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Le ravissement de Lol V. Stein

Commentaire de texte : Le ravissement de Lol V. Stein. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  1 968 Mots (8 Pages)  •  147 Vues

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La scène étudiée représente un évènement perturbateur dans le récit, car c’est la première scène comportant une relation sexuelle entre deux personnages dans Le Ravissement de Lol V. Stein, et plus précisément entre Tatiana Karl et Jack Hold, préalablement suivis par Lol. C’est lors de cette scène que Duras montre le désir féminin sous un nouveau jour, en montrant grâce à des procédés théâtraux ainsi que cinématographiques des femmes au désir non sexualisé. La scène est perçue par Lol comme si elle était en réalité actée sur une scène de théâtre, ou bien se déroulerait sur un écran de cinéma. La focalisation est brouillée, on ne sait s’il s’agit de la focalisation interne de Jack Hold, de Lol, ou bien d’une focalisation externe. La narration de la scène reste succincte, car Lol ne peut observer la scène à sa guise, entravée par les procédés techniques employés dans le passage. Nous verrons donc comment Duras déconstruit la narration traditionnelle au moyen de différents types de plan afin de développer le regard du lecteur sur le désir féminin. Deux mouvements sont à l’œuvre dans ce texte. C’est d’abord, des lignes 1 à 36, par la perception de Lol principalement, par son regard, que la scène se déroule. Tatiana Karl et Jack Hold sont admirés, observés, par la fenêtre à laquelle Lol a accès. Mais la scène reste énigmatique, certaines choses échappent tout de même à Lol. Duras montre sa volonté de ne pas sexualiser le corps de la femme, ici Tatiana, et de ne pas faire de son enveloppe corporelle la source de toutes les descriptions, le sujet principal du texte. Puis des lignes 37 à la fin, ce passage est également marqué par un changement de la voix narrative : Jack Hold intervient dans cette scène en tant que narrateur-personnage se souvenant de cette scène intime, bien qu’il mette une distance entre son identité de personnage et son identité de narrateur dans le passage dont il se remémore les détails.

Premier mouvement :

Ligne 1 à 2 : la phrase a une valeur de script ou de didascalie, elle donne à voir le contexte de la scène qui possède des caractéristiques théâtrales par sa précision temporelle. L’effet de didascalie est accentué par l’asyndète entre les deux phrases qui montre l’importance de la contextualisation spatiale dans le texte.

Ligne 3 à 5 : « L’ombre de l’homme passe à travers le rectangle de lumière » : le substantif « ombre » peut être une référence au théâtre d’ombres, très populaire notamment en Asie. Duras peut donc faire un lien entre le théâtre qui s’opère dans son roman à son enfance dans les colonies, rappelant toujours ce topos durassien de l’Asie du Sud. De plus, « le rectangle de lumière » renvoie à une dimension cinématographique voire télévisée, car cela peut renvoyer à un écran lumineux, à un écran de projection. Ainsi, Duras associe la dimension théâtrale à celle cinématographique dans son récit, afin de mieux réinventer le texte qu’elle écrit. De plus, la phrase nominale « Une première fois, puis une deuxième fois, en sens inverse » a une valeur de didascalie, qui permet de dynamiser la description des actions de Jack Hold, comme au théâtre.

Ligne 6 à 8 : De plus, Duras joue sur la technicité propre au cinéma et au théâtre par une accentuation sur la valeur de la lumière, qui assure un rôle fondamental dans toute représentation théâtrale ou scène cinématographique. Les choses deviennent plus crues dans la pièce où se trouvent Jack et Tatiana, la scène qui se déroule ne concerne plus seulement les acteurs dans la pièce mais également son public, qu’ils en soient conscients ou non, car la lumière au plafond éclaire également la vision de Lol sur la scène qui se déroule devant ses yeux.

Ligne 9 à 10 : Tatiana est la seule des personnes présentes dans la pièce à être nommée, elle est la seule figure pour Lol à ne pas être totalement obscure, en opposition à « l’ombre de l’homme » précédemment étudié, qui représente un flou procuré par l’anonymat à ce moment-là de Jack Hold pour Lol. Il y a une sorte de refus du portrait du corps nu de Tatiana, décrit dans son entièreté que par « nue dans sa chevelure noire ». L’attention est portée sur les cheveux de Tatiana, un symbole de séduction. Tatiana se drape donc dans son unique désir. De plus, l’action reste toujours très théâtralisée, par un adverbe à valeur de didascalie ou de script.

Ligne 11 à 13 : L’adverbe de possibilité « peut-être » marque la subjectivité de la narration et la présence d’une focalisation interne. Le rappel du « rectangle de vision » fait écho à l’autre type de rectangle précédemment mentionné. La vision de Lol est tronquée, elle se réduit au cadre de la fenêtre de la chambre d’hôtel. La perception de Tatiana qu’elle a donc n’est pas entière, seulement réduite à ce qu’elle a la capacité de percevoir. La phrase suivante a de nouveau une valeur de didascalie ou de script, le présent d’énonciation n’introduisant aucune information autre que spatiale et donc propre à la mise en forme de la scène dans l’espace.

Ligne 14 à 15 : « buste coupé à la hauteur du ventre » renvoie à l’utilisation par Duras d’un plan américain, que l’on retrouve au cinéma. Ce procédé montre que la vision du personnage est tronquée, qu’elle ne peut détenir l’entière vérité de la scène, car une partie lui est cachée. Ce plan américain rend également la scène plus picturale.

Ligne 16 à 17 : Le personnage de Tatiana se caractérise par ses cheveux, et non son corps dénudé comme il serait attendu dans la littérature romanesque masculine. Duras refuse le portrait, la description sexualisant le corps de la femme. « La fin de la chevelure », comme les cheveux sont signe de séduction et donc de désir, montre que Lol n’est pas consciente des tenants et

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