Essai d’une philosophie en Afrique: penser librement
Discours : Essai d’une philosophie en Afrique: penser librement. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Serge Valère ESSOLA NANGA • 26 Mars 2016 • Discours • 1 725 Mots (7 Pages) • 1 051 Vues
Essai d’une philosophie en Afrique : penser librement
Nous entendons faire ici une approche philosophique à partir de l’Afrique et non une philosophie africaine. Nous pensons qu’il n’y a pas de philosophie africaine, car la pensée reste au-delà des accidentalités culturelles. Il y’a cependant une philosophie à partir de l’Afrique, comme pensée rationnelle, universelle, émergée à partir d’une spécificité existentielle. Même s’il y a plusieurs rationalités, elles restent du ressort de l’universel, bien que trouvant leurs racines dans diverses spécificités culturelles. Plusieurs approches ont été présentées, celle de Towa, Hountondji, et Eboussi Eboulaga. Notre approche consiste fondamentalement à dire qu’il faudrait que l’africain pense librement, au-delà des accidentalités existentielles qui jalonnent son histoire ; du monde occidental qui l’aurait exploité. Le but est de penser par rapport à l’être qui s’impose, en se libérant de soi-même et non des autres, autrement dit, en faisant un retour sur soi par rapport à la réalité, de telle sorte que par notre être nous puissions communiquer notre réalité. Nous partirons de l’approche de Towa ; dans l’univers philosophique nous entendons nous distinguer comme towaen.
Le discours philosophique a émergé comme volonté de comprendre le réel par la raison, les premiers penseurs voulurent d’abord se libérer d’eux-mêmes, des mythes, des attributs humains qu’ils auraient transmis à la nature comme la déification du soleil et autres forces de la nature. C’est cela le prototype de la philosophie même, il s’agit d’une libération de ses propres paradigmes. Il s’agit de revenir sur soi, se libérer de soi pour assumer le réel, l’histoire et non en subir. Comme Towa, nous pensons que l’africain, au lieu de revendiquer une philosophie, doit philosopher, penser ; ce qui est vrai. Mais nous voulons être plus clair et dépasser l’approche de notre maître. Il faut penser comme volonté de revenir sur soi et se libérer, indépendamment du réel, des autres, des anciens colonisateurs. Il s’agit de se libérer des schèmes avec lesquels nous percevons le monde, les autres, l’occident, le christianisme, exploiteurs…Une libération qui invite à assumer son existence, pour se la soumettre et avancer. Assumer pour ne pas devenir esclave ; les africains sont plus esclaves dans notre temps que dans le passé, malgré l’absence du blanc, ils ne cessent de rappeler la colonisation, autrement dit, ils ne cessent de renforcer leurs schèmes et paradigmes issus de leurs expériences. Des paradigmes qui endorment et empêchent de prendre en main l’histoire. Nous nous inscrivons donc en faux pour Eboussi qui pense qu’il faut penser comment libérer le mountou de la domination coloniale ou de la globalisation ; nous optons pour aider l’africain à se libérer de lui-même, à assumer son état et à prendre le chemin de l’avant, indépendamment du sorcier blanc colonisateur. Nous nous distançons aussi de cette conception hountondjienne de la philosophie africaine qui voudrait que les africains considèrent eux-mêmes l’ensemble des écrits élaborés par les philosophes africains comme philosophie africaine ; c’est une certaine aliénation en quête de reconnaissance. Penser librement demande à penser sans quêter une reconnaissance, mais juste pour aller à sa rencontre, pour chercher une reconnaissance de soi en soi, et nom des autres. La reconnaissance de soi en soi, est un retour sur soi qui nous permet de nous libérer de nos paradigmes et nous permet d’affronter le réel. Il faut donc réaliser les œuvres philosophiques, non pour les reconnaître comme philosophie, mais pour aider l’africain à aller à sa rencontre, à se retrouver, à se reconnaître ; indépendamment d’un certain critère de légitimité philosophique.
Assumer son historie n’est pas une misère, mais une capacité d’accepter ce qu’on est, de se libérer de ses paradigmes pour avancer vers le large. Vouloir toujours se libérer par rapport au monde, aux puissances coloniales est une autre forme d’aliénation, on dirait que notre existence dépend plus des autres que de nous. Il y’a des personnes qui face aux réalités existentielles aiment utiliser l’article « il » au lieu de « je » ; c’est une forme d’aliénation qui fait perdre son identité ; l’africain de notre temps en est un modèle. Il ne s’agit pas de penser l’existence de l’africain par rapport à sa situation actuelle dans le monde, de voir comment le libérer de l’obscurantisme qui maintient dans les positions de faiblesse comme l’estime François eboussi boulaga ; mais de penser l’existence africaine comme libération de soi en soi pour mieux affronter la réalité. Quand le monde, l’occident seront toujours considérés comme des envahisseurs, on ne pourra pas avancer. Cette revendication est une certaine régression archaïque des revendications coloniales dans leur nouvelle expression ; des revendications qui confirment notre faiblesse. Il s’agit d’accepter ce qui est et d’en faire force motrice pour avancer ; il n y’aura pas de monde sans influences, sans faibles et forts. L’univers existentiel sera toujours confronté à la dialectique du pouvoir, les uns forts, les autres faibles. Il s’agit de ne pas en faire un paradigme. Faire de sa faiblesse ou de sa puissance un paradigme, c’est s’enfermer dans une mythologie existentielle, détachée de la dialectique historique. La dialectique historique est une réalité qui s’impose par un changement de géocentrisme politique ; il fut un temps l’Égypte était plus puissante, aujourd’hui ce sont les américains ; il y’aura un temps où on parlera d’une autre nation. L’africain doit d’abord accepter sa place de faible, et non revendiquer ; voir comment à partir de sa faiblesse s’accomplir que d’entrer dans des compétitions qui quelques fois ne répondent pas aux besoins du plus grand nombre. Accepter offrir une mine d’or au prix d’un milliard pour le développement de l’agriculture n’est pas si mauvais. Et si cette agriculture était bien entretenue et qu’elle produirait un autre milliard et ainsi de suite, un jour on aura assez d’argent pour nous procurer des moyens et exploiter une mine d’or. Quand bien même on reçoit ses miettes, on établit une gestion perverse qui ne nous profite pas. Quand des dettes nous sont allouées, nos poches deviennent les lieux de réalisation des projets du plus grand nombre. Accepter sa réalité est accepter l’exploitation d’une mine d’or par le colon, et développer les miettes qu’on en reçoit pour prochainement prendre en charge l’exploitation d’autres mines, et ne plus attendre de l’extérieur. Fructifier ce qu’on reçoit des prêts pour pouvoir s’auto-investir dans l’avenir.
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