Perfectionnisme nippon

Armor Lux

La maille bretonne a la fibre japonaise

L'un des rares clichés du styliste japonais Zucca : à la pointe du Van, en pull et caban Armor Lux

(photo magazine Soen/D.R.)

Le fameux tricot rayé, porté par tant de générations qu'il en devient intemporel, c'est probablement Armor Lux qui s'en est fait le plus célèbre fabricant. Plus d'un lecteur écrasera une larme en songeant à son tricot de "petit marin" d'antan ! Mais où est donc l'innovation, là dedans ? Eh bien la société quimpéroise a engagé en 1994 Zucca, un styliste japonais renommé, qui lui permet par sa "patte" de pénétrer un marché nippon qu'on dit traditionnellement étanche.

Tout à fait étanche ? Non, quand même, car il est de notoriété publique que les industries françaises du luxe s'y sont introduites sans trop de problèmes, le consommateur japonais fortuné y accordant une nette prédilection. Née à Quimper en 1938, sous le nom de "Bonneteries d'Armor" (Armor Lux est l'une des marques commerciales), la société est l'enfant d'un artisan suisse, Walter Hubacher, venu respirer le bon air breton. Restée quasi-familiale jusqu'en 1994, la société change de main pour celles d'anciens du groupe Bolloré, désireux de revenir au pays. Cette année-là, l'un d'entre eux, Jean-Guy Le Floc'h, désormais PDG de l'entreprise, rencontre lors d'un salon de prêt-à-porter parisien un personnage qui va contribuer à changer l'image de la société quimpéroise (450 personnes), une entreprise aux productions traditionnelles et sérieuses en prêt-à-porter, sous-vêtements et produits marins, avec une fabrication française à 100%...

Perfectionnisme nippon

"Akira Onozucca est un styliste célèbre au Japon. En fait c'est même la coqueluche des jeunes Japonaises. Ancien bras-droit de Isseï Miyake (1), il s'est mis à son compte depuis une dizaine d'années. Je cherchais un styliste pour rafraîchir nos collections. Ces vêtements qui étaient authentiques et classiques, il fallait les projeter dans la modernité. Je voulais un Américain ou un Asiatique, car c'est de là que se dessinent les tendances actuelles. Zucca (le nom d'artiste du styliste), rencontré mi-94, a été rapidement séduit par notre maison", retrace Jean-Guy Le Floc'h. Le japonais est ainsi devenu le père de la collection appelée simplement "Armor Lux par Zucca", revisitant subtilement les classiques de la marque quimpéroise. D'emblée, la confrontation avec le perfectionnisme nippon a induit des changements dans l'entreprise. "Cela a généré pas mal de rigueur !" sourit le PDG. "Le textile est traditionnellement un métier un peu flou. Or Zucca est extrêmement exigeant sur le moindre détail. Il a fallu instaurer des procédures de suivi plus précises , au niveau des mesures et des vérifications des coloris, notamment. Nous n'avions pas l'habitude de travailler au millimètre !"

Nippofile Apprendre le japonais

Ingénieur au Cnet (Centre national d'études des télécommunications) de Lannion, Sylvain Meyer a imaginé et développé un logiciel de traduction du japonais. Appelé Nippofile, celui-ci propose un dictionnaire d'idéogrammes, 3 dictionnaires de vocabulaire (3 systèmes d'écriture co-existent en japonais), une aide à la lecture et une machine de traduction automatique. Ce logiciel est disponible en version anglaise et française, pour les ordinateurs de la gamme Apple. Il est distribué en Europe par l'Isuga (voir ci-dessous).

L'Année du Japon en France

De nombreuses manifestations culturelles ponctuent cette "Année du Japon" en Bretagne. Voici quelques-unes de celles prévues à Rennes (programme sous réserve) :

Exposition "Sendai ville jumelle" au Centre commercial de Longs Prés du 5 au 15 novembre 1997

"Le Japon fait son cinéma" en novembre 1997 au Cinéma TNB

Exposition de calligraphies, ateliers de calligraphie et de gravure "Ardimoitou", en janvier 1998 au Centre culturel Colombier

Concerts de musique japonaise les 24 et 25 janvier 1998 avec l'Orchestre de Bretagne

Concours de cuisine japonaise le 31 janvier 1998 avec l'Association Bretagne Japon

"Travelling Tokyo" du 26 janvier au 3 février 1998 avec l'association Clair Obscur de l'université de Rennes 2

Exposition "Tokyo vu par les étudiants", en janvier 98 à l'université de Rennes 2

Exposition "Clins d'œil au Japon", en mars 98 à la Maison Internationale de Rennes

Exposition sur l'architecture japonaise, en février et mars 98 avec l'association Maison et Jardin

En engageant un styliste japonais,

Armor Lux la bretonne a su s'ouvrir le marché du soleil levant.

(photo Armor Lux/D.R)

Comme un cheval de Troie

"Zucca vient tous les 3 mois en France : il passe nous donner ses croquis, et 3 semaines après, quelqu'un va au Japon lui soumettre les premiers prototypes. Enfin 3 mois plus tard, il revient valider définitivement le produit. Cette association m'a permis d'entrer au Japon, grâce au renom de Zucca. Un peu comme un cheval de Troie ! En fait, c'est une façon de pénétrer leur marché de façon partenariale, comme ils l'aiment. Du coup, nous sommes passé de 0 à 12 MF de chiffre d'affaires (CA) au Japon en 3 ans, tandis que l'effet Zucca

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