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Lois et liberté

Commentaire de texte : Lois et liberté. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Novembre 2013  •  Commentaire de texte  •  3 269 Mots (14 Pages)  •  895 Vues

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Le sens commun a tendance à opposer les lois et la liberté : les lois contraindraient, donc annuleraient la liberté. Mais de quelles lois parlons-nous ? S’agit-il des lois juridiques ? Des lois physiques ? Des lois morales ? Des lois psychologiques ou historiques, s’il en est ?

Définissons par « loi » une proposition par laquelle sont énoncés une régularité, une constance, un devoir être ou une norme. En ce cas, toute loi s’oppose au fait, à ce qui est.

Par raisonnable, entendons provisoirement ce qui est conforme à la raison dans sa signification morale : est raisonnable ce qui est capable de se rapporter à soi-même dans l’élément de la moralité, de la justice, de l’équité, à savoir que « raisonnable » désigne d’ordinaire une attitude de modération et de tempérance, un « milieu juste, éloigné de tout excès, de toute radicalité. Le raisonnable est le moralement raisonné.

Or lois commandent l’obéissance, dans leur sens juridique, et ne font pas appel à la raison de chacun, ni à son appréciation morale. C’est qu’elles se prétendent en général justes, ou tendant vers le juste : aussi devons-nous leur obéir. Mais on peut aisément concevoir des lois injustes, immorales, et la question de la désobéissance se pose alors.

Si les lois ne sont pas ce qu’elles devraient être, peut-il être raisonnable de leur désobéir ? Est

1. Le droit comme condition nécessaire au règne

de la justice

A. Interdépendance de la justice et du droit

Par définition, la justice semble indissociable du droit. La justice selon son

étymologie latine renvoie déjà au droit (jus). La justice désigne la vertu qui

exige le respect et la défense du droit. Être juste, c’est agir selon le droit.

Mais le droit peut être défini à plusieurs niveaux. Comme droit objectif, ou positif,

il désigne les lois écrites, le code propre à une société donnée, variable

selon le temps et le lieu, c’est-à-dire l’ensemble des normes qui règlent la vie

sociale et sont exprimées dans des lois coutumières ou écrites. Ce droit est

appliqué par le pouvoir exécutif de l’État. Comme droit subjectif, il désigne le

pouvoir moral d’agir, de posséder ou d’exiger quelque chose. C’est une exigence

de la conscience qui consiste à réclamer un bien, un « dû ».

Deux les deux cas (objectif ou subjectif) la finalité du droit est toujours de

faire régner ou de reconnaître une forme de justice. Celle-ci se définissant

par rapport au droit, on peut établir en au moins deux formes. La justice

objective ou légale renvoie à la stricte obéissance aux lois, au licite (= ce qui

n’est pas défendu par la loi). La justice morale désigne une attitude humaine

vis-à-vis d’autrui, le respect de sa personne dans toutes ses dimensions

(biens, dignité). Comment la loi peut-elle se mettre au service de la justice ?

La loi permet de faire régner l’égalité entre les hommes. En effet, elle a par

nature une double généralité : son origine (vote), et son application (mêmes

droits et devoirs pour tous). La loi permet ainsi de réguler les rapports

sociaux. En cas de litige, la loi, incarnée par le juge, s’impose par sa neutralité

et son impartialité. Mais comment, dans une société civile, le fait de se

soumettre à un système étatique contraignant pour sa liberté permet-il de

faire régner la justice entre les hommes ? L’obéissance à la loi (le fait d’être

dans la légalité) permet-elle de réaliser la justice comme valeur morale ?

Autrement dit, est-elle toujours légitime, bien fondée ?

B. La nécessaire sortie de l’état de nature

L’organisation des sociétés semble reposer sur l’idée de contrat ou de

pacte. Le pacte social exprime l’idée que l’ordre social est voulu par la

raison de l’homme. On renonce à sa liberté naturelle de faire tout ce qu’on

veut, une liberté infinie, mais seulement virtuelle dans la mesure où l’on se

heurte toujours à la liberté de l’autre. En échange on gagne une liberté

civile, une liberté limitée par la loi, mais une liberté assurée : par exemple le

droit garantit la possibilité d’être propriétaire. En contractant, chacun renonce

à sa force individuelle et s’engage à reconnaître comme seule force légitime

la force publique. Pour Hobbes, le problème est de comprendre pourquoi

les hommes acceptent d’obéir au pouvoir d’un seul placé au-dessus d’eux

alors qu’ils sont naturellement égaux ?

Afin de résoudre ce problème, il va poser le passage de l’état de nature à

l’état civil non pas comme une réalité historique, mais comme une fiction

théorique, une hypothèse méthodologique. L’état de nature est l’état dans

lequel se trouvent les hommes, abstraction faite de tout pouvoir, de toute

loi : ils sont gouvernés par l’instinct de conservation. Mais étant égaux, ils

ont les mêmes désirs et les mêmes moyens d’y parvenir : l’égalité se transforme

en rivalité. Très vite cet état de nature devient un « état de guerre de

tous contre tous », un monde où l’homme

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