« La connaissance que nous avons des autres est fort sujette à l’erreur si nous n’en jugeons que par les sentiments que nous avons de nous-mêmes » Que pensez vous de ces propos de Nicolas Malebranche ?

LYCEE BILINGUE DE BAFOUSSAM CLASSE DE TTI

Epreuve saisie et corrigée par

Mr MBOG ROMEO

CORRECTION DE L’EVALUATION DE LA 4e SEQUENCE

Sujet 2 : « La connaissance que nous avons des autres est fort sujette à l’erreur si nous n’en jugeons que par les sentiments que nous avons de nous-mêmes » Que pensez vous de ces propos de Nicolas Malebranche ?

Les behavioristes prétendent saisir et comprendre le comportement des individus à partir de l’observation de leurs faits et gestes. Pourtant bien avant eux, Malebranche affirmait déjà au 17e s dans son ouvrage De la recherche de la vérité que « la connaissance que nous avons des autres est fort sujette à l’erreur si nous n’en jugeons que par les sentiments que nous avons de nous-mêmes » A travers cette affirmation, Malebranche soutient que la connaissance d’autrui est incertaine. Cette controverse qui oppose les psychologues aux philosophes soulève un problème crucial qui est celui de la connaissance d’autrui. En effet, autrui ne se présente-t-il pas comme un mystère difficile à déchiffrer ? Existe-t-il des procédés psychologiques pour comprendre mon alter ego?

Il est possible de défendre et de partager l’idée de Malebranche selon laquelle la connaissance d’autrui est incertaine. (a) Il est vrai et cela ne fait l’ombre d’aucun doute qu’autrui nous apparait le plus souvent comme un mystère, comme une énigme. La raison de cette opacité d’autrui tient d’abord au fait que l’autre est une conscience singulière, différente de la mienne. Je ne puis pas pénétrer sa conscience pour savoir ce qu’il pense, désire et projette. Lui seul détient le secret de son intimité et de son intériorité. Il est le seul à connaitre la véritable nature de ses idées et de ses sentiments. ( b)

La deuxième raison qui justifie le caractère mystérieux de l’homme ou d’autrui relève de son caractère changeant, mouvant. Les pensées et les états d’âme d’autrui sont mobiles. A la différence des choses qui sont inertes et des animaux qui sont régis par l’instinct, l’homme est doté de la liberté qui lui offre le privilège de modifier ses agissements, ses pensées et ses états d’esprit. Montaigne, pour exprimer cette malléabilité d’autrui affirmait que : « l’homme est ondoyant et divers »

Quand bien même nous parvenons à avoir l’intuition des états d’âme d’autrui, sur la base de l’analogie, il reste toutefois difficile de coincider avec la nature exacte de ses états affectifs. Nous pouvons ressentir les mêmes sentiments que lui, mais il nous est impossible de les ressentir avec la même ampleur et acuité que lui. C’est ce qui incite Maurice Merleau Ponty à affirmer dans la phénoménologie de la perception : « … Paul est Paul et je suis moi. Nos consciences ont beau à travers nos situations propres construire une situation commune dans laquelle elles communiquent, c’est du fond de sa subjectivité que chacun projette ce monde unique »

Il ressort de ce premier moment de notre réflexion que l’autre est un être qui nous échappe et glisse entre nos mains chaque fois que nous prétendons le saisir car son existence est placée sous le signe de la liberté. Toutefois n’existe-t-il pas des procédés psychologiques pouvant permettre de comprendre l’autre ?

On peut quelque fois prétendre connaitre autrui. Tout d’abord par la simple perception et le jugement. La perception n’est pas la science, mais elle

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