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Doit-on apprendre à penser ?

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Par   •  31 Octobre 2017  •  Dissertation  •  1 781 Mots (8 Pages)  •  2 811 Vues

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Dissert philo

   La pensée, qui désigne l'exercice de l'esprit, la formation d'avis et d'opinions, mais aussi la combinaison de concepts et d'idées menant à une compréhension du monde, semble avoir lieu au plus près de l'homme et le différencier de l'animal.

Néanmoins, il est important de distinguer deux sens de la pensée humaine. Le premier sens de « pensée » désigne la pensée immédiate, telles que les émotions et les réactions primaires : l'animal possède également ce genre de pensée. Le second sens, qui sera celui qui nous intéressera tout au long de notre développement, désigne la pensée réfléchie, celle qui nous vient à l'esprit lorsque l'individu réfléchit et se concentre. Dans cette optique, conscience (immédiate et réfléchie) et pensée (immédiate et réfléchie) semblent se confondre.

Cependant, il semble légitime de se demander si cette capacité à réfléchir est une qualité innée ou apprise : l’apprentissage désigne l'intégration de connaissances à travers des interactions avec le monde extérieur. Acquérir des connaissances grâce au monde environnant pourrait donc sembler nécessaire à l'épanouissement cognitif et intellectuel d'un individu. Il s'agit de se demander si l'individu qui ne reçoit aucun apprentissage est il capable de penser. Pour Descartes, il faut penser pour être (« je pense donc je suis », ou, en latin « cogito ergo sum »). On peut donc se demander s'il faut apprendre à être ?

Nous allons réfléchir et tenter d'apporter une réponse au travers de trois grands axes : dans un premier temps, nous verrons ce que l'apprentissage apporte à l'individu et à sa capacité de réflexion, puis dans un seconde temps, nous verrons les limites d'un tel apprentissage. Nous essaierons ensuite de comprendre comment la pensée peut être aidée par l'apprentissage, sans pour autant que celui-ci donne des réponses toutes faites.

 

   L'enfant qui vient de naître ressent douleur, malaise et plaisir au quotidien. S'il est éloigné de ses parents, il sera immédiatement bouleversé et en réponse immédiate il pleurera. De plus, dès l'âge de deux mois, l'enfant est capable d'adresser des sourires intentionnels : sa pensée immédiate est donc fonctionnelle. Mais est-ce le cas de sa pensée réfléchie ? Si l'enfant est face à un problème qui requiert une réflexion afin de trouver une solution adaptée, on peut penser qu'il sera désorienté et se mettra à pleurer. Par exemple, un enfant face à un bête sauvage ne pensera sans doute pas naturellement à se cacher.

En plus d'avoir pour objectif de rester en vie, l'enfant qui naît dans une société civilisée a besoin de codes et de normes afin de ne pas être vu comme un déviant (c'est-à-dire un être inadapté). Cependant, l'individu n'a pas pour réflexe premier de se servir d'une fourchette pour manger, usage pourtant largement répandu dans notre société, comme beaucoup de sociétés occidentales. Or, s'il ne se sert pas de couverts, il sera sanctionné par, entre autres, des regards désapprobateurs de ses pairs. Ainsi, l'enfant est un individu en devenir qui a besoin d'être modelé afin de s'insérer dans la société. C'est Emile Durkheim, qui au XIXème siècle théorisa ce concept de « socialisation », c'est-à-dire l'apprentissage de normes et de valeurs menant à l'intégration sociale d'un individu. Un apprentissage semble donc nécessaire à l'individu pour pouvoir réfléchir à son comportement en société.

   Aller à l'école, qui est une norme dans notre société, donne à l'individu un apprentissage. Celui-ci aurait pour but de donner des outils pour penser. Alphabet et calcul, par exemple, sont supposés mener à un exercice de le réflexion de l'enfant, qui doit s'en servir pour comprendre le monde qui l'entoure. Néanmoins, notons que Albert Einstein, dont la faculté de réflexion est reconnue comme immense, avait d'extrêmement mauvais résultats à l'école et s'est fait renvoyé de son établissement. On peut donc se demander si l'apprentissage lui était nécessaire pour penser.

   Acquérir la connaissance de l'existence de différents points de vue, savoir qu'il existe toujours différentes façons de voir une situation est un apprentissage qui semble absolument nécessaire afin de se forger un avis et avoir ses propres idées : pour penser, tout simplement. En effet, afin de penser pour soi-même, il semble capital d'éviter la doxa, c'est-à-dire les préjugés populaires, les présuppositions admises par le sens commun, les opinions semblant évidentes et pourtant jamais doutées, donc à aucun moment pensées, réfléchies. Ce concept de la doxa est présent dans la société grecque antique. Socrate l'évoque notamment dans sa méthode philosophique la maïeutique, puisque celle-ci consiste dans un premier temps à faire admettre à l'individu que ce qui lui semble évident est faux, mais nous évoquerons plus longuement la maïeutique plus tard dans notre développement. Pierre Bourdieu, sociologue français du XXème siècle, a repris ce terme de doxa, de sens commun donc, pour dénouer les certitudes populaires, par exemple sur le genre. Dans le sens commun (de l'époque en tout cas), le masculin est associé à la force et à l'intelligence, tandis que le féminin évoque la souplesse et la sensibilité. Bourdieu défait ensuite sans ces travaux ces associations faciles et qui ne reposent sur aucune vérité, qui n'ont pas été pensées, réfléchies.

Ainsi, apprendre que différents façons de penser existent pour chaque circonstance mène donc à éviter les raisonnements simplistes, et à être donc capable de penser pour soi-même.

   La philosophie, qui peut être considérée comme un apprentissage puisque enseignée à l'école républicaine du XXIème siècle tout comme enseignée par d’innombrables philosophes tels que Socrate, Montaigne, Kant ou Bergson, aurait pour but de développer l'esprit critique puisque le philosophe doute, s'étonne et se questionne en permanence. La philosophie apprendrait donc à penser, à réfléchir.

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