Les échanges Suppriment-ils La Violence ?
Mémoire : Les échanges Suppriment-ils La Violence ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar raska • 16 Janvier 2013 • 2 233 Mots (9 Pages) • 837 Vues
Dès les premières civilisations, et depuis des millénaires, les hommes ont aussi bien troqué, échangé, que fait la guerre. S’ils semblent avoir besoin les uns des autres tout en se repoussant inévitablement à un moment ou à un autre, il est cependant possible de voir une certaine corrélation entre la suppression de ces violences perpétuelles et les relations d’échange que deux Etats peuvent effectuer.
Dans un premier temps, nous verrons que la violence continue, ou du moins fini toujours par réapparaitre et ce malgré des échanges économiques, au sens où ces derniers peuvent faire lieu de moyens de pression sur l’un des participants. Nous verrons cependant par la suite que les échanges peuvent parfois aboutir à une réduction de la violence, du fait que l’intérêt que chacun porte à ce lien commercial peut déboucher sur des compromis, dans l’objectif de le maintenir le plus longtemps possible.
De nombreuses questions se posent alors : dans quelle mesure les échanges peuvent-ils participer à la paix entre les Etats ? Est-ce que des transactions purement économiques suffisent à elles seules ? N’y a-t-il donc pas d’autres facteurs qui peuvent rentrer en jeu ? Ainsi, nous verrons si les échanges suppriment réellement la violence ou pas.
D’un premier abord, la réponse pourrait tout simplement être non : le commerce, un échange de biens ou de services, ne peut être à lui seul générateur de paix entre deux Etats. En effet, quelle que soit la nature des échanges, la logique capitaliste qui domine aujourd’hui notre monde poussera toujours les uns ou les autres à rechercher avidement l’appât du gain : c’est le principe de chrématistique, considéré comme une forme pervertie de l’échange. Au temps des toutes premières civilisations, les hommes échangeaient des biens, dans la mesure de leurs besoins réels, au travers du troc. Cette solution engendrant des problèmes de flexibilité et d’adaptabilité, la monnaie fût introduite, et s’intégra dans le cycle « normal » de l’échange : les marchandises déjà possédées sont échangées contre de l’argent, ce dernier étant réutilisé par la suite pour acheter une autre marchandise, non possédée mais nécessaire aux yeux de l’acheteur. La monnaie n’était alors que le moyen pour aboutir à ses fins, c’est-à-dire pour obtenir un nouveau bien, un nouveau service. Aristote, pourtant des millénaires avant l’ère capitaliste dans laquelle nous nous trouvons actuellement, critiqua l’usage détourné que certains pouvaient faire de la monnaie. En effet, il mit en évidence que le cycle normal de l’échange peut aboutir, dans un dernier temps, à une de ses versions perverties, au sens où l’argent devient la base de l’échange : les richesses possédées sont utilisées pour acheter une marchandise, qui sera par la suite revendue en vue d’accumuler plus de richesses. Aristote critique alors cette transformation, puisqu’il rendit compte que l’argent n’était plus seulement le moyen mais la fin, le but de la logique d’échange. Ainsi, cette interversion montre les limites des échanges : à la base, c’est-à-dire dans une conception saine des ceux-ci, la production serait limitée par les besoins des hommes et des Etats, puisqu’aucun des deux ne serait par hasard tenté de produire au-delà du nécessaire. Mais dans la logique capitaliste, qui prévaudra au fil des siècles, le but sera toujours de produire davantage, pour accumuler davantage de richesses, et ce même si cet objectif s’atteint au travers de la destruction de la planète ou de la dégradation des relations. Au niveau étatique, la logique reste la même : les échanges induisant un bénéfice économique, chaque Etat sera alors tenté de tirer profit au maximum de ce lien commercial. Dans cette course à la richesse, il est alors possible de rendre compte que les échanges, au travers des avantages qu’ils peuvent procurer, peuvent raviver ou accentuer la violence ou les tensions, déjà existantes ou non. Dans la République, Platon mettait en évidence que plus la richesse augmente, plus la vertu d’amenuise. On pourrait alors légitimement penser que la richesse découlant des échanges est néfaste pour les Etats : chacun, motivé par l’avantage qu’il pourra tirer, est alors prêt à tout, même à sacrifier des relations de bonne entente. Les échanges apparaissent alors comme générateurs de tensions, et non le contraire.
De plus, il est possible de rendre compte de la nature des relations impliquée par les échanges : dans la plupart des cas, ces derniers aboutissent à des rapports hiérarchisés, au sens où l’un des deux participants aura d’une façon ou d’une autre un avantage, un pouvoir supplémentaire sur son partenaire. Les échanges paraissent ainsi entrainer des relations de dominant/dominé. Cette inégalité, qui peut tout à fait être déclarée illégitime, est dès lors à la source même des tensions ou violences qui peuvent apparaitre, même entre deux partenaires économiques. Cette domination s’est d’ailleurs très bien modélisée dans la réalité au cours du XXe siècle, où les échanges ont parfois été détournés de leur usage premier, en servant de moyen de répression. Prenons pour exemple celui des embargos, qui peuvent être définis comme la suspension des exportations d'un ou de plusieurs produits vers un Etat, à titre de sanction ou de moyen de pression. Ce fut par exemple le cas lorsque les Etats-Unis, économiquement et politiquement désavantagés en partie suite à des nationalisations effectuées par le gouvernement Cubain, décidèrent d’imposer un embargo commercial et financier à l’ile caribéenne. Le blocus, installé en 1962, est aujourd’hui toujours en vigueur, ce qui en fait le plus long embargo commercial contemporain. Cette situation, bien qu’extrême, nous permet en effet d’avoir un exemple de situation où les échanges, délaissant leur dimension purement économique, sont utilisés comme moyen de pression par un Etat sur un autre. Il est également intéressant de noter que malgré les nombreuses organisations en tout genre (Reporter sans Frontière, etc.) qui dénoncèrent cette situation invivable, les Etats Unis décident de la maintenir : en effet, ces derniers tirent directement profit de cette situation, puisqu’ils seraient les premiers fournisseurs de produits alimentaires de Cuba. Ici, la critique de Platon prend tout son sens : l’augmentation des richesses parait entrainer une perte de vertu. En effet, nous voyons ici qu’un Etat n’hésite pas, depuis 50 ans, à violer les Droits de l’Homme et à remettre en cause le développement humain du pays sous prétexte – entre autre – du bénéfice économique qu’il peut en tirer. De ce fait, il est alors évident que les échanges peuvent devenir des facteurs
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