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Etude littéraire - Le chat botté, 1695

Commentaire d'oeuvre : Etude littéraire - Le chat botté, 1695. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  1 Septembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  4 497 Mots (18 Pages)  •  530 Vues

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        Le Maître Chat ou le chat botté fait partie du premier noyau des contes diffusé en 1695. La notice de l’édition au programme souligne l’ancienneté folklorique du thème de l’animal secourable, présent aussi chez D’Aulnoy, ainsi que l’existence de sources textuelles, notamment le modèle lafontainien. On peut souligner d’emblée l’ambivalence du titre : l’alternative autour de la conjonction suggère la possibilité de voir le récit de deux points de vue différents portés sur le héros, ou plutôt sur la figure animalière du héros affublé d’attributs anthropomorphes : selon son statut social, ou selon l’accessoire qui l’emblématise de façon énigmatique. Le perso, quoi qu’il en soit, trouve le succès par l’intelligence : esprit, audace, ingéniosité font la réussite sociale de ce chat qui semble suivre le parcours des héros picaresques. Le conte ici valorise la puissance de la fiction qui obtient le renversement maximal à partir des données initiales pauvres et aboutit à une conclusion pleine d’humour. C’est d’autant plus remarquable que la mise en scène d’un chat fabulateur ne laisse pas d’évoquer la figure du conteur lui-même. C’est ce qui explique ss doute l’insistance de Louis Marin (Politiques de la représentation, 2005) à souligner ds ce conte la question de la parole, et de la parole oralisée ds son rapport ac le pouvoir. Il s’agit d’opposer une oralité à une autre oralité : « parler » contre « manger » et pour « manger » ; Le Chat botté illustre crûment le fait que la loi du plus fort passe par le discours et sa puissance. De fait, la lecture de ce conte par L. Marin est très éclairante et permet de le problématiser puissamment :  Le principal personnage du conte, le Chat, apparaît comme le maître des mots ds ce sens particulier qu’il parle toujours et ment constamment et néanmoins à la fin ses mots trompeurs s’avèrent vrais. Tt ce qu’il a dit lorsqu’il a menti à ses interlocuteurs se révèle en fin de compte exactement ce qu’il avait prétendu.  Le procédé, soutenu par la féerie, consiste à donner à son emploi de la langue « le pouvoir de changer ses représentations, ses mots en choses réelles. » L’objet du conte est le « pouvoir du langage sur la réalité » et le pb spécifique qu’il soulève est de savoir : « cmt tirer un maximum d’un minimum ? » Il faut d’abord analyser le schéma du conte pr faire apparaître ces éléments. Un meunier laisse en héritage trois objets à ses trois fils : le moulin à l’aîné, l’âne au second, le chat au plus jeune : trois objets rangés selon un ordre de valeur décroissante en rapport ac l’ordre des âges. Cette procédure se réalise ss l’intervention d’hommes de loi comme le notaire : le conte met en scène la famille qui a ses propres règles. Les deux aînés peuvent, ac leurs biens, reconstituer une communauté sociale stable. Mais ce n’est pas le cas du plus jeune qui ne peut participer au processus social de production. Le début du conte le définit comme un individu situé en dehors de la communauté sociale, sur ses limites, ds une marginalité culturelle. Pour lui la question n’est pas de produire des biens mais de survivre. Il est aussi ds une situation de liberté absolue. Son premier projet est lié à la nourriture : il envisage de « manger son chat » ce qui, même au XVIIe, est assez transgressif, un chat domestique est culturellmt non mangeable souligne Marin qui ajoute « En fait la liberté du plus jeune fils sera réellement investie ds le langage. Le langage, ou mieux un certain usage du langage, sera l’instrument naturel de l’individu. » Au fur et à mesure de l’avancée du conte, « Les questions – que manger ? cmt survivre ? – st changées en une seule : cmt transformer la valeur d’usage linguistique en valeur d’usage économique et social ? » Il s’agit dc de problématiser le conte à partir de l’investissement ds le langage représenté par le chat (le modèle de La Fontaine est ici influent ss aucun doute, on peut parler d’hommage ou d’émulation). Le chat est le vrai héros, il est celui qui parle, tte son activité ds le conte consiste à parler, à communiquer avec les autres. Marin observe alors une sorte de scission ou de duplication du héros ds un principe passif, bénéficiaire des dons, des choses, et un principe actif qui les obtient. J’entends par principe actif un certain usage du langage. Ds le conte « le chat est un opérateur de  chgt » : « il différencie l’espace par un programme temporel ou mieux une stratégie » :  Cet usage se manifeste ds le conte par le fait que le chat anticipe toujours sur l’orientation de son maître vers un maximum culturel (social et économique). Tt se passe comme si l’arrivée de son maître ds un lieu actualisait ce que le chat venait tt juste de dire. Textuellmt parlant, le chat est le représentant des modalisations narratives (principalement de la modalité du désir) et son maître, le véhicule des affirmations narratives (ou de l’accomplissement de ses voeux).

