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Obéir est-ce renoncer à sa liberté ?

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Par   •  16 Avril 2021  •  Dissertation  •  1 697 Mots (7 Pages)  •  637 Vues

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Obéir c’est se soumettre à quelque chose, c’est à dire faire une action en fonction de quelque chose d’autre que nous-mêmes. Pour être libre, il faut être la seule cause de ses décisions et de ses actions. Obéir, est-ce renoncer à sa liberté ? On pense que oui, car obéir nous empêche de réaliser nos désirs. Mais nous pouvons très bien vivre en société et obéir à des règles tout en conservant notre liberté. Se soumettre à la volonté d’autrui ou à des lois morales ou juridiques revient-il à se mettre dans une situation de pure contrainte, ou bien le fait d’obéir est-il compatible avec la liberté ? Nous verrons d’abord que se soumettre à la volonté d’autrui ou à des lois nous prive de la possibilité de prendre des décisions libres, puisqu'en réalité il est possible de conserver notre liberté tout en obéissant, et enfin que si on définit la liberté comme autonomie, l’obéissance n’est pas un obstacle pour la liberté, mais elle en constitue même une condition indispensable. 

  Obéir revient à renoncer à sa liberté, car quand nous sommes soumis par la force, nous n’avons pas véritablement le choix d’obéir ou pas. En effet, quand on nous force à faire quelque chose par la force physique, nous ressentons un sentiment de peur, et notre instinct, c’est à dire l’ensemble des comportements innés, irréfléchis, automatiques, immuables et vitaux, nous dicte d’obéir, car si nous refusons, nous pourrions être en danger, et même mourir.  Notre instinct, pour ne pas être en danger ou mourir, nous pousse alors à obéir. Il est alors la cause, extérieure, de notre décision. Si l’instinct est la cause de notre décision, nous ne sommes donc pas libres, puisque la liberté consiste à se placer comme la seule cause de nos décisions et de nos actions, et que l’instinct est une cause extérieure à nous-mêmes. C’est donc une contrainte, c’est à dire qu’elle réduit notre liberté d’action. Dans l’exemple d’un coup d'État, les citoyens ne sont pas d’accord, mais leur instinct de survie leur dicte de ne pas se rebeller, et de rester tranquille, car sinon ils pourraient être exécutés. C’est donc leur instinct, cause extérieure à eux-mêmes, qui prend la décision de rester tranquille, et donc ils ne sont pas libres. Ils sont contraints d’obéir au nouveau pouvoir.

  Obéir revient également à renoncer à sa liberté, car quand nous obéissons à quelqu’un qui nous traite comme un moyen, nous ne sommes pas libres. Kant dit en effet que lorsque nous obéissons à quelqu’un qui nous traite quelqu’un comme un moyen, c’est à dire que l’on nous instrumentalise en nous faisant agir au détriment de notre propre intérêt et dans l'intérêt de celui qui nous commande, on ne nous respecte pas en tant qu’être humain. Si on ne nous respecte pas en tant qu’être humain, on ne reconnaît donc pas la raison que tout être humain possède. La raison est la faculté exclusive à l’homme de concevoir des idées qui n’ont aucune caractéristique sensible, comme les idées logiques ou les valeurs morales. En ne reconnaissant pas la raison, on nous dénie notre liberté, car la raison est la base de la morale qui donne la liberté chez Kant. La morale universelle de Kant est une morale, c’est à dire ensemble de règles qui organisent la conduite des individus, qui se réfèrent aux notions de bien et de mal, et qui sont partagées par les mêmes membres d’une communauté, mais qui est universelle et s’applique à tout le monde sans distinction, car tous les êtres humains ont la raison. Si on nous refuse la raison, elle ne peut plus diriger notre action, c’est alors une autre cause, qui est extérieure. L’action est donc hétéronome, c’est à dire qu’elle est déterminée par autre chose que la raison, comme autrui, ou nos désirs. Or, il faut que la raison détermine nos actions pour que nous soyons libres. Nous ne pouvons donc pas être libres quand quelqu'un nous traite comme un moyen. C’est le cas des esclaves. N’étant pas traités comme des humains, la raison leur est refusée, et leur liberté avec. 

  Nous nous demandons si se soumettre à la volonté d’autrui ou à des lois morales ou juridiques revient-il à se mettre dans une situation de pure contrainte, ou si le fait d’obéir est compatible avec la liberté. On a d’abord vu que cela revient à abandonner notre liberté, puisque nous ne sommes plus la cause de nos actions et de nos décisions. Mais nous allons voir que le fait d’obéir est en fait compatible avec la liberté.

  Mais en réalité, il est possible de conserver notre liberté tout en obéissant, car quand nous obéissons à une morale, nous sommes libres. Une morale est un ensemble de règles qui organisent la conduite des individus, qui se réfèrent aux notions de bien et de mal, et qui sont partagées par les mêmes membres d’une communauté. Bien que dans n’importe quelle société il y ait différents groupes et donc différentes morales, dans toutes les morales les règles sont des obligations, c’est à dire des règles dont valeur et la légitimité sont librement reconnus par ceux qui y obéissent. Cela veut donc dire que nous ne sommes pas contraints d’obéir à ces règles. Nous y obéissons de notre plein gré, c'est-à-dire que nous seuls prenons la décision d’y obéir, car nous les trouvons justifiées. Nous sommes donc la cause de nos décisions et de nos actions quand nous obéissons à la morale et à ses règles. Nous sommes donc libres tout en y obéissant. Par exemple, si l’un des devoirs moraux de notre groupe est de ne pas insulter les autres, et que nous y obéissons, nous sommes libres, puisque nous obéissons à une obligation, qui suppose la liberté.

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