L'Homme qui n'est produit que pour l'infinité, Pascal
Commentaire de texte : L'Homme qui n'est produit que pour l'infinité, Pascal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Laurie0406 • 10 Mai 2017 • Commentaire de texte • 598 Mots (3 Pages) • 3 284 Vues
Pascal souligne cette phrase en la mettant en italique : elle est donc très importante pour lui. En effet elle propose pas moins qu'une définition de l'homme. Elle intervient d'ailleurs juste après le deuxième temps du texte, consacré à l'analyse de l'animal : désormais, c'est de l'homme dont pascal va parler, par contraste avec l'animal, prisonnier de son instinct, incapable d'évoluer.
Certes, la définition de l'homme est ici négative, en quelque sorte : si l'homme peut-être in-fini, c'est qu'il n'est pas fini, autrement dit, il est incomplet. C'est-à-dire qu'il n'est pas quelque chose de défini, comme un objet ou un animal, mais son être est indéterminé. On pourrait donc dire que Pascal joue avec le contraste entre le "n'est produit que" qui implique une réduction, une restriction, et le terme "infinité" qui va plutôt dans le sens contraire : l'infinité, est-ce alors négatif ou positif, une faiblesse ou une force ? On le comprend à la lecture de l'ensemble du texte, c'est surtout une définition positive : cela veut dire que l'homme a la capacité d'évoluer, de progresser, de changer.
Dans ce texte, Pascal parle surtout du progrès des connaissances, dont l'horizon est invincible, et qui est rendu possible par la transmission livresque du savoir : à chaque nouvelle génération, de nouvelles découvertes sont faites, et s'ajoutent aux précédentes (pensons par exemple aux découvertes en biologie, en médecine, qui nous permettent aujourd'hui d'entrer au cœur du génome ou du cerveau). Avec bientôt quatre siècles d'écart, on ne peut que confirmer ce que disait Pascal aux débuts de l'époque moderne : non seulement les connaissances scientifiques s'accumulent, mais le rythme de cette accumulation est toujours plus rapide, la croissance est en quelque sorte exponentielle.
Mai si l'on prend cette phrase dans son sens profond, c'est toute la nature humaine qui est en progrès permanent. Ainsi, l'homme se définit comme un être en devenir, qui peut choisir son évolution. Cette définition tend donc à aller dans le sens de la liberté humaine, si l'on suppose que l'homme est l'agent de son devenir. On peut donc penser aussi à la politique, la société ou à la morale : vers où devons-nous aller ? Comment devons-nous agir ? ici aussi, l'avenir nous est ouvert.
Cela étant dit, il faut revenir à la formation de Pascal : "l'homme n'est produit que pour l'infinité". Cela veut dire qu'il est créé, d'une part : par qui ? la nature ? Dieu ? en tout cas le fait d'être une créature signifie une certaine limitation de sa liberté. D'autre part, il est créé en vu d'une fin (l'infinité). Autrement dit, la nature de l'homme est finalisée, dirigée vers un certain but. Pourtant, n'est-ce pas contradictoire d'affirmer la présence d'une finalité et en même temps de dire que cette fin est l'infinité? L'infinité est-elle un but? Ce paradoxe d'un but aussi indéterminé est sans doute voulu par Pascal : cela montre bien toute la perspective existentielle qui s'ouvre à l'homme (l'homme a de multiples façons d'exister, il se choisit, contrairement à l'animal),
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