Rin2013 tn1 Conciliation emploi-famille et temps de travail

LA RELATION ENTRE EMPLOI ET FAMILLE ET SON ÉVOLUTION 

Une relation d’interdépendance s’est créée entre la famille et le travail. À première vue, notre emploi et notre famille peuvent être considérés comme deux sphères complètement indépendante l’une de l’autre. Cependant, comment ne pas négliger le temps passer avec sa famille lorsque nous devons travailler pour la faire vivre? Peut-on aspirer à une promotion, renforcir son estime de soi et le sentiment d’accomplissement au travail lorsque nous devons consacrer plus de temps aux membres de notre famille? L’évolution de la famille a des impacts directs sur le travail.

Les répercussions négatives sont suscitées par le conflit entre les heures de travail et le temps que l’on aimerait attribuer à sa famille (Tremblay, 2019, p.13). De là, peuvent en découler des problèmes relationnels, une animosité face au travail ou même des problèmes de santé. Pour l’employeur, le taux d’absentéisme suscite des pertes monétaires. La gestion des carrières, le recrutement et la rétention du personnel se voient affectés. Ces exemples démontrent qu’il existe bien un rapport conflictuel généré par cette relation d’interdépendance.

Au cours des dernières années, cette relation a beaucoup évolué et s’est transformée en prenant compte du contexte social et des valeurs qui sont constamment en évolution.

Trois stades historiques se dégagent de cette transformation. Le premier est la période de l’agriculture et de la première industrialisation. Elle est caractérisée par une famille de type patriarcal qui comporte de nombreux enfants. Généralement, chacun des membres participe au travail qui s’exerce souvent à l’intérieur du milieu familial.

Le deuxième stade est le déclin de l’agriculture, l’industrialisation massive et la généralisation du salariat. Le salaire principal est rapporté par l’homme tandis que la femme s’occupe la plupart du temps des enfants et des tâches domestiques. C’est pourquoi la famille est décrite comme de type conjugal.  Une des caractéristiques de cette période est la diminution du taux de fécondité.

Enfin, la troisième période est celle de la restructuration industrielle et de la tertiarisation qui est marquée par l’entrée massive des femmes sur le marché du travail. La déstandardisation des emplois et des horaires sont l’une des distinctions de ce stade historique. (Tremblay, 2019, p.14). Les modèles familiaux évoluent avec les familles recomposées et monoparentales puis la faible tendance aux grandes familles s’accentue.

LES PRINCIPAUX FACTEURS ACCENTUANT LA PROBLÉMATIQUE DE L’ARTICULATION EMPLOI-FAMILLE

Deux des principaux facteurs qui contribuent à accentuer les difficultés des parents est les mutations dans les familles et l’augmentation des femmes en emploi. Le temps où la société patriarcale était enracinée dans la majorité des familles est maintenant révolu. Statistique Canada a démontré qu’entre 1976 et 2015, la proportion des familles à deux revenus avait presque doublé (Tremblay, 2019, p.34).

Au cours des dernières années, le profil des familles a beaucoup changé. Il y a eu un accroissement des familles monoparentales mais aussi une diversification des modèles familiaux. La présence d’enfants agit de différentes façons dans le couple. La femme va chercher à donner de son temps à sa famille tandis que l’homme va plutôt penser à subvenir aux besoins financiers de celle-ci (Tremblay, 2019, p.112). Ainsi, la représentation des femmes à des postes de cadres sera inférieur à celle des hommes. Chez les femmes, le taux d’emploi est inversement proportionnel aux nombres d’enfants. C’est-à-dire que plus il y a d’enfants, plus le taux d’emploi diminue. L’âge du plus jeune enfant est un facteur déterminant dans cette problématique. Le taux d’emploi tend à augmenter avec son âge. Selon les données tirées de Statistique Canada (2017), le taux d’emploi au Québec, entre 1976 et 2016, était de 84,2 pour les parents dont l’âge du plus jeune enfant était de moins de 6 ans, tandis qu’il était de 88,7 pour ceux dont l’enfant avait entre 18 et 24 ans (Tremblay, 2019, p.108).  La Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec soutient l’idée que la famille monoparentale vit de plus grands défis en termes de CTF. D’autant plus que le parent seul n’a pas le soutien du conjoint et vivra plus de stress.

Il n’est pas surprenant de constater que le vieillissement de la population a fait en sorte d’augmenter le nombre de travailleurs assumant un rôle de proche aidant. En revanche, la proportion des salariés devant prendre soin d’une personne dépendante, qu’elle soit âgée, malade ou handicapée, est plus élevée chez les femmes (Tremblay, 2019, p.55). C’est pourquoi la féminisation de la main d’œuvre a eu un tel impact sur les difficultés à concilier travail et famille.

De ce fait, la faible participation des pères aux responsabilités parentales et aux tâches familiales est un facteur qui contribue à accentuer les difficultés des parents dans un contexte de conciliation travail-famille. Malgré le fait que les hommes participent de plus en plus aux tâches domestiques, il n’en reste pas moins qu’il existe encore un écart entre la participation des femmes et celle des hommes dans la famille. Statistique Canada l’a bien démontré dans son enquête sociale générale de 2015 qui démontre que la moyenne quotidienne de temps consacré au travail non rémunéré est supérieure chez les femmes que chez les hommes. L’écart est flagrant chez les parents dont l’enfant le plus jeune est âgé de moins de 5 ans (3h56 pour les hommes et 5h20 pour les femmes).

Enfin, un des principaux facteurs qui intensifie l’importance du problème est le retard dans l’adaptation des services publics. Les familles ont de plus en plus de difficultés à trouver une garderie qui corresponde à leurs besoins. Les transformations dans le monde du travail qui imposent des horaires non standards, amènent les parents à rechercher des services de garde qui peuvent s’adapter à leur emploi du temps. Un parent vivant seul peut-il travailler de nuit lorsqu’il doit faire garder son enfant pendant son quart de travail mais également pendant ses heures de sommeil le jour? Personnellement, ce facteur est celui qui me préoccupe le plus. Travaillant comme policière et ayant un conjoint policier, nous nous avons des préoccupations en lien avec le fait de concilier nos horaires atypiques et la venue d’un futur enfant. N’ayant pas accès à l’aide des grands-parents, qui sont à plus de deux heures de route, cela ajoute un stress supplémentaire. Il faut penser à la possibilité de faire des heures supplémentaires obligatoires, de prolonger son quart de travail à la dernière minute suite à un appel prioritaie, de débuter notre quart de travail avant l’ouverture des services de garde et d’arrimer le tout avec l’horaire, souvent imposé, du conjoint.

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