Frontières organisationnelles et confiance des acteurs
Dissertation : Frontières organisationnelles et confiance des acteurs. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar emmatom • 2 Mars 2017 • Dissertation • 3 759 Mots (16 Pages) • 760 Vues
Frontières organisationnelles et confiance des acteurs
Picard Surgelés, l’une des marques préférées des Français, s’est construit sur un modèle d’affaires (business model en anglais) original : le modèle de l’entreprise réseau. Picard Surgelés, qui n’assure que la MISE AU POINT DES RECETTES au siège d’Issy-les MOULINEAUX, s’appuie sur une multitude de PME pour la conception des produits, et ce grâce aux relations de confiance établies dans la durée.
On voit à travers cet exemple que la confiance entre les acteurs s’appuie sur une frontière diluée entre les différents partenaires.
Les frontières organisationnelles, étant entendues comme un espace délimité entre l’organisation et son environnement, renvoient l’idée sur la façon dont les organisations effectuent ses transactions avec ses différents partenaires.
A ce titre, SANTOS et EISENHARDT, 2005, définissent les frontières organisationnelles comme une ligne de démarcation entre L’ORGANISATION ET SON ENVIRONNEMENT. Ces deux auteurs distinguent les frontières horizontales (concernant les couples produits-marché de l’entreprise et les relations avec l’environnement concurrentiel) et les frontières verticales (relation avec la chaîne de valeur de la filière).
Ainsi, jusqu’aux années soixante-dix, les économistes ont raisonné de façon binaire, en traçant une frontière bien délimitée entre le marché et la firme et en s’interrogeant sur leurs avantages et inconvénients respectifs. A ce sujet, R.COASE (The Theory of the firm 1937) a élaboré la théorie des coûts de transaction en posant la question de l’existence des firmes et des marchés. Ainsi, il montre que le recours au marché va primer sur le recours interne à la firme si les coûts de transaction sont inférieurs au coût de coordination et inversement.
Cette dichotomie firme/marché sera remise en cause à partir des années quatre-vingt en introduisant une catégorie intermédiaire qualifiée de « coopération inter-firmes ». O. WILLIAMSON parlera DE FIRMES HYBRIDES EN 1985 tandis que F. FRERY élaborera le concept d’entreprise réseau.
Aussi, cette évolution dans les frontières organisationnelles au cours du 20ème siècle s’est faite dans un souci d’une meilleure efficacité productive mais aussi dans la recherche de confiance des partenaires de l’organisation : les parties prenantes.
A ce titre, la confiance peut se définir comme une espérance de fiabilité dans les conduites humaines, qui suppose un rapport à un autre être humain dans le cadre d’une situation incertaine, dans un but et un contexte précis.
La confiance peut prendre différentes formes (confiance entre les personnes, confiance dans les institutions), se construire selon diverses modalités, (familiarité, habitude) et compter des degrés variables (faiblement ou fortement confiance).
A ce titre, NOORMAN 1993 va définir la confiance comme la volonté de s’appuyer sur un partenaire dans lequel on croit.
Pour BROUSSEAU 2001, la confiance est une croyance dans le comportement de l’autre dont on suppose qu’il va être dicté par la poursuite d’un intérêt commun à long terme plutôt que par la volonté de maximiser l’intérêt personnel à court terme.
Deux grandes formes de confiance peuvent être distinguées selon ZUCKER, 1986, la confiance intuitu personae (attachée à une personne en fonction de caractéristiques propres comme l’appartenance à une même famille, elle est exogène à la relation) et la confiance interpersonnelle (issue d’un apprentissage collectif fait d’engagements mutuels, de signes que l’on donne à l’autre pour justifier sa confiance.
Enfin DONADA et NOGATCHEWSKY, 2007 parlent de confiance inter-organisationnelle pour traduire une confiance collective envers les individus des firmes partenaires.
Au cours de l’histoire contemporaine, la confiance des acteurs dans les organisations a évolué de façon plus moins diverses. Sous TAYLOR, avec les principes de l’OST, la confiance ne pouvait être obtenue des ouvriers qu’à travers un système de contrôle étroit. Le Taylorisme était fondé sur la séparation des tâches de conception et les taches d’exécution, et sur la parcellisation des tâches. A partir des années 1920, un nouveau courant de pensée avec l’école des relations humaines accordera aux acteurs une confiance plus importante à travers la participation des salariés aux objectifs des organisations. Cependant l’objectif étant toujours de chercher un moyen d’accroître la productivité.
Ce n’est véritablement qu’à partir des années 1970/1980, avec l’approche sociologique que la confiance des acteurs sera prise en considération, notamment avec la théorie de la traduction de CALLON et LATOUR.
L’importance économique et sociale de la confiance interpersonnelle a été soulignée pour la première fois par Kenneth ARROW (1974), en déclarant : « il a été observé que parmi les facteurs caractérisant les sociétés en retard de développement économique figure le manque de confiance.
En somme, traiter le sujet revient à s’interroger sur les interactions entre les frontières organisationnelles et la confiance des acteurs.
Aussi face à la multitude des formes organisationnelles, nous ne parlerons pas des CLUSTERS (pôle de compétitivité) mis en place en France en 2004, regroupant des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation dont l’objectif est d’élaborer des projets innovants.
Nous ne parlerons pas non plus des formes organisationnelles adoptées par le secteur public tel les hôpitaux ou autres administration publiques, mais nous limiterons notre analyse au cas des firmes commerciales relevant du secteur privé.
Le sujet semble particulièrement pertinent au regard de l’actualité des organisations que nous rapporte régulièrement les médias en termes de structure des entreprises. D’ailleurs, les frontières organisationnelles et la confiance des acteurs sont étudiés en STS tertiaires.
Par conséquent, une série d’interrogation s’impose :
-quel choix l’organisation doit- elle faire entre la firme et le marché pour effectuer ses transactions ?
- Cette alternative marché/firme est-elle pertinente dans la recherche de la confiance des acteurs ?
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