La Place Des Pays émergents Dans L'économie Mondiale

La place des pays émergents dans l’économie mondiale

Lorsque, de retour d’un voyage en Asie, Alain Peyrefitte (écrivain et ministre de la Justice sous la présidence de V. Giscard d’Estaing) publia en 1973 son ouvrage intitulé Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera, il fut incontestablement visionnaire. En effet, ce pays a connu depuis les années 1990 un fort développement économique et social, et impressionne de plus en plus les pays dits développés (PD). Mais il n’est pas le seul à avoir connu pareille évolution ces dernières années, et ce d’autant plus que l’économie a continué de se globaliser tant sur le plan de la production et de la consommation que sur le plan financier. La Chine forme donc avec d’autres ce que, depuis les années 1980, on appelle les pays émergents pour les distinguer des pays sous-développés (aujourd’hui appelés les moins avancés). Plus précisément, ce sont ceux dont le PIB par habitant est inférieur à celui des pays développés, mais qui connaissent une croissance économique rapide, et dont le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent vers ceux des pays développés. Bien sûr, la liste des pays auxquels s'applique ce terme varie selon les sources et selon les époques : Singapour, la Corée du sud et Taiwan en ont longtemps été les symboles, mais sont aujourd’hui des pays développés. L’acronyme BRIC désigne actuellement les quatre principaux pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine), mais il existe des variantes, dont BRICM avec l’ajout du Mexique, BRICS avec l’Afrique du Sud ou BRICI avec l’Indonésie. A des degrés divers, on peut aussi y intégrer la Pologne et d’autres pays d’Europe de l’est, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, les Philippines, la Turquie, l’Egypte, l’Arabie saoudite et d’autres pays du Moyen Orient, le Liban, l’Iran, le Chili, ou encore l’Argentine qui fut un PD et qui est en voie d’y retrouver sa place.

Quoiqu’il en soit de leur nombre exact, ces pays ont actuellement un rôle dans l’économie mondiale qui est de plus en plus important (I), même s’il faut le relativiser quelque peu (II), car ils ne font pas encore partie des PD. L’intérêt du sujet est donc de bien évaluer la place qu’occupent à ce jour ces économies émergentes dans le système mondial.

I – Un rôle des pays émergents dans l’économie mondiale de plus en plus important

Les pays émergents (PE) sont aujourd’hui d’incontournables acteurs du commerce mondial (A). Et, du fait leur exceptionnelle dynamisme économique, ils sont devenus des moteurs de la croissance économique du monde (B).

A. Les pays émergents, nouveaux acteurs du commerce mondial

Il est un fait que les pays émergents ont su s’intégrer dans le commerce mondial, et ce de manière positive, car leurs balances commerciales sont en général largement excédentaires. Alors que jusque-là les exportations de produits à faible valeur ajoutée prédominaient, en raison de leur faible coût de main d’œuvre, les exportations de produits à plus forte valeur ajoutée sont en augmentation grâce à leurs investissements dans l’éducation qui ont permis une nette amélioration du capital humain. Sur le plan diplomatique, ils ont su conditionner leurs achats de produits des PD à des transferts de technologie (exemple : achat de TGV et Airbus par la Chine contre transfert de technologies et implantation locale d’usines pour acquérir aussi des savoir-faire). De même, en contrepartie de leurs fortes exportations, les économies émergentes ont ouvert leurs marchés aux PD afin de se procurer des matières premières, des biens d’équipement pour soutenir leur développement (machines-outils venues d’Allemagne notamment) et des biens alimentaires pour satisfaire la demande accrue de la population du fait de l’amélioration du niveau de vie.

B. Les pays émergents, moteur de la croissance mondiale

Depuis dix ans, la croissance économique des PE est beaucoup plus forte que celle du reste du monde : 6, 5 % par an en moyenne contre 3, 5 %, et même 1, 5 % pour les PD. Leur vitalité économique a donc dopé la croissance mondiale. Et certains PE sont en phase de rattrapage des pays les plus avancés avec une croissance avoisinant certaines années les deux chiffres. La crise a toutefois sensiblement réduit ces taux exceptionnels. Depuis quelques années, de nouvelles FMN en provenance des PE sont apparues sur la scène économique mondiale, telles les sociétés indiennes Mittal (sidérurgie), Ranbaxy (pharmacie), TCS (logiciels), Infosys et Wipro (services informatiques), ONGC (pétrole) et Tata (automobiles et camions), les chinoises Cnool (énergie), Blue Star (chimie), Saic (automobile), Haier et Galanz (biens de consommation), Lenovo, ZTE et Huawei (télécoms et logiciels), AS Watson (cosmétiques), les brésiliennes Sinopec (pétrole), CVRD (mines), Baostell et Aluminium corp. (métallurgie), la Hongkongaise Hutchinson (télécoms et ports), la russe Gazprom (énergie), la mexicaine Cemex (ciment), la turque Sabanci (nylon) ou encore la chilienne Codeco (cuivre).

Ce phénomène

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