Etude de cas Analyse économique

1. Comment Piketty conçoit-il la croissance et ses effets sociaux ? Dans votre réponse, vous évoquerez les « illusions » auxquelles il entend répondre.

        Piketty a une vision relativement différente de la croissance  par rapport aux économistes ou encore aux hommes politiques. Cependant, comme son analyse et sa conception de la croissance repose sur des faits historiques et des bases de données qui s'étendent sur plusieurs années, son travail ne peut qu'être apprécié.

Quel est alors, la conception de la croissance pour Piketty? Nous nous intéresserons aussi aux répercutions sociales de l'évolution de la croissance.

         Avant tout , il est important de préciser que la croissance économique peut avoir de multiple effets. Et que, dans le cadre d'une analyse des effets sociaux de la croissance notamment vis-à-vis de la répartition des richesses, ces effets peuvent se caractériser un 2 forces. Une force convergente qui tend vers une réduction des inégalités et une force divergente qui accroît la disparité des richesses.

        Pour Piketty, contrairement à ce que prônent les politiques actuelles, un taux de croissance économique annuel de l'ordre de 3-4% ne peut être soutenable. En effet, comme l'ont montré les expériences du passé, un taux de croissance supérieur à 1% ne concerne que des pays en situation de rattrapage économique. Cela a été notamment le cas de la France durant les « 30 Glorieuses » car  après la guerre, la France devait se reconstruire et de plus, avait un retard de croissance vis-à-vis des État-Unis (qui ont étés moins touchés par la guerre). De ce fait il est plausible qui nous nous dirigions vers un retour probable à un taux de croissance d'environ 1%.

        Un taux de croissance préférable serait donc un taux de l'ordre de 1%.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, un taux de croissance de cet ordre ne signifie pas une situation de stagnation mais à une situation de croissance soutenue si l'on base l'analyse sur une très longue période. En effet, Piketty se base sur la loi de la croissance cumulée pour appuyer son raisonnement. Cela signifie '' qu'une croissance annuelle faible cumulée sur une très longue période conduit à une progression considérable '' (p128). Par exemple, un taux de croissance démographique de l'ordre de 1% par an cumulé sur 30 ans représente une progression d'environ 35%. Avec cette loi, il y aurai une baisse des inégalités des richesses par rapport au revenu puisque il y aurai un perpétuel renouvellement des classes sociales et donc une facilité d'ascension sociale. De plus, comme la société se modifie fortement avec un tel taux de croissance, les inégalités patrimoniales perdent de leur ampleur l'épargne et le revenu se développent plus intensément, ainsi ce que les individus acquiert au cours d'une vie a beaucoup plus de valeur que ce qu'on acquis leur ancêtres.

        On peut aussi appliquer la loi de la croissance cumulée au rendement du capital. En effet, la loi des rendements cumulés où ''un taux de rendement annuel du capital de quelques pourcents, cumulé sur plusieurs décennies, conduit mécaniquement à une progression très forte du capital initial''(p131). Dans une situation au le taux de rendement du capital est sensiblement supérieur au taux de croissance économique, et que cette situation se maintient sur une très longue période, on peut considérer que l'on est face à une force divergente qui tend vers une inégalité des richesses.

        La situation précédente n'est évidemment pas le seul cas où la croissance peut avoir un effet de divergence vis-à-vis de la répartition des richesses. En effet, une situation où il y a une stagnation de la croissance, entraînerais un phénomène de reproduction des classes de génération en génération, ce qui fragiliserais la conception d'un système méritocratique. Ce n'est pas pour autant que l'idée d'un taux de croissance de 1% par an supposé par Piketty entraînerais une situation d'égalité parfaite. En effet, même si cette situation créera  de nouveaux secteurs d'activité, ces nouveaux secteurs verraient leur croissance décuplée ce qui permettrais donc à certains individus de bâtir leur fortune très rapidement, remettant ainsi le système classique méritocratique. La composante démographique des pays peut aussi avoir des effets divergents dans la répartition des richesses. En effet, une stagnation de la croissance démographique donnerais plus d'importance au patrimoine issu du passé, limitant ainsi l'impact de la croissance économique d'un pays.

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