Le Mensonge
Compte Rendu : Le Mensonge. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 3 Janvier 2013 • 1 368 Mots (6 Pages) • 1 410 Vues
On dit souvent que certains hommes sont de mauvaise foi ou qu’ils se mentent à eux-mêmes. En effet, il apparaît clairement qu’ils ne peuvent pas ignorer que ce qu’ils disent ou font est contraire avec ce qu’on peut estimer qu’ils doivent savoir. Cependant, se mentir à soi-même semble une contradiction dans les termes car il faudrait que le menteur sache qu’il trompe pour qu’il y ait mensonge et ne sache pas qu’il est trompé. Dès lors, on peut se demander s’il est possible de se mentir à soi-même et comment. Est-ce en se détournant d’écouter sa conscience ? Est-ce parce que notre moi plonge dans un inconscient qui lui échappe ? Ou bien est-ce parce que notre conscience ne peut se saisir elle-même ?
Mentir implique de tromper, ce qui signifie qu’on est conscient de le faire. C’est en ce sens que mentir n’est pas se tromper, c’est-à-dire être dans l’erreur. Or, il faut être le même et différent pour pouvoir se mentir à soi-même. En outre, il faut qu’il y ait un intérêt pour qu’on puisse parler de mensonge. En effet, l’auteur d’une fiction ne ment pas même s’il peut tromper un autre. Par contre, il se ment à lui-même s’il croit en sa fiction. C’est donc l’inconscience qui rend possible qu’on se mente à soi-même. Qu’est-ce à dire ?
L’inconscience c’est le refus de la réflexion, c’est-à-dire de l’interrogation de soi sur soi qui caractérise la conscience selon Alain dans ses Définitions. L’inconscient, c’est celui qui agit, parle ou “pense” sans se demander s’il a raison de le faire. Aussi énoncera-t-il sur lui un propos faux dont il ne peut pas ne pas savoir qu’il est faux – et c’est ce qui constitue le mensonge – parce qu’il va à l’encontre de l’image qu’il veut donner. La mauvaise foi est fille de l’orgueil. Et l’orgueil consiste à se croire ce qu’on n’est pas. Mais ne s’agit-il pas plutôt d’une simple erreur ?
En effet, la conscience ne trompe jamais selon le mot de la « Profession de foi du vicaire savoyard » de Rousseau que reprend Alain dans ses Définitions. Mais la mauvaise foi est évidente. Le sujet ne peut pas ne pas savoir qu’il n’est pas ce qu’il prétend être. Par exemple, tout son comportement montre qu’il est amoureux de la femme de son meilleur ami. Et il le nie. Pour ne pas donc entendre la conscience qui le condamne, il faut qu’il s’en remette aux autres, à l’opinion, aux préjugés. Ce sont eux qui étouffent la voix de la conscience.
Cependant, il faut admettre que le sujet puisse se ressaisir à tout moment. Son impuissance montre l’insuffisance de cette conception. La mauvaise foi n’exige-t-elle pas l’hypothèse freudienne de l’inconscient ?
Lorsqu’on est convaincu que quelqu’un est de mauvaise foi, on pense d’une part qu’il ment sur lui-même, mais surtout qu’il se ment à lui-même. Il lui faut donc croire en son mensonge. Se détourner de soi ne suffit donc pas puisqu’il est alors facile de revenir à soi. Aussi n’est-ce possible que si on n’accède pas à la totalité de son psychisme. C’est que pour qu’il y ait mensonge, il faut que le sujet connaisse la vérité ou au moins croit la connaître. Il faut qu’il refuse d’exprimer cette croyance. Et il faut qu’il y trouve un intérêt. Le mensonge à soi implique donc qu’on ne veut pas exprimer sur soi une vérité qui dérange. Aussi la simple fiction peut être une forme de mensonge à soi.
On peut ainsi analyser le mensonge à soi à la façon dont Freud interprète les lapsus. Ceux-ci consistent dans l’expression du contraire de ce que le sujet consciemment prétend vouloir dire ou faire. Prenons comme exemple ce président d’une assemblée qui ouvre la séance en énonçant qu’elle est close. Cela veut dire qu’il désire inconsciemment qu’elle s’arrête. Le lapsus révèle donc une vérité sur le sujet. Il permet donc de découvrir que le sujet se mentait à lui-même.
En effet, le mensonge à soi est l’expression inverse du lapsus. Le sujet énonce le faux sur lui alors qu’il devrait énoncer le vrai. Il prétend par exemple que son lapsus est dû à la fatigue. C’est
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