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Peut-on Plus Ou Moins être Soi-même

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Par   •  29 Octobre 2014  •  1 794 Mots (8 Pages)  •  873 Vues

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Signification des termes :

Peut-on : possibilité au sens de capacité

Soi-même : renvoie à la notion d’identité personnelle, et implique une réflexion sur soi qui fait apparaître ce que je suis, ie, mon essence ; seul un sujet pensant, conscient d’être, élabore l’idée du soi-même par laquelle il cherche à se définir (le soi-même renvoie à la conscience de soi)

Etre : dans l’expression « être soi-même », signifie d’abord une simple relation d’identité ; renvoie surtout à l’essence

Présupposés :

- la question sous-entend d’abord qu’il est difficile, voire même impossible, de ne pas être soi-même : contradiction, paradoxe (je ne peux à l’évidence être en même temps moi-même, et différent de moi-même ! Je ne peux être autre que moi-même, ça ne veut rien dire, c’est une question de bon sens)

- elle sous-entend donc aussi que normalement, nous sommes nous-mêmes (nous sommes la même chose que le « soi-même », ie, que ce dont nous avons conscience d’être ; ou bien, nous sommes un être identique à soi-même, nous sommes une seule et même personne, etc.)

- notions essentielles pour analyser l’énoncé : principes d’identité et de contradiction

Pour préparer le plan

Pourtant, si cette expression pose problème, il faut également reconnaître qu’on l’utilise souvent : « je n’étais plus moi-même …» (j’avais trop bu, par exemple ; ou j’étais furieux). Il faut donc bien que cette expression ait un sens ! Quel sens lui donnons-nous dans la vie courante ? Que voulons-nous dire par là ? Il semble que l’on désigne par là le manque de maîtrise de soi : on « s’oublie », on oublie les convenances, etc. On n’est pas maître de ce qu’on fait, on a l’impression qu’on n’est même pas à l’origine de ce qu’on fait. On peut se référer à Freud pour rendre compte de la possibilité de cette expression, ie, pour lui donner un fondement réel.

Mais nous avons vu que la notion de « soi » renvoie à la notion de conscience (de soi). Pas de soi-même, sans être qui peut se considérer comme un soi-même, qui s’apparaît à lui-même, qui a conscience de soi, etc. Peut-être alors que la notion renvoie au problème de la connaissance de soi. L’expression ne pas être soi-même signifierait alors : ne pas être ce qu’on croit être. Est-ce que ce qui nous apparaît de nous, ce à quoi nous avons accès, n’est qu’une apparence de ce que nous sommes vraiment, de notre personnalité ? Le soi-même n’est alors qu’une illusion, ce n’est pas notre être. Etc. On est toujours ici du côté de Freud. Ne pas être soi-même, chez Freud, c’est quand l’inconscient remonte à la surface : je ne me comprends plus, je fais des choses dont le sens m’échappe, dans lesquelles je ne me reconnais pas. Mais en fait, c’est ma véritable personnalité, non ? Je ne suis pas ce que je crois être, c’est tout ! J’ignore donc ce que je suis vraiment : c’est un problème de méconnaissance de soi plutôt que « ne pas être ». Ce que je suis vraiment, m’échappe, je m’échappe sans cesse à moi-même. Ce qu’on connaît de nous (notre soi au sens de ce qui apparaît) pas vraiment ce que nous sommes (notre soi au sens d’essence) : c’est seulement une apparence, une image de nous-mêmes. Je suis autre que le moi-même qui m’apparaît immédiatement.

Elle peut signifier encore : ne pas réussir à être authentiquement soi. Le soi est caché, ou bien, je n’ai pas le droit de l’exprimer, etc. C’est une problématique sociale : est-ce que la vie en société ne m’empêcherait pas d’être moi-même ? On pensera à la philo de Rousseau… Mais on pensera aussi à une critique sartrienne du cogito cartésien, que suppose la thèse de Rousseau.

Nous avons vu aussi que l’expression renvoie à la notion d’identité personnelle (en plus, que être = relation d’identité). L’expression voudrait alors dire que je ne suis jamais le même, que je suis toujours en mouvement, toujours en devenir. Je change sans cesse. Je suis donc « multiple ». On n’est pas toujours le même. Mais on dira encore que c’est impossible : on n’est pas sans cesse autre que soi, quand même : il faut bien que quelque chose « reste » identique à travers ces changements, sinon, ces changements ne seraient pas les miens ! Sens dans lequel on peut pourtant dire ça : cf. sens sartrien : être soi-même au sens d’identique à soi-même, ce serait être figé, ce serait être une chose. Un homme n’est pas une chose (une chose est ce qu’elle est : étendue dans l’espace, résistance, poids, etc.) ; un homme n’ »est pas », n’ »est rien », il existe, il est en perpétuel devenir, il est projet… Je ne suis pas moi-même signifie (sens positif, donc) que j’ai à être moi-même. C’est ce qui me distingue de la chose. Problème de la liberté et de ce qui fait de nous des hommes.

Plan

I- Le sens de l’expression selon le sens commun ; justification philosophique de cette opinion : la théorie freudienne de l’inconscient.

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