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Doit-On Apprendre à Devenir Soi même?

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Par   •  6 Mai 2013  •  2 881 Mots (12 Pages)  •  1 537 Vues

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’homme est un animal métaphysique. À un moment ou à un autre de notre vie, nous nous posons tous des questions existentielles, nous traversons des crises identitaires. On croyait se connaître et on se rend compte qu’en réalité, on a d’une part du mal à connaître qui nous sommes et d’autre part à savoir si nous sommes nous-même. De plus, dans ces moments d’interrogation sur soi, on a tendance à se replier sur soi et nous pouvons ressentir un sentiment de marginalisation. On se demande si nous pouvons être nous-même. Ne serait-il pas plus facile d’«être comme tout le monde» ? Mais cela voudrait dire que nous ne prenons pas part de notre responsabilité. Ainsi être soi-même en tant qu’être sincère qui assume son identité apparaît comme un devoir : c’est à nous-même de nous poser des obligations morales. Mais comme on ne se reconnaît pas toujours dans ce que nous sommes, il faudra donc se demander par quel processus parvenons-nous à devenir nous-même.

Nous verrons dans un premier temps qu’a priori nous sommes nous-même mais dans un deuxième temps nous verrons que sans un travail sur soi-même, nous sommes déterminés par des causes qui nous échappent et donc dans un dernier temps, nous verrons à quelles conditions il est possible de devenir soi-même.

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Dans cette première partie, nous verrons qu’il ne semble pas nécessaire d’apprendre à devenir soi-même puisque nous le sommes déjà.

Tout d’abord, on peut se dire que l’homme a été créé par un Dieu. Ce serait donc ce Dieu qui a décidé son identité, ce ne serait donc pas à l’homme de vouloir devenir lui-même et de toute façon, il suit un destin de sorte qu’il est condamné et est donc nécessairement lui-même en tant qu’être défini par ce Dieu.

Par ailleurs, l’homme est un être rationnel, c’est-à-dire qu’il est doté d’une raison, il cogite et fait l’expérience du «Cogito ergo sum» : le «Je pense donc je suis» de Descartes. Pour Descartes, l’homme est divisé en deux entités : la substance étendue (son corps) et la substance pensante (son esprit). Selon la thèse du conscientalisme, la vie psychique de l’homme se résume à sa conscience réflexive, sa capacité de représentation de lui-même. L’homme connaît donc toutes ses pensées et comme il se définit par sa pensée, il se connaît lui-même.

Nous avons donc vu qu’en théorie, on est par essence soi-même.

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Pourtant, en pratique, on se rend compte que l’on n’est pas toujours soi-même.

L’homme est en fait divisé entre le moi, le ça et le surmoi. Selon Freud, il existe dans la vie psychique de l’homme une partie consciente, le moi, et une partie inconsciente, le ça (les pulsions) et le surmoi (les normes et les valeurs que l’on nous a inculquées). Ainsi «le moi n’est pas maître dans sa propre maison» car «ça pense en moi», l’homme n’est donc pas entièrement lui-même.

D’une part, il est sujet à diverses pulsions comme par exemple les pulsions sexuelles, l’homme peut agir à l’encontre de sa raison, il peut être attiré par quelqu’un qu’il n’aime pas, il y a un dualisme entre son âme et son corps. Lorsqu’il n’y a pas corrélation entre les volontés de son âme et les pulsions de son corps, cela nous montre que l’homme a du mal à être lui-même, il devra donc apprendre à le devenir.

D’autre part, à travers le concept du surmoi, on peut penser que l’homme est déterminé par son environnement social et plus généralement par la société. En effet, selon Pierre Bourdieu, il y a reproduction sociale, ce qui veut dire que l’homme n’a pas choisi d’être qui il est et il devra connaître les caractéristiques de ses déterminismes sociaux pour apprendre à se forger son identité individuelle et par-delà devenir soi-même. De plus, la société actuelle tend à uniformiser les individus, il est donc difficile de s’affirmer en tant qu’individu différencié d’une certaine masse. Nous subissons des contraintes établies par des normes sociales, c’est-à-dire des règles que l’on doit respecter si l’on veut être intégré à la société. En outre, on peut aussi parler de l’effet de masse traité dans Psychologie des foules écrit par Gustave Lebon : lorsqu’un individu se trouve dans une foule, il peut agir différemment que s’il n’avait pas été entouré. Dans cette situation, il n’est donc pas lui-même, il devra là aussi faire des efforts sur lui pour y parvenir.

Nous avons vu dans cette deuxième partie que l’homme n’est pas toujours lui-même, c’est pourquoi l’on comprend que cela nécessite un travail d’apprentissage. L’homme n’est pas lui-même, c’est à lui de le devenir.

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Dans ce dernier temps de la réflexion, nous allons donc voir comment se connaître soi-même et quel apprentissage cela nécessite pour le devenir.

Tout d’abord, si nous avons émis une vision négative de la société puisqu’elle nous influencerait, nous devons observer le rôle d’autrui dans la construction de notre identité et l’affirmation de soi. En effet, quand autrui nous regarde, nous prenons conscience de nous-même, c’est ce que Sartre développe dans le concept de honte dans l’Être et le Néant : grâce à autrui nous apprenons à nous connaître nous-même. Par ailleurs, la présence d’autrui entraîne une lutte pour la reconnaissance, ce que nous montre Hegel dans sa Phénoménologie de l’Esprit. Si nous cherchons à être reconnu, c’est que nous cherchons à nous affirmer pour devenir nous-même.

Ensuite, pour apprendre à devenir soi-même on peut faire appel à un psychanalyste pour réaliser une cure psychanalytique et ainsi nous aider à interpréter certaines de nos pensées ou de nos actions réalisées inconsciemment et nous réconcilier avec nous-même. En outre, l’acte d’écriture peut aussi permettre de clarifier nos pensées et par-delà, ce qui compose notre individualité. Quand Rousseau écrit son autobiographie Les confessions, il fait preuve de sincérité, il est en corrélation avec lui-même.

Nous avons vu jusqu’à présent que pour être soi-même, on doit apprendre à le devenir par différents moyens, c’est une condition mais au-delà de ça, nous devons voir pourquoi apprendre à devenir soi-même est un devoir existentiel. Chercher à devenir soi-même, c’est s’opposer à la «mauvaise foi» de l’homme qui consiste à dire que nous ne sommes pas nous-même car nous sommes déterminés et donc que nous ne sommes pas responsables de nos actes. En effet, s’opposer à l’homme

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