Sommes-nous à L'origine De Nos Plaisirs ?

Sommes-nous à l’origine de nos plaisirs ?

Dire que nous sommes à l’origine de nos plaisirs, c’est supposer tout d’abord que nous sommes la cause première et unique de nos plaisirs. Il n’y aurait donc rien d’autres que nous-même qui ferait advenir le plaisir. Ainsi, chaque individu produirait ses plaisirs, il y aurait par conséquent une relativité des plaisirs car chacun aurait les siens. Ensuite, si nous sommes à l’origine de nos plaisirs, alors nous causons, nous faisons advenir le plaisir. Nous sommes alors créateurs de nos plaisirs, ce qui supposerait que nous ayons une maîtrise sur ceux-ci, que nous soyons capables de les faire advenir selon notre propre volonté. Le plaisir serait alors une sensation fabriquée par chacun.

Aux premiers abords, il semblerait que le plaisir se vive individuellement dans le sens où le plaisir est ressenti, vécu par une subjectivité. L’homme ressent son plaisir, le vit et est donc à l’origine de son plaisir. Cependant, l’homme n’est pas qu’une subjectivité, qu’une individualité coupée des autres. En effet, l’homme est aussi le produit de différents facteurs externes à lui-même comme sa classe sociale ou son époque. Ainsi, des éléments extérieurs à l’homme l’influenceraient dans l’expérience du plaisir mais aussi dans sa recherche ou même dans sa fabrication. De plus, il n’est pas certain que l’homme ait une maitrise sur ces plaisirs et ainsi qu’il puisse les créer, les faire advenir par la création d’outil, de programmes. Dans ces conditions, quel rôle à l’homme dans l’apparition de ses plaisirs ? L’homme n’est-il que passif face à des plaisirs déterminés par des causes extérieures à lui-même ? L’homme peut-il véritablement maitriser ses plaisirs ? C’est ce qu’il nous faut mesurer.

Tout d’abord, nous verrons que le plaisir se réalise intérieurement chez chaque homme et donc que l’homme est le point d’origine de ses plaisirs et qu’il pourrait donc les maitriser. Mais cette maîtrise est illusoire et d’autres facteurs externes semblent influencer nos plaisirs. C’est ce que nous verrons dans un deuxième temps. Enfin, dans un troisième et dernier moment, nous examinerons comment nos plaisirs nous font, nous réalisent.

I.0) Le plaisir est un vécu, une sensation qui a pour point de départ nos subjectivités. Ainsi, l’homme est à l’origine de son plaisir car c’est à partir de son corps qu’il éprouve du plaisir, qu’il le vit. Ainsi, étant à l’origine de ses plaisirs, chaque homme chercherait à élaborer des stratagèmes pour éprouver du plaisir plus durable mais aussi plus intense.

I.1) Le plaisir est d’abord une réalité physiologique qui s’exprime intérieurement chez chacun. Ainsi, l’homme serait à l’origine de ses plaisirs dans le sens où ceux-ci sont ressentis par une individualité et s’exprimerait subjectivement chez chacun. Ainsi, Epicure dans La Lettre à Ménécée montre dans une vision atomiste que le plaisir fait son apparition quand l’ordre atomique est atteint. L’homme qui fait l’expérience du plaisir est donc à son origine. Toutefois, selon Epicure, le plaisir fait place au déplaisir quand l’équilibre atomique disparait.

I.2) L’homme étant l’origine première de son plaisir devrait alors faire en sorte de maitriser son plaisir, de le soustraire de cette alternance entre plaisir et douleur décrite par Epicure. Il mettrait donc des stratagèmes en place pour contrôler son plaisir, le rendre plus stable. Ainsi, Proust dans A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann montre qu’en intellectualisant ses plaisirs, on peut les raviver et donc les rendre plus durable. C’est cette intellectualisation du plaisir qui est mise en scène lors de l’épisode de la madeleine où Swann, en mangeant une madeleine, se remémore et revit le bonheur de son enfance à Combray.

I.3) Plus que simplement les faire durer plus longtemps, la maitrise de nos plaisirs nous permettraient de les rendre plus forts, plus intenses. L’homme mettrait en place des techniques nouvelles qui pourraient lui permettre d’éprouver des sensations inédites. C’est l’expérience réalisée dans A Rebours de Huysmans par Des Esseintes. Ce dernier met se retire dans sa maison de campagne à Fontenay pour s’inventer des plaisirs qui pourront lui apporter une ivresse neuve et inédite. Il imagine donc des outils qui comme des programmes lui procuraient un des plaisirs intenses, forts.

 Cependant, il semblerait que cette maitrise soit limitée. C’est ce qu’illustre le désarroi de Des Esseintes face à l’échec de ses tentatives pour faire advenir le plaisir. La maitrise que nous aurions des plaisirs serait alors illusoire et nous ne serions pas les seuls acteurs dans la création du plaisir.

II.0) L’homme

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