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Analyse de la tragédie Andromaque de Jean Racine

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Par   •  13 Janvier 2013  •  Commentaire de texte  •  7 287 Mots (30 Pages)  •  1 731 Vues

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André Durand présente

‘’Andromaque’’

(1667)

Tragédie en cinq actes et en vers de Jean RACINE

pour laquelle on trouve un résumé

puis successivement l’examen de :

les so

vers 662-663 : «Elle est veuve d’Hector, et je suis fils d’Achille :

Trop de haine sépare Andromaque et Pyrrhus.»

Racine donna à chacun de ses personnages le langage qui lui convient : Pylade parle tantôt en ambassadeur, tantôt en ami fidèle ; Pyrrhus en amoureux plus souvent qu'en roi ; Oreste en victime désignée par une fatalité dont I'amour n'est qu'une des multiples formes ; Hermione en princesse impérieuse et passionnée ; Andromaque en veuve et en mère affligée.

La syntaxe

On remarque des usages propres à la langue du XVIIe siècle :

- Des constructions latines subsistaient : «tant de tourments soufferts» (vers 31) - «se sont bien exercés» (vers 315) - «mon sang prodigué» (vers 494) - «le prix d’un tyran opprimé» (vers 1191).

- L’accord du participe employé comme verbe était admis : «leurs vaisseaux brûlants» (vers 842) - «la veuve d’Hector pleurante» (vers 860) - «palais brûlants» (vers 1000) - «Pleurante après son char» (vers 1329) - «expirante à sa vue» (vers 1334).

- Un verbe pouvait avoir deux compléments de nature différente.

- «L’œil qu’il me voit» (vers 463) pour «avec lequel il me voit» était une tournure habituelle au XVIIe siècle.

- On construisait avec la préposition «de» des verbes construits aujourd’hui avec la préposition «à» : «forcer de» (vers 443, 535) - «consentir de» (vers 1344) - «se résoudre de» (vers 1584), ou avec lla préposition «par» : «être combattu de» (vers 1463).

- Le pronom personnel complément était placé devant le verbe : «Il la viendra presser» (vers 128) - «on les veut brouiller» (vers 139) - «et lui montrez» (vers 135) - «je l’allais quitter» (vers 812) - «il vous faudrait peut-être / Prodiguer» (vers 1325).

- On trouve «maître de soi» (vers 1323), alors que nous dirions aujourd’hui : «maître de lui».

- Une construction avec l’auxiliaire «être» fut relevée par Littré chez Racine seulement : «Quelque Troyen vous est-il échappé?» (vers 268).

- Sont fréquentes les anacoluthes, ruptures dans la construction d’une phrase, que la langue d’aujourd’hui ne se permet plus :

- «Captive, toujours triste, importune à moi-même,

Pouvez-vous souhaiter qu'Andromaque vous aime?» (vers 301-302) ;

- «par ce conseil prudent et rigoureux, / C’est acheter la paix» (vers 615-616) ;

- «et, toujours plus farouche, / Cent fois le nom d’Hector» (vers 649-650) ;

- Intrépide, et partout suivi de la victoire,

Charmant, fidèle enfin, rien ne manque à sa gloire.» (vers 853-854) ;

- «en lui laissant mon fils, c’est l’estimer assez.» (vers 1112) ;

- «Rechercher une Grecque, amant d’une Troyenne» (vers 1318) : «alors que vous êtes l’amant».

- «Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle?» (vers 1365), «si tu avais été fidèle», la beauté de cette ellipse ou anacoluthe ayant été souvent, à juste titre, soulignée ; cette forme ramassée exprime mieux que ne l’eût fait une longue phrase. et d’une manière beaucoup plus pathétique la douloureuse nostalgie que ressent Hermione.

- «sans changer de face / Il semblait que ma vue excitât son audace» (vers 1501-1502) : «sans qu’il change de face».

- «Pourquoi l'assassiner? Qu'a-t-il fait? À quel titre?

Qui te l'a dit?» (vers 1542-1543)

Ces vers où frémit la colère d’Hermione furent commentés par Proust, qui montra que le charme qu'on a l'habitude de leur trouver vient précisément de ce que le lien habituel de la syntaxe est volontairement rompu. «À quel titre?» se rapporte, non pas à «Qu'a-t-il fait?» qui le précède immédiatement, mais à «Pourquoi l'assassiner?» Et «Qui te l'a dit?» se rapporte aussi à «assassiner». On peut, se rappelant un autre vers : «Qui vous l'a dit, Seigneur, qu'il me méprise?» (vers 550) supposer que «Qui te l'a dit?» est pour «Qui te l'a dit, de l'assassiner?». Ces zigzags de l'expression ne manquent pas d'obscurcir un peu le sens, et une grande actrice se montra plus soucieuse de la clarté du discours que de l'exactitude de la prosodie en disant carrément : «Pourquoi l'assassiner? À quel titre? Qu'a-t-il fait?».

Si le texte présente ces anacoluthes, d’une façon générale, les phrases que Racine mit dans la bouche des Grecs du temps d'Homère paraissent simples, voire banales. Elles sont toujours, pour ses auditeurs, vraisemblables. Cette simplicité qui, dans un autre contexte, paraîtrait sinon artificielle, au moins apprêtée, se dégage d'une structure de discours si richement tramée que le contraste fait briller de leur pure lumière ou de leur cruel éclat ces moments choisis.

Le dramaturge rejeta toute rhétorique, ayant compris que des périodes oratoires, des effets d’éloquence, détonneraient dans la bouche de ses héros, et pourraient même devenir ridicules.

Les styles

On trouve assez fréquemment chez Racine, qui répugna à I'enflure dont Corneille ne fut pas toujours exempt,

- des tournures familières : «Que veux-tu?» (vers 771) ;

- la brutalité en à-plat du style coupé (vers 1495, 1525, 1543, 1561-1563) ;

- des stichomythies (successions

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