacer un objet imaginaire par une vraie présence sensible. La jouissance de rêver de l'objet en convoité permet à l'imaginaire de se mêler au réel. C'est la raison pour laquelle l'objet absent ne conduit pas forcément au désespoir et à la souffrance. Cependant, comme nous l'avons vu, le désir ne jouit jamais plus lorsque l'objet est absent que lorsqu'il n'est présent.
"Mais tout se prestige disparaît devant l'objet même". En effet, l'objet n'est pas si différent de sa réalité. La satisfaction et le bonheur produit par le désir devient absent quand l'objet même se concrétise, quand il n'est plus désir et donc fictif mais réalité. Lorsque l'objet qu'on désire tant est devant nous, nous le trouvons moins beau que ce que nous pensions dans notre imagination. L'objet a été tellement idéalisé que lorsqu'il se présente à vous, vous en êtes énormément déçu. Il n'est donc plus possible de fantasmer sur l'objet présent. Car lorsque nous possédons l'objet, l'imagination n'arrive plus à l'embellir comme lorsque nous le possédions pas. Quand on obtient ce qu'on désire, on voit en nous une certaine déception car l'illusion se dissipe « on ne se figure point ce qu'on voit ».
Pour terminer,« l'illusion cesse où commence la jouissance ». Nous nous rendons compte qu'il n'y a de l'illusion et de la beauté que lors du désir, et que le plaisir qu'il procure est supérieur à celui de la possession et de la jouissance de l'objet désiré. C'est comme si l'on affirmait que le vrai jour de fête est la veille de la fête, car nous sommes tous excités lorsque nous préparons les préparatifs, lorsque nous attendons les invités... l'état heureux et joyeux dans lequel nous nous retrouvons lors de ces moments-là est presque mieux que la fête elle-même. De quelques manières nous rêvons nous fantasmons et nous idéalisons tellement l'objet tant désiré que lorsqu'il se présente de manière concrète, l'illusion que nous lui apportons ces car nous jouissons de sa présence. C'est ainsi que l'objet possédé va perdre toute sa beauté lorsqu'il n'est plus imaginaire. Donc, la jouissance imaginaire est heureuse mais la jouissance réelle est triste. En effet la jouissance réelle est liée à la déception car "on jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on est heureux qu'avant d'être heureux". Donc l'illusion n'est qu'un égarement de l'esprit qui fait prendre certaines apparences pour des réalités.
Ensuite Rousseau parle du pays des chimères "Le pays des chimères et en ce monde le seul digne d'être habité". Dans cette dernière partie du texte, Rousseau fais l'éloge d'un monde imaginaire. Dans cette phrase, Rousseau mais en avant l'irréel au désavantage du réel. L'auteur affirme ensuite que le pays des chimères est le seul pays qui mérite d'être habité. Effectivement, c'est croire que la réalité, le réel est toujours décevant et que face à cette déception, il vaut mieux se fier à l'invention. L'homme ne peut pas s'échapper du monde réel que par l'imagination. En plus, la dernière partie de ce texte semble avoir une dimension religieuse. Ici, « l'être » semble désigner Dieu, puisqu'en dehors rien ne semble digne d'être qualifié de beau « il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas ». Ensuite, d'après Rousseau le meilleur moyen est de se réfugier dans le rêve. Il souligne ici que les jouissances imaginaires sont plus fortes que les jouissances réelles car la satisfaction qu'on éprouve lorsqu'on désir un objet est supérieur à l'accomplissement de ce désir. Lorsque l'objet est entre nos mains, il n'est plus désiré puisque un autre désir a pris sa place. Pour finir, prenons l'exemple de l'enfant gâté. L'enfant va désirer tel ou tel jouet, mais lorsque ses parents lui offrent le jouet qu'il a tant désiré, l'enfant n'en veut plus et le jette car il désire déjà autre chose. Le désir est à peine assouvi qu'il renaît.
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