Pense t-on jamais par soi-même

Sujet: Pense-t-on jamais par soi-même?

Descartes écrit dans le discours de la méthode (1637) : « Cogito ergo sum » qui est traduit par « Je pense donc je suis ». Il développera plus largement cette formule dans les méditations métaphysiques. Prenons un échiquier, et deux hommes, face à face, séparés par les soixante-quatre cases noires et blanches. Cet exemple du penseur isolé du monde extérieur est très ancré dans notre société. Archimède quant à lui, mort durant l'assaut de Syracuse par le général romain Marcellus. Tandis que les assaillants entraient dans la ville, il regardait fixement une figure qu'il avait tracée dans le sable. Tite-Live écrit qu'Archimède a été tué par un soldat « ignorant ». Pourtant contrairement à cette image de l'homme à la pensée indépendante de son environnement, l'étude des enfants sauvages (ex : L'enfant sauvage de François Truffaut, 1970) semble indiquer que la solitude est un facteur limitant dans le développement de l'intelligence. Est-il alors exact de dire que l'homme peut penser par lui-même ? S'il est vrai que son existence lui offre de nombreux domaines où sa pensée peut s'exercer en solitaire, on peut s'interroger : ne s'agit-il pas là d'une autonomie illusoire ?

I) Une relative indépendance de la pensée humaine :

A) Une acceptation a sens large du mot « penser »

Si l'on considère comme pensée toutes « activité de l'esprit », on peut alors estimer que, dans une large mesure, l'homme est capable de penser seul. En effet la vie quotidienne apporte aux individus un certain nombre d'informations (sensorielles par exemple) traitées automatiquement par le cerveau. Ainsi le petit garçon qui pose la main sur un plat brulant la retira immédiatement, même si on ne lui a pas indiqué les dangers des brulures. Certains mécanismes cérébraux sont donc innés chez l'homme.

B) Existence d'une pensée consciente et autonome

L'étymologie du mot « réflexion » (tourner son esprit vers soi-même) semble indiquer la possibilité d'une introspection (= Analyse du sujet par lui-même). Mais plus encore l'existence même de ce mot apparaît comme une preuve de l'existence de la réflexion. Comment en effet avoir pu définir ce concept sinon en … réfléchissant, en prenant de la distance par rapport à soi-même ?

C)Les domaines de prédilection de cette pensée

Les domaines de prédilection de cette pensée sont principalement de trois natures différentes. Il y a d'abord la nature scientifique : le cheminement logique, rationnel des mathématiques (en particulier) permet à un individu seul de construire un raisonnement cohérent. Ensuite il y a la nature artistique : l'œuvre d'art, création originale, semble le plus souvent réalisée à l'écart du monde. Michel Tournier affirme donc qu'il ne peut travailler que seul, enfermé dans son bureau, à l'abri de toute intrusion du monde extérieur. De même, Baudelaire présente l'artiste comme un être solitaire, un «albatros », exilé dans le monde au milieu des huées...»Les fleurs du mal. Enfin il y a la nature religieuse : des cultes aussi différents que le bouddhisme et le catholicisme ont institués des monastères où règne (de manière plus ou moins totale) un silence considéré comme catalyseur de la méditation.

II)Une autonomie de la pensée loin d'être totale :

A) L'expérience, principale fondement de la pensée ?

La présence de certains concepts dans notre esprit ne semble se justifier que par l'expérience. Comment en effet imaginer des choses inconnues? L'homme qui n'a jamais mangé ni vu de pomme ne peut pas, semble-t-il, obtenir la représentation mentale du fruit en entendant son nom. Il en ignorera forme, texture, goût, couleur...etc. Cet exemple proposé par John

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