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L’État : modèle, figures, rationalités et crises

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Par   •  17 Septembre 2018  •  Dissertation  •  2 391 Mots (10 Pages)  •  572 Vues

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ère année

Fiche synthétique

L’État : modèle, figures, rationalités et crises

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INTRODUCTION


Alors que l’État providence est le modèle de l’État français depuis la fin de la seconde guerre mondiale, celui-ci rencontre nombre de difficultés à rester intact, et qui reste très critiqué depuis quelques années. Un nouveau modèle semble vouloir se dessiner, celui de l’État social actif. Dans une première partie, nous évoquerons le terreau sur lequel s’est édifié l’Etat social entre le XIXème siècle et la seconde moitié du XXème. Dans une seconde partie, nous nous attarderons sur les restructurations de cet Etat social après l’entrée de notre société dans une période de « crise économique », à partir du dernier quart du XXème.


Partie 1: L’Etat social : perspective historique

A) Le travail social, « bras armé » de l’Etat social

Dès le XIXe siècle on peut observer l’émergence de mesures de charité et philanthropie bourgeoises   et/ou religieuses, qui prennent place dans un contexte général à la fois d’industrialisation, d’urbanisation et de prolétarisation d’une grande partie de la population. Nombreux sont les notables, intellectuels et acteurs publics qui s’inquiètent pour différentes raisons de l’apparition de problématiques sociales propres aux « classes laborieuses », qu’on associe souvent à des « classes dangereuses » (document 1). L’expression « welfare state », créée par William TEMPLE, a donné lieu à la traduction « État du bien-être ». Cet « État du bien-être » est plus couramment connu sous le nom d’État providence, aussi nommé État social. L’État providence dans une logique de démocratie libérale, est apparu dans la seconde moitié du XXème siècle en opposition au modèle soviétique. Le but de cette opposition étant de montrer que la population d’un état non membre du parti communiste peut offrir une condition de vie à son peuple aussi élevée qu’un pays membre (document 3). Ses fondements sont issus de deux perceptions opposées, au sujet de la représentation d'un État, celle de Bismarck et de Beveridge. Fondée en Allemagne, la logique bismarckienne a pour vocation de réguler les tensions sociales provoquées par l'industrialisation rapide à travers le mécanisme des assurances sociales, soit une assurance obligatoire proportionnelle entre cotisations et prestations. Le modèle Beveridgien, d'origine anglo-saxonne, quant à lui prime l'assistance des personnes, c'est à dire la mise en place d'un système universel permettant à tout citoyen quelque soit sa position sur le marché du travail d'accéder à un minimum de prestations sociales. Il s'agirait alors en d'autres termes d'éliminer l'indigence par un effet social de la nation. De part ces deux logiques, l’État providence remplit alors un objectif double. Il a pour mission d'assurer la protection sociale de sa population face aux événements de la vie (précarité, vieillissement, handicap, chômage, etc). De plus, c'est à travers l'ensemble des mesures qui visent à modifier la répartition primaire des revenus par des prélèvements et des versements des prestations sociales que l'Etat rempli son rôle de « justicier social » soit par la redistribution des richesses (document 4). Il en existe d'ailleurs deux sortes : la redistribution verticale et la redistribution horizontale. La première d'entre elles couvre les risques sociaux, quelque soit les revenus des actifs vers les inactifs, bien portant vers les malades passant ainsi par la politique familiale, le système de retraite (redistribution relevant de la logique d'assurance). La deuxième quant à elle a pour but de réduire les inégalités de revenus, de limiter la pauvreté, s’établit des plus aisés aux plus modestes à travers la politique fiscale, le R.M.I, la C.M.U (redistribution relevant de la logique d'assistance). C'est donc à travers l'accomplissement de ces deux objectifs que l'Etat social procède à la régulation de l'économie de marché en parallèle avec le développement des droits de l'Homme et des droits sociaux (document 4).


B) Les Trente Glorieuses

La période qui suit la fin de la Seconde Guerre Mondiale est quoi qu’il en soit une période de reconstruction et de forte croissance économique. Les politiques keynésiennes soutiennent les travailleurs et les consommateurs. Le contexte est donc très favorable au développement du secteur social. De nombreuses protections sociales et dispositifs de solidarité publique se développent. On a commencé de plus en plus à parler d’un « Etat-providence ». Parmi les avancées permises par les Trente Glorieuses, on peut observer le fort développement du travail social, qui atteint une certaine « apogée » à l’époque, comme le considère Manuel Boucher dans L’Etat social dans tous ses états
(document 4). Le travail social en effet est progressivement encadré et soutenu par des dispositions légales et réglementaires qui fixent le cadre des interventions, le fonctionnement des établissements, les modalités de financement, les catégories de publics… Parallèlement, la formation des travailleurs sociaux s’organise, les écoles se multiplient, de nombreux diplômes sont créés entre les années 1960 et 1970. Les Trente Glorieuses permettent une meilleure reconnaissance du travail social (l’expression « travail social » apparaît d’ailleurs dans les années 1970), et le secteur s’achemine vers un certain équilibre. L’Etat social s’est structuré selon un processus d’institutionnalisation pour le moins ambivalent : il a établi la nécessité de garantir la solidarité envers les plus vulnérables en investissant une partie des fruits de la forte croissance économique ; mais cela cependant à condition que les initiatives de solidarité respectent de nombreuses réglementations et contraintes propres aux politiques publiques (document 4). Les bénévoles, militants, notables, religieux…, ont dû faire des compromis avec les autorités publiques pour devenir de véritables professionnels, avec des salaires, protections et obligations légales… Pour le meilleur et pour le pire. Cependant, la fin des Trente Glorieuses va fortement ébranler ce début de structuration.

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