I. Le récit d’une ascension sociale

1. Le chat aux expédients

L’habileté du chat permet au conte de se dvlper ac une gde rapidité : l’enchaînement des péripéties dépend en effet d’un travail sur le rythme qui dépend lui-m de l’activité du chat symétrique de la passivité du maître (p. 238 : « ss savoir à quoi cela serait bon »). La moralité souligne cette rapidité du conte : « si le fils d’un Meunier ac tt de vitesse, ; / Gagne le coeur d’une Princesse » (p. 243). À cette rapidité répond la densité du conte. Les procédés utilisés st égalmt d’une grde variété : ruse, secret, tours, adresse, patience, persévérance, courage permettent au chat de sauver littéralmt sa peau. La particularité de la focalisation (pt de vue externe) fait q le lecteur découvre le dessein du chat en même tps q le maître du chat. On observe aussi une alternance entre le récit singulatif et itératif à partir de la p. 238. Le hasard de la promenade (ou plutôt la décision du conteur) conduit le chat à montrer qu’il sait saisir le kairos, l’occasion qui se présente à lui : le jeu sur l’arbitraire du récit permet de manifester la réussite de celui qui ose l’opportunisme. Une 2e partie est ensuite + lente à partir de l’épisode de la rivière et la promenade. La 3e étape du récit enfin se déroule chez l’ogre, avt le château et ds le château, et permet l’acmé du récit, la confrontation au danger ds un défi dramatique, sorte de duel inégal, avt le dénouement acquis heureusemt.

2. Le gain narratif : du méfait aux bienfaits

La courbe narrative produit un renversemt spectaculaire du pire au meilleur sur le thème de savoir cmt faire sa fortune. C prqoi l’ensemble de la structure narrative se présente selon 1 gradation évidente : ainsi les dons au roi qui augmentent au fur et à mesure q le récit avance. Le fils du Meunier, au départ totalemt démuni, accumule les gains ac l’avancée du conte : à la fin il a obtenu les vêtements royaux, l’amour de la princesse (dt le caractère hyperboliqmt rapide est souligné par le conteur ac enjouemt), 1 statut social et des richesses correspondantes. Pr atteindre ce but, le chat organise autour de lui le réel comme 1 fiction : il enveloppe ts les protagonistes ds son scénario. On pourra commenter en ce sens le caractère régulier et répétitif des commentaires à la promenade qui ritualisent ce gain narratif transformant finalemt l’imaginaire en réel. A l’intérieur de chaq épisode, les efforts du chat st racontés selon 1 rythme ternaire qui souligne la gradation du succès :l’acquisition d1 propriété se fait ainsi par 3 épisodes rangés par ordre de valeur croissante : le foin, le blé, l’ensemble des biens de l’ogre qui ft l’objet d1 appropriation.

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