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Le soignant face à un patient qui veut mourir

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Par   •  25 Septembre 2023  •  Étude de cas  •  1 975 Mots (8 Pages)  •  102 Vues

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L’ANALYSE DE SITUATION 

NOM ET PRENOM DE L’ETUDIANT :  Mariette Emelyne

LIEU DE STAGE : EHPAD

SEMESTRE : 2

DATE 13 juin 2023

TITRE : Le soignant face à l’envie de mourir d’un résident

  1. Je raconte la situation :

J’effectue mon deuxième stage infirmier dans un EHPAD des Alpes-Maritimes qui accueillent 35 résidents. Ma situation se passe le lundi 3 avril, lors de mon premier jour, j’arrive à 7h30 pour prendre mon service, je monte rejoindre les aides-soignantes qui se trouvent au 5éme étage de la structure (6 étages au total). Je me présente à l’équipe qui est en train de distribuer les petits déjeuners aux résidents. On me tend un plateau en me de disant « va donner à manger à la 504, s’il ne mange pas ce n’est pas grave il veut mourir ».

Je saisis le plateau, et me dirige vers sa chambre. Sur sa porte entre ouverte il est inscrit « 504, Monsieur P. ». Je frappe et me permets d’entrée. Je vois dans le lit au milieu de la pièce Monsieur P. 86 ans, c’est un résident grabataire, atteint de douleurs articulaires, d’un cancer des cordes vocales opéré il y a 6 mois, paralyser du membre supérieur et inférieur droit à la suite d’un AVC il y a 2 ans, installer le plus confortablement possible dans son lit grâce à des coussins de positions sous son bras et sous son genou, des lunettes à oxygène dans le nez, branchées sous 2L pour un confort respiratoire. Il est pâle, a le regard triste perdu dans le vide bien que la télévision soit allumée.  Je m’approche de lui avec un sourire et lui dit bonjour d’une voix calme pour ne pas le faire sursauté puis me présente à lui.

Je l’informe que je viens lui donner son petit déjeuner et lui indique qu’il y a du pain de mie tartiné de beurre et de confiture de fraise ainsi qu’une tasse de café sucré sur le plateau.

Monsieur P. secoue la tête et tente de me parler, mais je n’entends pas, il chuchote d’une voix faible et le bruit de son générateur d’oxygène masque le son de sa voix. Je m’excuse et me place de l’autre côté de son lit en approchant mon oreille de sa bouche en lui demandant de répéter. « Je ne veux pas manger, juste boire le café ». Je lui donne sa tasse et lui demande s’il est sur de ne pas vouloir manger un peu et si je peux lui être utile, il posa sa main sur mon bras et en secouant de nouveau la tête il refusa et me dit « la seule faim que je veux c’est la F-I-N » en épelant chaque lettre pour s’assurer que j’ai bien compris à quoi il faisait allusion. Je lui fis un sourire pincé gêner sans savoir quoi répondre, je posai ma main sur la sienne dans un geste plein de compassion en baissant le regard pour lui confirmer que j’avais compris le message.

Je sortis de la chambre et je commençai les aides à la toilette des résidents que l’on m’avait attribués ce matin-là. Vers 10H30 l’infirmière nous demandât de venir dans le poste de soin pour nous faire part de l’entretient qu’elle a eu avec le médecin de la structure concernant Monsieur P.

« Monsieur P. ne supporte plus son état, il refuse de manger depuis 2 semaines, il refuse tous ses médicaments, y compris les antalgiques (doliprane), il souhaite mourir, le 14 avril jour de son anniversaire, nous avons eu un entretien avec le médecin de l’EHPAD, le médecin du HAD, Monsieur P et sa famille, après concertation et accord écrit, nous allons pouvoir mettre en place une « sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Le service de HAD (hospitalisation à domicile) prendre en charge les perfusions et soins médicamenteux de Monsieur P en lien avec le médecin spécialiste en soins palliatifs. »

Aux alentours de 12h je suis retourné voir monsieur P pour lui apporter son repas. Il avait refusé le petit déjeuner mais je lui ai proposé quand même pour entamer la discussion. Il m’a demandé ce qu’il y avait au menu « concombre, omelette, pomme de terre et en dessert une salade de fruits » il a refusé le repas en plaisantant sur le fait qu’il aurait préféré une entrecôte. « Je fais la grève de la faim » me dit-il, « mais vous savez, je suis content, enfin ma souffrance a été entendue, bientôt j’aurais la perfusion du bonheur, on va me laisser partir » il sourit émue et plein de soulagement. Je reste quelques minutes avec lui à discuter du programme télé -un reportage sur l’Egypte, pays qui le passionne- pour lui tenir compagnie au cas où il souhaiterait aborder le sujet de la sédation profonde, sans être intrusive, il me remercie de ma présence et je pars pour le laisser se reposer.

Le reste de la journée s’est écoulé et je suis rentré chez moi en repensant aux échanges eut ce jour-là avec ce résident, qui souffre depuis des années, qui demande à mourir depuis des mois en vains et au soulagement et l’émotion ressentie d’avoir enfin été entendu.

L’euthanasie en France :

En France l’euthanasie et le suicide assisté sont interdits, cependant, la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016 qui encadre la fin de vie des malades incurables permet une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » pour des malades en phase terminale et en très grande souffrance, dont la vie est menacée « à court terme ». Cette notion de court terme, qui va de quelques heures à quelques jours, a été définie par la Haute Autorité de santé. Le patient est alors endormi, les traitements (l’hydratation et la nutrition sont notamment considérées comme tels) sont arrêtés et des antidouleurs administrés. La sédation peut avoir lieu au domicile du malade, s’il le souhaite, en milieu hospitalier ou dans un établissement d’accueil de personnes âgées.

Le CCNE (Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé) a rendu le 13 septembre 2023 un avis très nuancé, mais acceptant, pour la première fois, la possibilité d’une aide « active » à mourir. Le comité d’éthique juge possible « une voie pour une application éthique d’une aide active à mourir » pour des patients « au pronostic vital engagé à moyen terme » – quelques semaines ou mois –, et aux souffrances physiques et/ou psychiques insupportables.

(Source : Fin de vie, sédation, aide active à mourir : de quoi parle-t-on ? Où en est le débat en France ? (lemonde.fr)

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