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Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

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Par   •  7 Décembre 2014  •  1 164 Mots (5 Pages)  •  942 Vues

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Sujet 1 : Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

Question très classique, choquante d'emblée puisqu'en formulant l'alternative à l'impératif ("Faut-il préférer..."), elle présuppose l'incompatibilité entre bonheur et vérité - sous-entendu : le bonheur nous égare dans l'illusion, et la vérité nous rend malheureux. Cette incompatibilité postulée, la question peut se reformuler : l'individu doit-il préférer les douces illusions du bonheur aux amères victoires de la vérité ?

Oui, répond Nietzsche avec force ; et non seulement il le doit, mais encore il le fait, chaque jour, sans qu'on le lui demande, et sans qu'il se pose la question. Le propos central du Gai Savoir consiste à mettre en évidence les mérites de l'illusion dans la survie de l'individu et de l'espèce : l'illusion console, protège, enthousiasme - bref, elle permet le bonheur, sans quoi nul n'accepterait de vivre. Nietzsche note ainsi, §278, que la perspective de la mort - seule certitude ici-bas - ne joue quasi aucun rôle dans notre vie quotidienne, et au contraire que "chacun veut être le premier dans [l']avenir". La vie, phénomène marginal dans l'univers, se présente comme un pur gaspillage d'énergie profondément désespérant ; mais l'Homme, lui, "est devenu un petit animal fantasque qui aura à remplir une condition d'existence de plus que tout autres animal : il faut qu['il] se figure savoir pourquoi il existe" (§1) - pourtant une telle "raison" (plus exactement un tel "motif") de bonheur, une telle justification de la vie, s'avère forcément illusoire parce que, en tant que processus biologique, la vie reste radicalement absurde, sans but ni sens. Mieux encore : la "science" et la "vérité" elles-mêmes participent à cette illusion profitable à la survie : Nietzsche montre, dans les §110-112 que la vérité au sens de proposition générale portant sur plusieurs objets similaires et confirmée par l'expérience (ainsi "tous les ours sont dangereux") procède toujours d'approximations très grossières et d'impressions erronnées elles-mêmes dictées par les impératifs de la survie (fuir avant de tenir compte des détails), et du bonheur lui-même : car enfin, comment justifier la science et la recherche de la vérité, sinon au nom du "progrès", de "l'utilité" - donc du bonheur ? Nietzsche trace ainsi une ligne d'affrontement catégorique entre vie et vérité : "au nombre des conditions de la vie pourrait se trouver l'erreur" conclut-il (§121).

Analyse évidemment insupportable pour les scientifiques et la majorité des philosophes. Le bonheur dominé par l'illusion ne peut être qu'un bonheur factice, à la merci de la première... désillusion venue. D'abord, qu'entend-on au juste par bonheur ? Kant constate la diversité des réponses à cette question, et en tire l'idée que la notion de bonheur se présente comme une spéculation mentale, une vue de l'esprit, par rapport à une insatisfaction présente, et toujours variable : pour l'affamé, le bonheur consiste à manger ; mais sitôt rassasié, il investira la notion de "bonheur" d'un tout autre contenu. Aussi, affirme Kant, le bonheur est-il un "idéal de l'imagination" ; mais, défini comme "état de plaisir durable", le bonheur ne peut s'appuyer sur des images aussi inconstantes. Aussi la sagesse commanderait-elle plutôt de chercher des "certitudes fermes et assurées", autrement dit la vérité, comme nous y engage Descartes. A courir après ce qui nous apparaît, ici et maintenant, comme le bonheur, ne risquons-nous pas de découvrir, dans quelques années, que nous nous sommes fourvoyés, et que non seulement les objets poursuivis ne nous rendent pas heureux,

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