"du législateur" / Rousseau
Commentaire de texte : "du législateur" / Rousseau. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar l.avnl • 21 Novembre 2021 • Commentaire de texte • 2 120 Mots (9 Pages) • 743 Vues
Commentaire de texte :
Le chapitre VII du livre II intitulé « Du législateur » s’intègre dans l’un des ouvrages les plus importants du philosophe et écrivain Jean-Jacques Rousseau Du contrat social, parue en 1762.
En effet, ce célèbre texte aborde les thèmes fondamentaux de l’idéologie des Lumières dans laquelle s’inscrit Rousseau, et plus principalement dans ce chapitre VII il évoque les concepts de l’état de nature, de souveraineté populaire et volonté générale ou encore de religion.
En effet, selon Rousseau l’état de nature de l’Homme se définit par une vie de chasseur-cueilleur au cours de laquelle l’individu évolue de manière indépendante et animale. En effet il ne vit pas en groupe et les violences y sont pratiquement absentes, au contraire de Hobbes décrivant cette état de nature comme une « guerre de tous contre tous ». Rousseau dit en effet que « l’Homme nait bon, c'est la société qui le corrompt », c’est-à-dire que selon lui c'est au moment de la formation en société que l’Homme devient mauvais, corrompu par ses intérêts personnels. Étant contractualiste, il définit la notion du contrat social qui a pour but de rendre le peuple souverain, et de l’engager à abandonner son intérêt personnel pour suivre l’intérêt général. L’État est donc créé pour rompre avec l’état de nature, en chargeant la communauté des humains de son propre bien-être.
Il aborde de plus au sein de ce texte sa théorie de la souveraineté populaire, pour le philosophe la souveraineté appartient au peuple et chacun en détient une part. La souveraineté est donc l’expression de la volonté générale du peuple et ne peut donc pas être représentée, c'est pourquoi Rousseau soutient la démocratie directe, issue du modele de la démocratie athénienne, comme le meilleur des régimes possible. Ce concept s’oppose à la théorie de la souveraineté nationale dans laquelle la souveraineté est devenue par la nation et exprimée a travers des représentants.
Enfin, Rousseau met en avant dans ce texte sa vision de la religion. Il la caractérise comme un élément essentiel de la société permettant d’assurer la pérennité du contrat social.
Rousseau est profondément individualiste. L’individualisme est une conception philosophique où l’individu occupe la place centrale, par opposition aux théories holistes, qui font au contraire prédominer le groupe social. Il s’agit donc d’une primauté de l’identité personnelle par rapport à l’identité collective.
Suivant cette conception, nous pourrions donc nous attendre à ce que Rousseau nous expose sa vision de la société sur une base également individualiste. Pourtant, il met en avant dans ce texte une société basée, grâce à la lumière du législateur, sur le fait que les individus doivent justement se former en peuple.
Ainsi, nous pouvons donc nous demander : Comment Rousseau justifie-t-il le fait que, malgré une philosophie individualiste, le législateur soit nécessaire aux individus en tant que peuple ?
Dans un premier temps, des lignes 1 à 12, nous expliquerons pourquoi l’individu en soi doit être guider afin de former un tout. Dans une seconde partie des lignes 13 à 26, nous verrons ensuite comment le législateur est selon Rousseau parfait pour endosser ce rôle de guide, enfin nous parlerons dans une troisième partie des lignes 27 à 42 des moyens utilisés par ce législateur afin de guider le peuple.
Dans cette première partie, Rousseau explique donc en quoi les individus ont besoin selon lui de se former en tout afin de se laisser guider. Il commence par évoquer leur état de nature individuel afin de démontrer les aspects qu’il lui faut ôter, puis il explique comment pourrait se faire cette éradication.
En effet selon lui, l’Homme a l’état de nature répond au « mythe du bon sauvage », car même si Rousseau n’utilise pas réellement le terme de « bon sauvage », il caractérise un état naturel de l’Homme bon, innocent et pur. Il l’affirme notamment aux lignes 2 et 3 : « chaque individu qui par lui-même est un tout parfait et solitaire », idée appuyée notamment sans le Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, dans lequel il développe une métaphore sur l’état de nature et sur l’état de l’Homme avant la civilisation. Il affirme notamment que cette période est la plus heureuse pour l’individu. c'est alors lors de l’entrée en société que l’Homme devient mauvais, égoïste, notamment par rapport à l’introduction de la propriété dans la vie des individus qui les transforment en une population égoïste et envieuse. De cette vision de la société, qui se forme par ailleurs malgré les Hommes, découle cette théorie individualiste, c’est-à-dire comme dit précédemment une vision au sein de laquelle l’individu occupe la place centrale, non le groupe social et cette nécessité d’un pacte social inhérente à sa philosophie contractualiste.
Mais pour autant, afin de faire fonctionner ce pacte social, Rousseau explique dans ce texte une théorie différente de l’individualisme : « chaque citoyen n’est rien, ne peut rien que par tous les autres » (ligne 10). En effet, les citoyens au moment ou ils se forment malgré eux en société se transforment d’individus bons en individus corrompus par leurs intérêts privés. Il faut donc qu’il se transforme antérieurement au pacte social afin que celui-ci soit mis en place sans problème, et qu’il forme avec les autres individus une réelle société. Comme il l’affirme, l’Homme naturel est « physique et indépendante » (ligne 5) et il faut qu’il devienne un individu ayant « une existence partielle et morale » (ligne 5). Cette philosophie est donc différente de cette théorie individualiste qui privilégie plus l’individu plutôt que le groupe social. En somme, il faut donc que l’Homme transforme sa nature qui le pousse a être égoïste et trop individuel lors de son entrée en société afin de devenir une partie au sein du tout et acquérir de nouvelles force qui lui sont par ailleurs comme il l’affirme ligne 7 « étrangères ».
L’Homme étant donc à l’état de nature parfait et heureux seul selon Rousseau, lorsqu’il se forme en société qui le corrompt, il faut donc que lorsqu’il se corrompt malgré lui, il transforme ces éléments de nature afin qu’il devienne une partie au sein d’un tout et qu’il éloigne ses intérêts privés. Pour cela, il faut à ces individus un guide.
Effectivement, dans cette deuxième partie Rousseau va apporter une figure permettant à ces individus d’opérer cette transformation et de mettre en place ce pacte social. Il va donc décrire dans cette partie en quoi le législateur peut-il faire office de guide a cette population. Il commence dans un premier paragraphe par décrire cette figure puis il donne les caractéristiques de son pouvoir d’influence et comment celui-ci se combine avec l’exercice de la volonté générale du peuple.
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