Peut-on à la fois obéir et être libre ?
Dissertation : Peut-on à la fois obéir et être libre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Agathe Blakeway • 20 Juillet 2020 • Dissertation • 1 374 Mots (6 Pages) • 3 678 Vues
Dissertation : peut-on à la fois obéir et être libre ?
“La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres” est un adage que l’on entend souvent répéter. En fait, chacun voudrait pouvoir faire en toute liberté ce qui lui plaît, sans pour autant avoir à subir les conséquences de la volonté des autres, car cela nuirait finalement à sa propre liberté. Ainsi, une liberté absolue serait invivable car chaque individu ne ferait que ce qu’il lui plaît de manière égoïste sans tenir compte de ses semblables. D’où la nécessité de l’existence des lois pour limiter équitablement la liberté de chacun. Mais peut-on à la fois obéir et être libre ?
Il faut donc s’interroger sur la relation entre liberté et obéissance, et la possibilité de leur simultanéité. Ainsi, dans quelle mesure l’obéissance est-elle une entrave à la liberté ? Nous verrons tout d’abord que l’on ne peut pas à la fois obéir et être libre, mais que l’absence de contraintes ne permet pas clairement d’établir la liberté, et enfin que l’on peut concevoir la liberté en dehors de toute condition extérieure.
On ne peut pas à la fois obéir et être libre car la liberté idéale est sans contraintes et limites. En effet, Thomas Hobbes, dans Léviathan (1651) décrit la liberté comme “l’absence d’opposition (j’entends par opposition les obstacles extérieurs au mouvement)”. Etre libre, c’est tout d’abord ne pas être empêché de faire ce que l’on veut ; par exemple sortir de chez soi, quitter son pays, ou encore dire sans crainte ce que l’on pense. De cette manière, un “vers libre” n’est soumis à aucune règle comme peut l’être un alexandrin, et un animal “en liberté” ne dépend que de lui-même pour sa survie.
En outre, on ne peut pas simultanément obéir et être libre dans le sens où l’obéissance est une forme de soumission à une volonté extérieure dans l’exécution d’un acte, d’un principe, d’une loi. Ainsi, une pomme qui tombe est soumise au principe de gravitation, et un employé obéit à son employeur. Dans ce sens, l’obéissance s’oppose à la liberté car on se contraint à aller à l’encontre de nos désirs et nos volontés ; or, c’est la réalisation de nos volontés qui fait notre liberté. Ainsi, si je ne peux pas réaliser mes volontés et désirs, je ne suis pas libre.
Enfin, on ne peut pas à la fois obéir et être libre car le libre-arbitre est incompatible avec l’existence de la société. En effet la vie en collectivité semble constituer à priori un obstacle à la liberté de l’individu puisqu’elle lui impose de se soumettre à des règles, des lois et des coutumes qu’il n’a pas forcément voulues. De cette manière, Max Stirner critique virulemment la “liberté politique”, affirmant que l’Etat démocratique moderne n’offre pas une meilleure garantie pour la liberté que ne le faisaient les anciens régimes, mais que c’est exactement le contraire qui se produit.
Finalement, on ne peut pas à la fois obéir et être libre, car la liberté idéale consiste en l’absence de contraintes et de limites. En outre, l’obéissance est une soumission du sujet à une volonté extérieure, qui l’empêche de réaliser ses propres volontés. Mais la liberté n’est-elle pas établie justement par des contraintes ?
Effectivement, l’absence de contraintes ne permet pas clairement d’établir la liberté. Celle-ci est donc dépendante de limites qui la définissent. Ainsi la liberté des uns dépend de celle des autres, et cette limite entre les libertés personnelles est fixée par la loi. Cela semble paradoxal de supposer nécessaire, pour préserver la liberté, une force extérieure qui vient la contredire. Cependant l’Etat a beau utiliser la contrainte comme moyen, sa finalité ultime n’en reste pas moins d’offrir à ses citoyens les meilleures conditions possibles pour réaliser leur liberté en leur garantissant la paix, la sécurité, la possibilité de se cultiver et de s’épanouir, c’est-à-dire de se réaliser comme bon leur semble. Spinoza défend ce but dans son Traité Théologico-politique (1670). Ainsi, en restreignant la liberté des uns, les lois préservent celle des autres. C’est le cas, par exemple, pour la liberté de la presse. Cette liberté est fondamentale
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