Sida De Colette
Documents Gratuits : Sida De Colette. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 12 Novembre 2014 • 2 395 Mots (10 Pages) • 5 007 Vues
Discipline : français
Niveau : 1ère (séries générales)
Durée : 2 heures (temps de correction)
Objectif(s)
S’entraîner au commentaire composé d’un texte autobiographique
Analyser l’écriture lyrique et son rôle dans la démarche autobiographique
S’interroger sur les relations enfants/parents et sur les raisons d’écrire une autobiographie (On pourra confronter ce texte et un extrait de La place ou d’Une femme d’Annie Ernaux.)
Déroulement
Objet d’étude : le biographique (commentaire composé)
COLETTE, extrait de Sido (1930)
Colette évoque des souvenirs de son enfance auprès de sa mère, Sido.
Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demie, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.
A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps … J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion …
Ma mère me laissait partir, après m’avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or » ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, « chef d’œuvre », disait-elle. J’étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d’accord … Je l’étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu’à mon retour, et de ma supériorité d’enfant éveillée sur les autres enfants endormis.
Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d’avoir mangé mon saoul, pas avant d’avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l’eau de deux sources perdues, que je révérais. L’une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, qui traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L’autre source, presque invisible, froissait l’herbe comme un serpent, s’étalait secrète au centre d’un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe … Rien qu’à parler d’elles je souhaite que leur saveur m’emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j’emporte avec moi, cette gorgée imaginaire …
Proposition d’un plan détaillé pour le commentaire du texte :
Les souvenirs d’enfance ont une place essentielle dans les œuvres autobiographiques depuis les Confessions de Jean-Jacques Rousseau au 18ème siècle. C’est aussi ce dont témoigne Colette en 1930 lorsqu’elle écrit Sido, roman consacré à sa mère, qui lui a transmis l’émerveillement devant la nature. Dans un passage de cet ouvrage, l’auteure évoque les promenades qu’elle faisait seule à l’aube et restitue avec lyrisme le contact privilégié qu’elle entretenait avec la nature. C’est pourquoi nous étudierons dans un premier temps les différents aspects de la nature, pour montrer ensuite comment Colette l’associe à une figure maternelle, ce qui nous conduira enfin à interpréter ce passage comme étant une célébration de la création.
I/ Ce texte témoigne d’une adoration de la nature :
En effet, la Nature apparaît ds toute sa richesse, son immensité et ses secrets.
1/ richesse et immensité de la nature :
pluriel, énumération, variété des éléments naturels ( dimension terrestre, aquatique, végétale, de l’infiniment petit comme les fraises à l’infiniment grand comme les bois)
Surtout suggérée à travers les verbes de mouvement dessinant le parcours de la narratrice : « je m’en allais (…) vers des terres maraîchères » laisse imaginer un espace vaste et profond puisque la progression s’oriente vers ce qui est dissimulé, les petits fruits (l 4) ; la reprise de « j’allais » (l 8) sans complément de lieu connote aussi l’image d’un espace à parcourir à l’infini. De plus, la variété des types de mouvements indique la diversité des reliefs, et donc signifie l’étendue : « descendais », « partir », « courir », « décroître », « décrit un grand circuit ».
2/ Une célébration de la nature:
Par le registre lyrique, Colette laisse entendre le chant de la nature en même temps qu’elle lui rend hommage : le sentiment d’adoration, de vénération même est explicite à travers les hyperboles: « j’aimais tant l’aube », « je révérais ». Le rythme suggère bien les différentes sensations liées à la nature : la lenteur de la phrase sur l’effet du brouillard, les rythmes binaires qui célèbrent le lieu et le moment de l’aube (l 9), ou la beauté du mouvement de la source (« Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. »), la répétition de « pas avant » dans le dernier paragraphe suggère l’intensité du désir d’aller se ressourcer au sens propre comme au sens figuré. La richesse de la nature est exaltée par les énumérations de fruits, d’éléments naissants (l 10). Colette laisse aussi entendre par les sonorités son amour de la nature : l’assonance du son [ai] dans l’évocation du brouillard crée une atmosphère paisible, propice à ce bain maternel. De même la « convulsion » de l’une des sources s’amplifie grâce à l’allitération en [s] ( l 20, 21).
3/ nature pleine de secrets :
Impression
...