Dissertation Les Lettres Persanes

BIZET Méryl

1GA                                        DISSERTATION :

Barème :

Introduction /3 - Organisation des idées (plan, enchaînements) /3 - Argumentation /4 - Exemples /5 - Transition(s) /1 - Conclusion /2 - Rédaction /2 - Présentation (bonus)  /+1

Par quelle merveilleuse alchimie poétique, la banalité, voire la médiocrité, peut-elle se métamorphoser et donner naissance à une peinture idéale ?

           Le XIXe siècle est marqué par la modernité des poètes qui fondent le renouveau de la poésie, en remettant en cause la rigidité des règles de la versification. Par ailleurs,  un nouveau courant poétique apparait, le symbolisme. Charles Baudelaire fait partie de ce mouvement. En effet, après une enfance mouvementée et de nombreux voyages, le poète publie en 1861, après une première édition, son œuvre majeure, un recueil de poèmes intitulé Les Fleurs du mal. Quand Baudelaire, dans l’épilogue, écrit « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. », il développe le sens de l’oxymore du titre qu’il a choisi pour son recueil et met le lecteur sur la piste de la modernité. C’est pourquoi les poèmes contenus dans ce recueil traitent de deux grands thèmes, le Spleen et l’Idéal. Il arrive que dans Les Fleurs du mal, le tableau proposé par Baudelaire dégage une impression d'harmonie. Sa doctrine est l’art pour l’art, c’est un alchimiste qui aime sublimer. Pourtant, dans le titre du recueil ces deux idées sont déjà en opposition, l’image de la fleur correspond à l’idéal et le mal au spleen. Il y a donc une bipolarité dans les thèmes des poèmes. Ce qui nous amène à nous demander comment Baudelaire, dans ses poèmes, arrive à transformer la boue en or. Baudelaire n’hésite pas à faire à partir de choses banales de vraies œuvres d’art, que ce soit le thème principal du poème ou de simples évocations. Dans un premier temps nous verrons la matière poétique comme source d’inspiration dans l’alchimie poétique, puis nous nous pencherons sur le rapport entre la boue et l’or.

          Tout d’abord, le poète se fait alchimiste grâce à sa sensibilité poétique et à la magie du langage. La poésie est capable de transformer une matière vile comme la boue ou le plomb en or, pour en extraire la beauté du mal et la laideur. Pour cela, Baudelaire utilise de nombreux agents comme le vin, la mort ou encore, la femme et sa beauté, dans ses poèmes. Il joue sur les sonorités avec des registres lyrique et pathétique. L’alchimie a besoin d’un langage poétique que le poète trouve dans son idée de synesthésies comme dans le poème les « Correspondances », préfigurant le mouvement du symbolisme. Le poète avec les synesthésies et les correspondances entre les sens, déchiffre un monde avec un œil nouveau, comme un alchimiste décomposerait les éléments de la matière pour créer de l’or. Les éléments centraux de certains poèmes veulent atteindre le même but comme dans « Les Phares » où il y a un rappel d’éléments marins avec « vague », « la mer dans la mer », « glaciers », qui font penser au voyage comme dans « Le Serpent qui danse » avec « bord sur bord », « plonge », « l’eau », « flot », « navire ». Le poète aime jouer sur les mots, les phares éclairent les hommes ou la mer, on ne peut réellement savoir. L’alchimie est la métaphore de la création du poète dans son œuvre. En effet, Baudelaire place la beauté du côté de l’artifice et non de la nature, c’est donc une construction comme dans « Le Masque » où Baudelaire décrit un visage faux, cachant la réalité derrière un masque, « ce n’est qu’un masque, un décor suborneur », « la véritable tête, et la sincère face Renversée à l’abri de la face qui ment ».

...