Fiche de lecture : Pierre et Jean, Maupassant

Fiche de lecture

Guy de Maupassant, Pierre et Jean (date d’écriture : 1887 ; parution : 1889)

1. Guy de Maupassant est né en 1850 dans la campagne normande. Sa mère dépressive et son frère Hervé souffrant de troubles nerveux sont morts de syphilis. Il a participé à la guerre franco-prussienne de 1870 où il occupait les postes d’intendance puis d’artillerie. Ses passions étaient la chasse, le canotage, les petits cafés populaires où l’on peut danser en plein air (guinguettes) et les femmes, qu’il collectionnait. Son père spirituel était Gustave Flaubert, un ami de sa mère, qui donna à Maupassant le goût de l’écriture. Son premier succès est  Boule de Suif, nouvelle publiée en 1880 dans un recueil d’écrivains naturalistes intitulé « Les Soirées de Médan ». Il a écrit huit romans dont deux laissés inachevés. Maupassant a nommé son yacht le « Bel-Ami » en souvenir du roman du même nom publié en 1885. Pendant ses dix dernières années de vie, il a aussi écrit environ trois cents nouvelles. Son style d’écriture est à mi-chemin entre le réalisme et le naturalisme : Maupassant ne « veut appartenir à aucune école », il définit par exemple l’écrivain réaliste comme un Illusionniste, qui, bien qu’il veut donner l’illusion du vrai, doit effectuer des choix. Dans ses dernières années de vie, Maupassant souffre de syphilis, une maladie mortelle qui tue peu à peu, attrapée dans sa jeunesse. En effet, il est pris d’hallucinations et de moments de folie et fait même une tentative de suicide avant d’être interné dans un hôpital de Paris, à la clinique du docteur Blanche. Il meurt de paralysie générale après dix-huit mois de quasi-totale inconscience, en 1893. Il est enterré au cimetière Montparnasse à Paris.

1. Monsieur et Madame Roland, d’anciens bijoutiers parisiens, se sont retirés au Havre afin de profiter de leurs rentes. Le roman s’ouvre sur une partie de pêche durant laquelle sont présents leurs fils, ayant tout juste fini leurs études, ainsi que la jeune veuve Madame Rosémilly, amie de Madame Roland. Mais voilà que le testament inattendu d’un ami de la famille, Léon Maréchal, défunt, fait explosé la rivalité latente des deux frères, Pierre, le brun, et Jean, le blond, à peine diplômés l’un en médecine et l’autre en droit. Pourquoi l’héritage va-t-il tout entier au placide Jean et non à Pierre le tourmenté ? A part Pierre, personne ne semble se poser cette question. Perdu, il mène une véritable enquête de vérité qui devient une obsession. Le portrait du défunt Maréchal confirme les soupçons de Pierre : derrière la façade de la mère parfaite, Madame Roland cache le secret d’avoir commis l’adultère. Une relation cruelle s’instaure alors entre Madame Roland, triste, consciente de son acte, et Pierre, déçu et jaloux, qui ne peut s’empêcher de lui faire endurer une torture morale. Alors que Jean, comblé, s’apprête à s’établir et à épouser Mme Rosémilly, Pierre, puis sa mère, lui révèlent ce secret. Jean fait preuve de compassion à l’égard de sa mère et dédommage Pierre en lui trouvant un poste de médecin sur le transatlantique La Lorraine : Pierre, le fils légitime, est définitivement exclus du cercle familial.

1. Pierre : 30 ans, brun, porte des favoris à la manière des magistrats, vient d’être reçu médecin après des études chaotiques, tourmenté, facilement irritable, anxieux, maigre, nerveux, fils légitime -> n’a aucune chance dans la vie

Jean : 25 ans, blond, calme, porte une barbe, réservé, a une tolérance appréciée de tous, gras, licencié en droit, fils illégitime -> « modèle »

        Pierre et Jean ont les mêmes goûts : ils veulent le même appartement, la même femme mais c’est toujours Jean qui triomphe. Ils sont antithétiques, et les rôles initiaux s’inversent : Pierre semble être un avocat avec son enquête minutieuse et ses indices ; Jean un médecin avec pour patiente Mme Roland, avec qui il bénéficie d’une protection et noue un attachement plus profond. Pierre est délaissé, exclus, tel un étranger

...