Crises et fluctuations
Cours : Crises et fluctuations. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Claudia Baxmann • 30 Novembre 2015 • Cours • 26 454 Mots (106 Pages) • 969 Vues
CHAPITRE 11: CRISES ET FLUCTUATIONS
INTRODUCTION
La révolution industrielle a lancé les économies ouest-européennes et l’Amérique du nord sur le chemin de la croissance économique et son étude historique renvoie inéluctablement au devenir de la croissance. Il est alors difficile d’imaginer l’absence de tout mouvement autour d’une tendance. Si l’étude de la tendance relève de l’examen des transformations de l’appareil productif, des formes de concurrence et de la concentration des entreprises, celle du mouvement fait émerger les notions de crises et de fluctuations. Pendant longtemps, le sujet de prédilection a été la crise en tant qu’accident plus ou moins aléatoire, mais leur récursivité a conduit les économistes à considérer que cet « accident » ne pouvait être indépendant de ce qui précède et de ce qui suit. La crise n’est alors qu’un moment du cycle. On parle alors de fluctuations économiques pour désigner la prise en compte du caractère périodique de l’activité économique.
Parmi les nombreuses crises qui ont agité le dix-neuvième siècle (1810, 1818, 1825, 1837, 1847, 1857, 1875, 1882, 1890) et la première moitié du vingtième (1900, 1907, 1929), peut-on effectuer une distinction entre celles qui relèvent encore de l’activité agricole et celles qui sont caractéristiques de l’ère industrielle ? Les économies n’auraient-elles pas, en effet, les crises de leurs structures pour reprendre une expression de l’historien français Ernest Labrousse (1895-1988) ? Le terme de crise peut aussi désigner une période relativement longue de ralentissement de l’activité économique comme celles de 1873 et de 1929. Sans, doute est-ce en ce sens qu’elles méritent le qualificatif de « grandes crises ». Le terme de crise utilisé pour marquer l’entrée dans la croissance molle du milieu des années 1970, ne saurait masquer son atypisme. Si la crise n’est qu’un moment du cycle, en gardant à l’esprit que « les mouvements réels des variables économiques ne reproduisent que de très loin la perfection mathématique», elle n’est plus qu’un incident pathologique dans un processus physiologique. Peut-on alors identifier plusieurs cycles de l’activité économique selon la période qui les met en mouvement ? Les « trente glorieuses » ont été le théâtre d’une croissance que l’on pensait durable. Ont-elles frappé d’obsolescence la pensée cyclique en la remisant au musée de l’histoire économique ? Les « trente piteuses » n’ont-elles pas contribué, en mettant le keynésianisme et son volontarisme de court terme à distance, au retour du cycle dans la pensée économique ? Quand on tente d’évaluer le statut de la crise dans les théories économiques, ne doit-on pas remarquer que les théories nouvelles s’imposent comme théories dominantes sur les décombres des théories passées ?
Après une partie, relativement factuelle, consacrée à la description des principales crises du dix-neuvième et du vingtième siècle (I), il conviendra de les replacer dans un contexte plus général de cycles (II) avant de montrer que les théories de la crise et des cycles sont aussi des crises des théories (III).
I. LES CRISES DEPUIS LE MILIEU DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE
Au dix-neuvième siècle, avec le développement de l’industrie, les crises économiques changent de forme. Elles perdent progressivement leur caractère agricole pour laisser la place à des crises industrielles. Comment les distinguer ? Parmi les crises de l’ère industrielle, celles de 1873 et de 1929 apparaissent d’une importance particulière. Pour quelles raisons ? À la suite du premier choc pétrolier on parle de retour de la crise, on hésite entre les termes crise et récession pour la qualifier, on cherche à la comparer à celle de 1929. En quoi peut-elle être considérée comme atypique ? Plus près de nous, la « grande récession » de 2008 annonce-t- elle la mise en péril des systèmes financiers ?
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