La mauvaise conscience est-elle une bonne chose ?

La mauvaise conscience est-elle une bonne chose ?

« Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fait l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions. » -Rousseau, Émile ou de l’éducation. La conscience morale est une voix en notre for intérieur permettant de distinguer le bien du mal, de mesurer la valeur des actions, de juger de notre conduite et de celle des autres, nos actions sont alors jugés par notre bonne ou mauvaise conscience, ainsi on peut souvent faire expérience de mauvaise conscience. Mais, la mauvaise conscience est-t-elle vraiment une bonne chose ? En d’autres termes, avoir mauvaise conscience est  il bénéfique pour nous ? Es-ce un avantage d’avoir une mauvaise conscience ? On pourrait d’abord penser que la mauvaise conscience est une bonne chose car elle nous permet de juger nos actions, nous remettre en question sur les mauvaises actions qu’on aurait pu faire, de nous imposer des limites, c’est donc une chose essentielle pour vivre en société. Néanmoins, il semble falloir reconnaître que la mauvaise conscience n’est pas toujours un atout, elle nous  contrains parfois à nous renfermer sur nous même par excès de culpabilité et nous trompe parfois en nous faisant penser que nous sommes en tort. Dès lors, peut on vraiment considérer la mauvaise conscience comme étant un privilège ou faut il avouer que cette mauvaise conscience nuisible pour notre esprit ? On devine ainsi l’enjeu du sujet, il s’agit ici de mener l’examen attentif de notre mauvaise conscience pour savoir si celle-ci nous permet d’être un être meilleur ou si elle est nuisible pour l’Homme. Pour résoudre le problème, nous allons dans un premier temps affirmer que la mauvaise conscience est bien une qualité dont dispose l’être humain, ensuite, nous aborderons le fait que la mauvaise conscience peut parfois prendre une autre dimension et avoir le monopole sur l’esprit.  

        La conscience morale est pour Kant, une expression de la raison pratique. Certes elle se manifeste par un sentiment qui est le respect. Mais ce sentiment est tout à fait différent de ceux qui font naître le désir car, tout au contraire, il dévoile la soumission de l’homme à la loi morale, soumission qui est aussi sa liberté car elle témoigne de l’exercice parfait de la raison pratique, cette loi doit se présenter à lui comme une exigence, comme un impératif catégorique. La loi morale a pour Kant une valeur absolue, il conçoit la conscience morale comme universelle, indépendante des variations des conditions de vie, du développement culturel. Ainsi, la mauvaise conscience est universelle et pose des limites à chaque être conscient, c’est à dire à la majorité des humains. De ce fait, la mauvaise conscience agit négativement sur l’esprit d’un Homme ayant mal agit, enfreint le code moral, elle le fait alors culpabiliser, lui donne des remords. La culpabilité est une expérience émotionnelle désagréable, caractérisée par un sentiment de tension, d’anxiété et d’agitation,nous sommes alors tous condamnés à la culpabilité, y compris pour des actes que nous ne commettrons jamais (tuer notre père, notre mère, les voisins ou les collègues de bureau qui nous dérangent). Autrement dit, la mauvaise conscience est ce qui empêcherait tout Homme de commettre de mauvaises actions, ce qui interdit aux humains de faire des choses immorales par peur de se sentir coupable, d’avoir des remords, une expression émotionnelle  personnelle ressentie après avoir commis un acte qui a avoir honte. « La conscience est la voix de l'âme, les passions sont la voix du corps, la conscience ne trompe jamais; elle est le vrai guide de l'homme. » a dit Rousseau, la conscience et donc la mauvaise conscience guide alors l’homme dans ses actions et lui permet alors de suivre le droit chemin, elle est alors à la base de la vie en société car elle impose des limites, du respect entre chaque Homme. Claude Frisoni affirme alors « Entre le désir de bien faire et la peur de mal faire, il y a la même différence qu'entre la bonne volonté et la mauvaise conscience. » elle lui pose les limites entre le bien et le mal comme le dit Confucius « La conscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal. »

        D’autre part la mauvaise conscience est au fondement de la vie en société mais aussi de la religion. En effet, notre façon d'être et d'agir est tout simplement le reflet de notre conscience, nos faits et gestes dans la vie de tous les jours servent un même intérêt :celui de nous déculpabiliser vis à vis d'une situation ou d'une personne, l'Homme agit toujours consciemment dans son propre intérêt. Il va alors essayer de combler la mauvaise conscience et par conséquent de faire des choses immorales, d’accumuler les pêchés lorsqu’on parle de religion, Maurice Chapelan dit « Péché, c'est le mot que l'on donne à la mauvaise conscience. » Kant affirme aussi « La religion sans la conscience morale n'est qu'un culte superstitieux. », puisque l’Homme après avoir pêché, aura mauvaise conscience et culpabilisera, il alors de bonnes actions pour se sentir mieux. On voit alors l’importance de l’existence d’un équilibre entre le bien et le mal illustrée par le symbole le plus connu de la philosophie chinoise, le « Ying » et le « Yang », le mal et le bien  existent mais l’un ne peut exister sans l’autre, sans la mauvaise conscience , l’Homme ne se sentirais pas coupable de ses actions et ne saura pas faire la différence entre le bien et le mal, la mauvaise conscience existe pour que l’Homme essaie d’avoir bonne conscience. Cependant, tout être commet un pêché à un moment de sa vie, il aura alors mauvaise conscience et donc des remords, celle-ci va engendrer l’envie de se faire pardonner, de se pardonner, de se repentir, en d’autres termes, avec ses remords, essayer de compenser cela par de bonnes actions, ce qui est mit en avant par certaines religions tel que l’islam et notamment dans le livre sacré de l’islam, le coran : «Allah aime ceux qui se repentent et Il aime ceux qui se purifient. » Al-Baqarah, v.222, Voltaire dit lui aussi “Dieu fit du repentir la vertu des mortels.”. La mauvaise conscience incite alors les Hommes à devenir meilleur et à faire de bonnes actions pour contrebalancer son acte immoral, n’est-ce pas Hazrat Ali qui a raison lorsqu’il affirme « Le repentir balaye le péché. », ce qui rejoint les propos de William Klein « Prendre une photo, c'est une excuse pour être badaud. Je me donne l'impression de faire quelque chose donc j'ai moins mauvaise conscience. »

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